Vigilante movie carré, Entre la vie et la mort bénéficie de son cadre belge et d’acteurs de premier ordre pour livrer une vision sombre de l’existence. Efficace à défaut d’être pleinement original.
Synopsis : Leo Castaneda est espagnol, il vit à Bruxelles, où il conduit les métros de la ligne 6. Un soir, il croise le regard d’un jeune homme au bord du quai. Des yeux fiévreux de détresse, un visage familier… Leo reconnait son fils Hugo, lorsque celui-ci disparait tragiquement sur les rails ! Leo qui ne l’avait pas revu depuis plus de deux ans, va découvrir qu’Hugo était impliqué dans un braquage sanglant. Il va devoir affronter de violents criminels pour tenter de comprendre les raisons de la mort de son fils.
Un polar européen à la construction narrative intéressante
Critique : Cela faisait maintenant vingt ans que le réalisateur Giordano Gederlini n’avait pas donné de ses nouvelles après le très décevant Samouraïs (2002). Depuis, l’homme a tourné un téléfilm et quelques courts-métrages, mais s’est surtout illustré en tant que scénariste pour des films réussis comme Duelles (Masset-Depasse, 2018) et surtout Les misérables (Ly, 2019). De quoi lui permettre de revenir derrière la caméra avec un polar noir produit et tourné en Belgique et intitulé Entre la vie et la mort.
A partir d’une idée originale, Gederlini a développé un script fondé sur une intrigue classique, mais qu’il présente de manière assez audacieuse. Effectivement, l’auteur a sans doute eu conscience de la banalité de son ressort dramatique et a donc opté pour une présentation différente. Ainsi, dans Entre la vie et la mort, le spectateur n’est alerté des liens qui existent entre les personnages que tardivement dans la narration. Ainsi, les moments qui apparaissent un peu étranges de prime abord finissent par trouver une explication rationnelle plusieurs scènes plus tard. On a ainsi le sentiment que l’ensemble est construit à l’envers, de façon à préserver le suspense et surtout une forme de mystère et donc de tension.
Antonio de la Torre mène le bal avec maestria
On apprendra ainsi peu à peu le passé de cet homme d’origine espagnole – excellent Antonio de la Torre en mode mutique – qui vit en Belgique. Grâce à des personnages annexes, le spectateur comprendra petit à petit les raisons de son exil, ainsi que son histoire personnelle tragique. Alors qu’il ressemble davantage à un zombi (d’où le titre, très juste) qu’à un être vivant, la vengeance va réactiver la machine de guerre qui sommeille en lui. Dès lors, Antonio de la Torre se transforme en un ersatz de Liam Neeson. Précisons d’ailleurs que l’acteur espagnol a tenu à effectuer lui-même ses cascades afin d’être le plus crédible possible. De même, le comédien n’a pas été doublé alors qu’il ne parlait pas un mot de français. A l’aide d’un coach, de la Torre a donc joué son personnage en phonétique, ce qui est particulièrement impressionnant car on le comprend parfaitement.
A côté de l’intrigue qui ressemble à celle d’un vigilante movie, Gederlini a ajouté un fil rouge secondaire en suivant les pas des policiers qui tentent d’arrêter cet homme devenu ivre de vengeance. Marine Vacth s’avère plutôt crédible en policière, tandis qu’Olivier Gourmet n’a plus rien à prouver dans un rôle de commissaire autoritaire. Les acteurs font donc bonne figure au cœur de ce thriller tendu qui intéresse tout au long de la projection, même si son histoire s’avère finalement assez banale.
Bruxelles, personnage secondaire, mais essentiel
La réalisation de Gederlini est tout à fait correcte, avec une bonne gestion des scènes d’affrontement et d’action, tandis que le cadre de la ville de Bruxelles est particulièrement bien mis en valeur. Il est aidé en cela par la musique électronique de Laurent Garnier qui sait être efficace quand il le faut. Finalement, Entre la vie et la mort est un pur film noir, avec des personnages cabossés par la vie, une vision très sombre de l’existence et une ambiance dramatique bien menée. Il lui manque peut-être un semblant d’originalité dans le traitement des personnages qui pourrait le distinguer de la masse de ce type de divertissement. Il s’agit en tout cas d’une bonne pioche pour les amateurs de thriller européen carré et efficace.
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 29 juin 2022
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Giordano Gederlini, Antonio de la Torre, Olivier Gourmet, Marine Vacth, Tibo Vandenborre, Fabrice Adde