Elvis : la critique du film (2022)

Biopic, Musical, Historique | 2h39min
Note de la rédaction :
7,5/10
7,5
Elvis, affiche du film de Baz Lurhmann

  • Réalisateur : Baz Luhrmann
  • Acteurs : Tom Hanks, Austin Butler, Luke Bracey, Xavier Samuel, Kelvin Harrison Jr., Kodi Smit-McPhee, Olivia DeJonge, Richard Roxburgh
  • Date de sortie: 22 Juin 2022
  • Nationalité : Américain, Australien
  • Titre original : Elvis
  • Titres alternatifs : -
  • Année de production : 2022
  • Scénaristes : Sam Bromell, Baz Luhrmann, Jeremy Doner et Craig Pearce, d'après une histoire de Jeremy Doner et Baz Luhrmann
  • Directeur de la photographie : Mandy Walker
  • Compositeur : Elliott Wheeler
  • Société(s) de production : Warner Bros., Bazmark Films, Roadshow Entertainment, The Jackal Group, Whalerock Industries
  • Distributeur : Warner Bros.
  • Éditeur(s) vidéo : Warner Bros. Entertainment France (DVD, blu-ray, 4K UHD, 2022)
  • Date de sortie vidéo : 26 octobre 2022
  • Box-office France / Paris-périphérie : 1 204 686 entrées / 339 049 entrées
  • Box-office nord-américain / Monde : 151 M$ / 287,3 M$
  • Budget : 85 M$
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.39 : 1 / Couleurs / Son : Dolby Digital, IMAX 6-Track, Dolby Surround 7.1
  • Festivals et récompenses : Festival de Cannes 2022 : présentation hors compétition / Hollywood Critics Association Midseason Awards 2022 : meilleur acteur pour Austin Butler / Golden Globes 2023 : meilleur acteur dans un film dramatique pour Austin Butler / Australian Academy of Cinema and Television Arts (AACTA) Awards 2022 : 12 récompenses dont meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur
  • Illustrateur / Création graphique : WORKS ADV
  • Crédits : Warner Bros.
Note des spectateurs :

Biopic survolté, Elvis offre un point de vue intéressant sur la carrière hors norme du King et s’impose comme une œuvre passionnante. Dommage que Tom Hanks gâche la fête par son cabotinage éhonté.

Synopsis : La vie et l’œuvre musicale d’Elvis Presley à travers le prisme de ses rapports complexes avec son mystérieux manager, le colonel Tom Parker. Le film explorera leurs relations sur une vingtaine d’années, de l’ascension du chanteur à son statut de star inégalé, sur fond de bouleversements culturels et de la découverte par l’Amérique de la fin de l’innocence.

Une longue phase de préparation

Critique : Cela faisait maintenant presque dix ans et son Gatsby le magnifique (2013) que le cinéaste australien Baz Lurhmann n’avait pas fait parler de lui. Pourtant, le réalisateur n’a pas chômé puisqu’il a préparé son biopic sur Elvis depuis 2014 et l’écriture d’un premier scénario avec l’aide de l’écrivaine Kelly Marcel. Toutefois, ce travail n’a abouti à rien de probant et l’ensemble du script semble avoir atterri à la poubelle. Baz Luhrmann a ensuite repris les choses en main en s’adjoignant les services des scénaristes Jeremy Doner et Craig Pearce. C’est à ce moment précis que l’angle d’attaque du biopic est enfin trouvé : toute l’histoire d’Elvis sera racontée à travers sa relation avec son manager, l’escroc nommé Colonel Parker. Dès lors, l’ossature dramatique parfaite est offerte au cinéaste qui va pouvoir aborder le genre du biopic en le dynamitant par son style kitsch inimitable.

Après une très longue période de préproduction où plusieurs acteurs sont obligés de jeter l’éponge pour cause de multiples retards de calendrier, Luhrmann trouve enfin en Austin Butler son Elvis. L’acteur s’est ainsi entraîné pendant de longs mois pour acquérir la gestuelle du King, mais aussi pour être capable d’interpréter les titres du rockeur, notamment dans la première période de sa vie. Pour le seconder, Baz Luhrmann engage l’oscarisé Tom Hanks, afin d’avoir un nom célèbre à l’affiche. Ce dernier incarne le colonel Tom Parker (en réalité un escroc nommé Andreas Cornelis van Kuijk) avec une bonne couche de latex sur la figure, au point qu’on le reconnaît avec peine.

Elvis, un biopic aussi survolté que le rockeur sur scène

Débuté en janvier 2020 en Australie, le tournage d’Elvis a été interrompu à cause de la Covid-19 car Tom Hanks a été contaminé. Finalement, les prises de vues se sont étalées sur près d’une année, dans des conditions compliquées par la pandémie. Il a fallu ensuite de longs mois de post-production afin de venir à bout de ce film foisonnant qui ne dépareille aucunement dans la filmographie haute en couleurs de Baz Luhrmann.

Elvis, affiche 1

Design : WORKS ADV © Warner Bros. All Rights Reserved.

Si le long-métrage commence de la manière la plus énergique possible avec des scènes qui mélangent allègrement les époques, tout en ayant recours à des incrustations visuelles, des split screens et autres passages en animation, Elvis finit par trouver sa cohérence narrative en respectant grosso modo la chronologie des événements. Bien entendu, le cinéaste s’autorise quelques sauts dans le temps, ainsi que des rimes visuelles qui tiennent de l’influence du collage et du vidéo-clip. Toutefois, ceux qui ne maîtrisent pas l’histoire du King ne seront pas perdus tant le cinéaste maîtrise de bout en bout l’art de la narration.

Elvis pulvérise les conventions de l’Amérique blanche des années 50

La première heure montre notamment les années de misère dans une famille très pauvre qui vit près des bidonvilles où sont entassées les populations afro-américaines. C’est dans ce contexte de brassage culturel que le jeune blanc Elvis se passionne pour la musique blues et le gospel. Il en livrera une version plus personnelle en transformant cela en rock n’roll dès la fameuse année 1956 qui voit sa révélation au public américain ébahi de tant d’audace. Le film rappelle ainsi à quel point Elvis Presley fut une véritable révolution pour la jeunesse américaine de l’époque. Le chanteur dynamite le tour de chant traditionnel en osant des déhanchés qui scandalisent les tenants d’une Amérique chrétienne propre sur elle.

Elvis, affiche 2

Design : WORKS ADV © Warner Bros. All Rights Reserved.

Dans le même temps, sa musique est critiquée car elle est considérée comme venue des enfers, suscitant notamment l’excitation des masses. Pire, le racisme à l’œuvre aux Etats-Unis ne peut s’accommoder de ce jeune homme qui ose mettre en avant une musique aux origines afro-américaines. Elvis montre avec pertinence que le King sort une musique du ghetto pour la partager avec la planète entière, entraînant avec lui une véritable révolution culturelle. Ainsi, les jeunes du monde entier souhaiteront l’imiter (dont un certain Johnny Hallyday en France par exemple).

Elvis, de l’artiste au vendeur de merchandising

Durant cette première heure, le cinéaste insiste également sur les manœuvres opérées par le colonel Parker pour lisser l’image de son poulain, dont il pressent qu’il sera une poule aux œufs d’or. Inventant le merchandising, ce dernier pousse finalement Elvis Presley à prendre toutes les plus mauvaises décisions de sa carrière sur le plan artistique. Dans la seconde partie du film, Baz Luhrmann démontre la faiblesse de caractère du chanteur et l’influence néfaste qu’a pu exercer sur lui son manager. Alors que le King souhaitait tourner des films dramatiques, il se retrouve à faire le clown dans des comédies musicales exotiques indignes, puis il se met à interpréter des chants de Noël, au grand dam de ses fans de la première heure. Au mi-temps des années 60, l’artiste n’est plus qu’une énorme machine à cash qui n’a plus aucune ligne artistique forte.

Baz Luhrmann parvient à montrer les failles d’un homme influençable, malheureusement mal conseillé et finalement escroqué. De manière assez classique, la dernière partie du long-métrage se concentre sur la déchéance du chanteur en résidence permanente à Las Vegas – le tombeau des vrais artistes – et sur son addiction aux médicaments. N’étant plus que l’ombre de lui-même, le chanteur retrouve un peu de dignité en 1969 avec les deux singles In the Ghetto et Suspicious Minds, mais les dernières années sont marquées par une déchéance terrible.

Elvis, un hommage sincère, mais qui ne tombe pas dans l’hagiographie

La grande force du biopic Elvis est de parvenir à rendre hommage à la bête de scène et au chanteur à la voix impressionnante, tout en ne masquant pas les failles béantes de l’homme. Certes, il noircit volontairement l’influence de son entourage, mais ce point de vue semble largement étayé par les nombreux témoignages d’époque. En tant que star la plus riche de son temps, le King a suscité toutes les convoitises et, s’il a vécu dans le luxe, il a également été ruiné par des pique-assiettes malhonnêtes.

Elvis, affiche 3

Design : WORKS ADV © Warner Bros. All Rights Reserved.

Toutes ces thématiques passionnantes sont abordées ici avec une énergie folle, portées par un montage rapide, des mouvements de caméras dingues et une bande-son endiablée qui mélange allègrement les époques comme au temps de Moulin Rouge (2001). L’ensemble ne serait pas aussi réussi sans la prestation impeccable d’Austin Butler qui est vraiment devenu le King et dont l’interprétation impressionne. On ne peut pas en dire autant de Tom Hanks, acteur décidément surcoté, qui croule sous des tonnes de maquillage pour tenter de le faire ressembler au colonel Parker. Sa prestation n’est guère convaincante et il a d’ailleurs été nommé pour cela aux Razzie Awards. Comme son personnage est volontairement désagréable, cela passe finalement mieux, mais il est clairement le gros point faible d’un métrage qui méritait mieux que sa présence.

Une carrière entachée par la crise du cinéma post-Covid

Les autres acteurs sont plus intéressants et parviennent finalement à ne pas faire d’ombre au personnage principal qui se devait d’être follement charismatique pour que l’on comprenne l’engouement du public. En ce sens, la mission de Baz Luhrmann est largement accomplie. D’abord annoncé en salles pour le mois d’octobre 2021, Elvis a finalement été repoussé au mois de juin 2022, après avoir été présenté en grande pompe au Festival de Cannes hors compétition. Aux Etats-Unis, le film connaît un beau succès avec une excellente première semaine à 31,2 millions de dollars de recettes. Finalement, le biopic s’arrêtera à 151 M$ pour une douzième place au box-office américain de l’année 2022. Il obtiendra de ce fait 8 nominations aux Oscars le 24 janvier 2023, dont Meilleur film et Meilleur acteur.

En France, le film démarre à 103 057 entrées sur Paris lors de sa semaine d’investiture où il doit affronter la concurrence de Buzz l’éclair de Pixar. La crise post-Covid étant enracinée dans les habitudes des spectateurs, Elvis termine sa carrière parisienne à 339 049 rockeurs. Sur la France, le King fait quand même mieux en se maintenant pendant plusieurs semaines, au point de dépasser le million d’entrées au bout de cinq semaines d’exploitation. Avec 1 204 686 entrées, Elvis n’en demeure pas moins le film le moins vu de Baz Luhrmann en France, juste après Ballroom Dancing (1992), malgré une belle longévité de plus de trois mois.

Avec un succès a priori mondial de 287 000 000$, cette belle histoire entre Elvis et un public intergénérationnel, atteindra des scores très élevés dans les pays anglophones, aux USA (151M$), au Royaume-Uni (29M$ de recettes contre 8.4M$ pour la France), et en Australie (23M$) où la marque du chanteur est prégnante. Le reste du globe n’en fera en rien un phénomène, puisque les Français à l’enthousiasme certain, mais loin d’être sans réserve, en feront la 4e plus grosse recette à l’échelle planétaire.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 22 juin 2022

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Elvis, affiche du film de Baz Lurhmann

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