Doucement les basses : la critique du film (1971)

Comédie | 1h30min
Note de la rédaction :
2,5/10
2,5
Doucement les basses, l'affiche

  • Réalisateur : Jacques Deray
  • Acteurs : Alain Delon, Julien Guiomar, Paul Meurisse, Paul Préboist, Nathalie Delon
  • Date de sortie: 09 Avr 1971
  • Nationalité : Français, Italien
  • Titre original : Doucement les basses
  • Titres alternatifs : L'uomo di Saint-Michael (Italie), Easy Down There! (Etats-Unis), La dulce hembra (Espagne), Enas andras me skoteino parelthon (Grèce), Eu Te Amo, Nathalie (Brésil), Je t'aime Nathalie (Yo te amo Nathalie, Argentine)
  • Année de production : 1971
  • Scénariste(s) : Pascal Jardin, Jacques Deray
  • Directeur de la photographie : Jean-Jacques Tarbès
  • Compositeur : Claude Bolling
  • Société(s) de production : Adel Productions, Medusa Distribuzione
  • Distributeur (1ère sortie) : Cinema International Corporation (CIC)
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : Pathé Vidéo (VHS)
  • Date de sortie vidéo : -
  • Box-office France / Paris-périphérie : 1 009 536 entrées / 300 841 entrées
  • Box-office nord-américain -
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.37 : 1 / Couleurs (Eastmancolor) - 35 mm / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique : Michel Landi
  • Crédits : Pathé
Note des spectateurs :

Comédie totalement ratée, Doucement les basses souffre non seulement d’un script sans intérêt, mais aussi d’une interprétation déficiente. Un pur naufrage artistique.

Synopsis : L’abbé Médieu vit retiré au bord de l’océan dans une petite ville bretonne, à la suite du décès de son épouse intervenu avant qu’il devienne prêtre. Après une existence orageuse, il pense avoir trouvé la paix. Il apprend alors que son ex-épouse est vivante, qu’elle veut revenir à lui, mais aussi qu’elle a décidé de se donner à tous les matelots si son ex-mari ne la reprend pas.

Delon s’essaie à la comédie poids lourd

Critique : Alors que le cinéaste Jacques Deray a réalisé de nombreux films de qualité au cours des années 60, il a attendu de croiser la star Alain Delon pour enfin rencontrer le succès. Ensemble, ils tournent notamment La piscine (1969) et Borsalino (1970) qui obtiennent tous deux un énorme succès. De quoi pousser les deux hommes à se retrouver pour une nouvelle production dégoupillée par la star qui souhaite orchestrer son retour à la comédie légère, lui qui a fait ses débuts dans ce genre à la fin des années 50.

Pour cela, ils s’appuient sur un script original signé Pascal Jardin qui s’empare du problème épineux du mariage des prêtres. A partir d’un fait de société qui pouvait donner lieu à une savoureuse comédie de mœurs, Pascal Jardin, Jacques Deray et Alain Delon ont opté pour des facilités d’écriture qui font peine à voir. Ainsi, la thématique sur le mariage du prêtre incarné par Alain Delon n’est jamais approfondie et les auteurs ont préféré se livrer à une grosse pochade qui aura bien du mal à nous décrocher un seul sourire.

Delon se prend pour Belmondo et se vautre

En réalité, le principal problème de Doucement les basses vient justement de la prestation d’Alain Delon. Celui-ci semble beaucoup s’amuser à casser son image d’acteur taiseux à la beauté sombre. Doit-on y voir l’influence de Jean-Paul Belmondo qu’il venait tout juste de croiser sur le tournage de Borsalino (1970) ? En tout cas, Delon semble vouloir imiter son concurrent d’alors en multipliant les effets de manche, ce qui ne lui convient pas vraiment. Pour tout dire, il est même assez mauvais dans ce rôle qui ne lui convient absolument pas. Cela éclate d’autant plus lorsqu’il est confronté à des comédiens qui, eux, officient davantage dans leur zone de confort, comme Julien Guiomar ou encore Paul Meurisse.

Plombé par un scénario qui ne parvient jamais à trouver le ton juste, Doucement les basses horripile très rapidement, par la vulgarité de certains dialogues et de certaines situations. Là où un Bertrand Blier arrive à se jouer du verbe en mêlant habilement langage populaire et propos soutenus, Pascal Jardin semble en roue libre. Il livre ici un scénario médiocre qui peut s’apparenter à du très mauvais Audiard. Le long-métrage souffre également de la présence bien peu charismatique de Nathalie Delon, très largement sous-employée.

Jacques Deray échoue dans un genre qu’il ne maîtrise pas

Toutefois, si certains acteurs semblent perdus, il ne faut pas leur jeter nécessairement la pierre puisque Jacques Deray n’était visiblement pas fait pour réaliser une comédie. Même lorsque Delon se lance dans des tirades à effets, la réalisation de Deray s’avère d’une totale platitude. Il ne trouve jamais le rythme nécessaire à toute bonne comédie et livre une mise en scène en totale inadéquation avec le script. Le plus bel exemple vient de l’utilisation du décor breton que Deray se plaît à filmer dans sa splendeur et une magnificence presque morbide. Il insiste sur la décrépitude des vieilles pierres et crée une ambiance gothique, nous invitant ainsi dans une atmosphère sombre, immédiatement contredite par le jeu outré des comédiens et l’aspect primesautier de l’intrigue.

C’est bien simple, on a le sentiment que Jacques Deray n’a pas tourné le même film que son scénariste et sa vedette principale. Même si Jean-Jacques Tarbès a soigné sa photographie et si Claude Bolling enrobe les images dans une musique agréable, Doucement les basses ne se relève pas de cette dichotomie entre le fond et la forme.

Un film oublié, mais restauré en 2019 par Pathé

Cette absence d’unité est fatale au film qui s’avère aussi désagréable qu’inutile. Aucun des intervenants n’en sort grandi et l’oubli qui entoure désormais cette bien mauvaise comédie est tout à fait justifié. A une époque où Alain Delon parvenait systématiquement à attirer entre deux et quatre millions de spectateurs dans les salles, Doucement les basses n’a quant à lui généré qu’un peu plus d’un million d’entrées. Si le chiffre peut paraître conséquent par rapport à l’extrême médiocrité du produit fini, il fut considéré à l’époque comme un sérieux revers par le producteur Delon qui n’allait pas revenir de sitôt à la comédie.

Assez bizarrement, le long-métrage a été choisi par Pathé pour intégrer son programme de restauration en 2019. Ainsi, la copie proposée sur différentes plates-formes est de toute beauté. Pourtant, aucune sortie en support physique ne semble envisagée pour le moment.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 7 avril 1971

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Doucement les basses, l'affiche

© 1971 Pathé / Affiche : Michel Landi © ADAGP Paris, 2020. Tous droits réservés.

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