Petit classique de la kung-fu comedy, La danse du lion est assurément un film martial impressionnant par l’inventivité de ses combats et la maestria physique de Jackie Chan. On est moins client des gags, souvent grotesques.
Synopsis : Dragon est un jeune orphelin élevé à la dure par un maître d’arts martiaux. Lors d’un tournoi de Danse du lion, son frère Tigre feint une blessure et rejoint secrètement l’équipe adverse, précipitant la défaite de son école. Lorsque sa trahison est découverte, Tigre est banni par son maître et s’en va vendre ses talents de combattant au plus offrant. Lancé à sa recherche, Dragon est confondu avec Tigre par un policier et sa fille, bien décidés à l’arrêter…
Critique : Après le succès rencontré par sa première réalisation intitulée La hyène intrépide (1979), Jackie Chan confirme son goût pour le mélange entre kung-fu et comédie avec une deuxième expérience derrière la caméra nommée La danse du lion (1980). Commandé pour la première fois par le producteur Raymond Chow de la Golden Harvest avec lequel Chan collaborera de nombreuses fois par la suite, le long-métrage permet à l’artiste martial de se surpasser sur le plan chorégraphique et ainsi d’affirmer un peu plus sa maîtrise d’un genre encore trop souvent appelé à copier Bruce Lee.
Largement inspiré par sa propre expérience au sein de la China Drama Academy où les professeurs n’hésitaient pas à battre leurs élèves quand ils ne parvenaient pas à réaliser les exercices demandés, le début de La danse du lion revêt un petit aspect documentaire plutôt bienvenu. Il conte ici la traditionnelle rivalité entre écoles de kung-fu et étudie avec beaucoup de sincérité les rapports tendus entre maîtres et élèves, les premiers rigoureux et intransigeants, les seconds toujours prompts à désobéir. Toutefois, cette première partie est vite reléguée au second plan lorsque le spectateur est invité à suivre les pérégrinations de Jackie Chan, exilé de son école. Dès lors, le scénario met en place un quiproquo un peu basique servant de colonne vertébrale un peu volatil à un script assez anémique. Mais finalement, cela n’est pas si important puisque le but du réalisateur est bien de multiplier les séquences de combat, avec à chaque fois des styles différents.
Alors que les premières confrontations reprennent des figures traditionnelles du kung-fu et perfectionnent l’utilisation d’objets servant de supports chorégraphiques (le combat avec un tabouret est tout bonnement magnifique à cet égard), le tout dernier affrontement opte pour des gestes plus brusques, largement inspirés par les combats de rues. Toujours impeccable dès qu’il s’agit de se mouvoir avec une agilité hors norme, Jackie Chan pèche par moment par excès de confiance dans la force de ses évolutions. Ainsi, le dernier combat contre le grand méchant dure une bonne vingtaine de minutes dans la version intégrale du film, ce qui est tout de même excessif, une certaine lassitude nous gagnant peu à peu. De même, la tendance de Jackie à inclure des gags à tout bout de champ peut à la fois donner du peps à la projection, mais aussi la faire sombrer dans le ridicule lorsque la comédie se fait grimaçante.
Enfin, signalons que la réalisation n’est pas nécessairement le point fort du métrage, avec son usage intempestif du zoom et de cadrages pas nécessairement heureux. Cela s’arrange toutefois dans la mise en scène des combats, toujours impeccable, à tel point que La danse du lion est devenue une œuvre culte auprès des fans du genre. Cinématographiquement discutable, le résultat est effectivement intéressant pour peu que l’on goûte le style très bis de la kung-fu comedy. Très gros succès commercial en Asie, La danse du lion a été exploité en France en 1981, principalement en province, profitant la même année du succès du Chinois (1 500 000), avant de connaître une exploitation lucrative en VHS chez René Château Vidéo. Cette même année, il était présent dans les salles françaises avec La rage du vainqueur (230 000), Jackie Chan le Magnifique (345 000), L’équipée du Cannonball (988 000) De quoi construire un peu plus le mythe Jackie Chan au cours des années 80, avant qu’il ne se lance dans ses productions les plus célèbres comme Le marin des mers de Chine (1983) ou Police Story (1985).
Critique de Virgile Dumez
© Illustration : Landi / Goldman