Film d’action badass, Elyas est une réussite grâce à la présence imposante de Roschdy Zem, très crédible en guerrier implacable, et à une réalisation percutante.
Synopsis : Elyas est un ancien soldat des Forces Spéciales, solitaire et paranoïaque depuis l’Afghanistan. Il est aujourd’hui recruté pour assurer la sécurité d’Amina et sa fille Nour, 13 ans, toutes deux venues des Emirats et réfugiées dans un château. Alors qu’un commando débusque les deux femmes et déchaîne les enfers, Elyas redevient le redoutable guerrier qu’il était, ne reculant devant rien pour les sauver.
Grand retour à l’action pour Florent-Emilio Siri
Critique : A l’origine du projet Elyas se trouve le producteur Mathias Rubin qui souhaitait développer un film d’action à la française, avec à sa tête le cinéaste Florent-Emilio Siri dont la carte de visite comprend des œuvres du genre comme Nid de guêpes (2002) et Otage (2005) avec Bruce Willis. Désœuvré depuis la fin de sa série Marseille, le cinéaste était prêt à revenir à l’action, d’autant que son passage furtif par la comédie (Pension complète) n’a convaincu personne. Après avoir consulté plusieurs articles concernant la fuite de jeunes princesses moyen-orientales qui refusaient d’être mariées de force, Florent-Emilio Siri et son coscénariste Nicolas Laquerriere ont trouvé qu’il s’agissait d’un excellent point de départ pour un long métrage d’action.
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Dès lors, il ne restait plus qu’à imaginer l’intrusion d’un garde du corps plus zélé que la moyenne qui se fait le protecteur d’une gamine de 16 ans face à un père tyrannique qui entend la marier de force à un homme d’une cinquantaine d’années. Cette thématique du mariage forcé est plutôt en phase avec son temps, tout en permettant au cinéaste d’expliquer la débauche de moyens qui est utilisée par le père pour récupérer sa progéniture – il est un milliardaire du Moyen-Orient qui peut acheter n’importe qui, et même obtenir le soutien des services secrets français.
Elyas révèle un Roschdy Zem inédit en homme d’action
En une petite vingtaine de minutes, Elyas parvient à poser les bases de son histoire de manière limpide, tout en présentant un personnage principal marqué par un épisode traumatique qui en fait un être psychotique pas forcément très rassurant. Pour cela, Florent-Emilio Siri a pu compter sur l’implication de Roschdy Zem qui s’est taillé un physique de tueur, tout en jouant sur sa présence naturelle à l’écran. Taiseux, le personnage est brutal, peu sociable et manie les armes avec une habileté peu commune. Il s’inscrit donc naturellement dans toute une lignée du cinéma d’action comprenant (pour les plus récents) Jason Statham ou Liam Neeson.
Face à lui, l’adolescente Jeanne Michel s’impose dans un rôle pas si évident puisqu’elle doit d’abord jouer les pestes, avant d’attirer la sympathie des spectateurs par rapport à son destin dramatique. Après la séquence d’invasion du château, Florent-Emilio Siri joue à fond la carte de l’ambiguïté en faisant douter de la santé mentale d’Elyas. Et si le garde du corps était à l’origine de ce qui se passe ? Ou est-ce un complot ourdi par des forces très puissantes ? Ce doute généré autour du personnage principal permet d’éviter pendant un certain temps les rails trop bien huilés du film d’action classique.
Elyas assume pleinement une violence viscérale
Toutefois, dans sa dernière partie, Elyas revient davantage dans les clous attendus du pur film commercial en faisant de Roschdy Zem une impressionnante machine à tuer. Grâce à une réalisation très efficace, à des chorégraphies très étudiées et surtout une violence jamais retenue, Elyas remplit largement son contrat de film d’action badass, avec un homme qui parvient à décimer une armée de gardes du corps à lui tout seul. La crédibilité n’est bien évidemment pas au rendez-vous, mais Florent-Emilio Siri a suffisamment de talent pour faire fonctionner la suspension d’incrédulité.
Si le réalisateur se permet quelques notations plus sociales en évoquant notamment le sort des migrants de Calais (une thématique décidément obsessionnelle dans le cinéma français actuel), il ne tombe pas dans le piège du pamphlet et cherche avant tout à divertir le public à partir de thématiques actuelles. Elyas est donc une réussite dans un genre que le cinéma français a trop délaissé ces dernières années. On lui souhaite de trouver son public, même si les premiers chiffres ne semblent guère enthousiasmants. Pourtant, le métrage pourrait aisément donner lieu à une franchise, tant Roschdy Zem s’avère convaincant en équarrisseur en chef.
Critique de Virgile Dumez
Box-office France :
Très gros échec estival, Elyas était une production cossue (13M€), mais n’a glané que 179 000 spectateurs en France. Paru sur 317 écrans, le film de Florent Emilio Siri n’a même pas doublé les chiffres de sa première semaine (102 095 spectateurs), avec une baisse régulière de 55%, pendant 3 semaines.
En 5e semaine, le polar passait de 222 à 76 écrans et n’était plus désiré que par 1 589 spectateurs. Il finit sa carrière catastrophique en 9e semaine, avec 61 spectateurs dans 9 salles pour un total de 179 758 spectateurs.
Si l’on écarte le méconnu Une minute de silence en 1998 (5 387 spectateurs), le réalisateur de Nid de Guêpes n’avait jamais connu un résultat aussi bas, puisque son dernier échec, Pension complète, en 2015, avait atteint 270 158 spectateurs, avec un budget de 13M€. Le film avait été considéré comme un désastre pour Gérard Lanvin et Franck Dubosc lors des vacances de Noël 2015.
Elyas sort en vidéo le 6 novembre 2024, aux formats DVD et Blu-ray, avec une conversation de 30 minutes, avec le réalisateur en bonus.
Les sorties de la semaine du 3 juillet 2024
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Biographies +
Florent-Emilio Siri, Roschdy Zem, Dimitri Storoge, Eric Savin, Laëtitia Eïdo, Sherwan Haji, Samy Belkessa, Jeanne Michel
Mots clés
Film de genre français, Films d’action, Thrillers français, Les enlèvements au cinéma