Davantage orienté vers la comédie et le burlesque, Dragon Lord souffre d’une production chaotique et d’un script aux abonnés absents. Seules les acrobaties de Jackie Chan sauvent l’’ensemble de la médiocrité.
Synopsis : Dragon et son copain Cowboy sont deux gamins turbulents. Entre deux mauvais coups, ils croisent la route du voleur Tiger, poursuivi par ses anciens acolytes, une bande de brigand dirigée par le terrible Capitaine, qui n’hésite pas à vendre des trésors nationaux chinois à des étrangers. Ignorant tout de cette affaire et des dangers qu’ils encourent, Dragon et Cowboy acceptent d’héberger Tiger. Mais le Capitaine et des hommes ne tardent pas à retrouver sa trace…
Dragon Lord, une comédie burlesque avant tout
Critique : Prévu initialement comme étant une suite directe de La danse du lion (1980) qui a connu un beau succès à Hong Kong et plus généralement en Asie, Dragon Lord (1982) a vu sa production compliquée par de nombreux problèmes de scénario, à tel point que toute référence au film précédent a disparu. En fait, pour Jackie Chan qui prenait désormais tout pouvoir dans la conception de ses films au cœur de la Golden Harvest, Dragon Lord fait figure de film de transition puisqu’il met la pédale douce sur l’action pour se concentrer sur ce qui l’intéresse davantage, à savoir la Kung-fu Comedy.
Dès lors, le résultat final souffre nettement d’un changement de braquet en cours de route puisque le fil rouge du trafic d’objet d’art est devenu totalement secondaire pour laisser libre cours aux scènes burlesques imaginées par l’acrobate. D’où l’aspect extrêmement délié d’une œuvre qui semble courir plusieurs lièvres à la fois, au point d’en diluer fortement l’intérêt, d’autant que sa durée de 102 minutes aurait largement pu être écourtée.
Comme un air des Sous-doués
Ainsi, la première demi-heure se concentre exclusivement sur les pitreries de Jackie Chan et son complice Mars, deux grands gamins qui se disputent les faveurs d’une jeune femme – sans que cela débouche d’ailleurs sur une résolution. Les gags employés, dont certains sont efficaces reconnaissons-le, trouvent un équivalent français dans la comédie Les Sous-doués (Claude Zidi, 1980) lorsque le cancre incarné par Jackie Chan tente par tous les moyens de tricher aux examens imposés par son père autoritaire (très sobre Tien Feng). Le tout est proche de l’hystérie, avec gesticulations burlesques et grimaces à loisir, dans un style qui sera ensuite développé dans ce que l’on qualifiera de Kung-Fu Comedy. Pour le spectateur occidental, cela passe ou cela casse, en fonction des sensibilités. Pour notre part, nous n’en sommes guère friands.
Jaquette VOD 2014 Metropolitan FilmExport – © 1982 Authority Films, Golden Harvest Company, Lo Wei Motion Picture Company, Paragon Films Ltd.. All Rights Reserved.
Dragon Lord semble se raccrocher aux branches lorsque l’intrigue sur le trafic d’objets d’art chinois débute, mais celle-ci est immédiatement interrompue par une (trop) longue séquence de jianzi (ou Plumfoot) qui ne sert strictement à rien au cœur de la narration. L’intérêt se dilue à nouveau, avant que Jackie Chan fasse enfin montre de ses qualités athlétiques dans deux séquences parfaitement chorégraphiées, l’une se déroulant sur le toit d’une grange où se terrent les trafiquants et l’autre se situant lors du combat final contre le grand méchant. Ici, les amateurs d’acrobaties seront aux anges tant Jackie Chan est déjà en pleine possession de ses moyens.
D’interminables digressions qui diluent l’intérêt
Malheureusement, il termine son film par une nouvelle séquence en totale digression qui aurait tout simplement mérité de disparaitre sur la table de montage, à savoir celle de la pyramide humaine. Là encore trop longue, cette scène qui devait initialement ouvrir le film se retrouve évacuée à la toute fin sans que l’on en comprenne l’utilité. Elle vient donc confirmer les nombreuses errances d’une production chahutée dont le montage final a dû constituer un beau casse-tête. Les amateurs noteront au passage qu’il s’agit du tout premier film réalisé par Jackie Chan à proposer un bêtisier lors du générique de fin.
Il en résulte une œuvre brinquebalante qui prend l’eau de partout, alternant le pire et le meilleur d’une séquence à l’autre, comme si Jackie Chan n’avait pas su sur quel pied danser. Avec son dépassement de budget, Dragon Lord ne fut pas un succès lors de sa sortie à Hong Kong où il n’a cumulé que 17 936 344 HK$ pour une mise de départ bien plus importante. Donc, il a fallu compter sur l’exportation dans les autres pays asiatiques pour rembourser largement l’investissement, grâce à des entrées en grand nombre.
Une sortie française confinée à la VHS
Toutefois, son aspect majoritairement comique l’a empêché de devenir un classique dans les pays occidentaux. Ainsi, Dragon Lord est resté inédit dans les salles françaises (sauf dans certaines salles de province selon le site Encyclociné), sortant directement en VHS chez Delta Vidéo en 1987. Rapidement récupéré par TF1, le film a été édité plusieurs fois en VHS au cours des années 90, avant de venir compléter la collection DVD d’HK Vidéo, puis de Metropolitan Vidéo. En l’état, même s’il est intéressant en tant que film de transition, Dragon Lord ne constitue en rien un classique du petit dragon.
Critique de Virgile Dumez
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Biographies +
Jackie Chan, Mars (Cheung Wing-fat), Tien Feng
Mots clés
Cinéma hongkongais, Kung-fu Comedy, Comédies d’action, Les relations père-fils au cinéma