Don César de Bazan : la critique du film (1953)

Cape et Epée, Aventures | 1h18min
Note de la rédaction :
6/10
6
Don César de Bazan, l'affiche belge

  • Réalisateur : Riccardo Freda
  • Acteurs : Gino Cervi, Paolo Stoppa, Anneliese Uhlig, Enrico Glori, Armando Francioli, Pietro Tordi
  • Date de sortie: 06 Juil 1953
  • Nationalité : Italien
  • Titre original : Don Cesare di Bazan
  • Titres alternatifs : D. César de Bazan (Portugal)
  • Année de production : 1942
  • Scénariste(s) : Riccardo Freda, Vitaliano Brancati, Cesare Zavattini, Sergio Amidei, Giacomo Debenedetti d'après la pièce de Dumanoir et Adolphe d'Ennery
  • Directeur de la photographie : Mario Craveri
  • Compositeur : Franco D'Achiardi
  • Société(s) de production : Artisti Associati, Elica Film
  • Distributeur (1ère sortie) : Le film ne serait sorti qu'à Lille.
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : M6 Vidéo (DVD, 2007 et 2018)
  • Date de sortie vidéo : 5 septembre 2018 (DVD)
  • Box-office France / Paris-périphérie : -
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.37 : 1 / Noir et Blanc / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique : -
  • Crédits : SNC / Compass - Movietime
Note des spectateurs :

Don César de Bazan est le premier film du grand Riccardo Freda qui signait là une aventure fort sympathique, destinée à un public populaire. Simple, mais réalisé avec goût.

Synopsis : Barcelone, 1650, le comte Don Cesare di Bazan, de retour des Flandres, découvre un complot monté contre le roi par l’ambassadeur de France. Avec l’aide de la comédienne qu’il a épousé à son insu et qui prend son nouveau rôle de comtesse très à coeur, don Cesare va déjouer le complot et sauver le souverain…

Freda, scénariste émérite, passe à la réalisation

Critique : Scénariste à partir de 1937, Riccardo Freda a fait ses preuves dans le milieu du cinéma, au point de se voir proposer la réalisation d’un tout premier film intitulé Don César de Bazan en 1942. C’est la compagnie Elica Film qui lui fait confiance : il a déjà signé pour eux le script de Caravaggio, le peintre maudit (Alessandrini, 1941). Le jeune cinéaste s’implique donc totalement dans le projet en participant activement à la rédaction du script, mais aussi en produisant le long-métrage pour le compte de la Elica.

Don César de Bazan, jaquette DVD

© 1942 SNC -Compass – Movietime / © 2018 SND – M6 Vidéo. Tous droits réservés.

Si les spectateurs français connaissent bien le personnage de Don César de Bazan par le biais de la pièce Ruy Blas de Victor Hugo (1838), ce n’est pas cette version qui a servi de base aux auteurs du script, mais plutôt Don César de Bazan, pièce de théâtre de Dumanoir et Adolphe d’Ennery datant de 1844. D’ailleurs, les multiples scénaristes qui se sont penchés sur cette intrigue l’ont expurgée de sa dimension tragique car Riccardo Freda souhaitait surtout réaliser un pur film d’aventures. Parmi ces auteurs, on signalera la présence de Cesare Zavattini – futur scénariste du Voleur de bicyclette (1948) de De Sica – ou encore de Sergio Amidei qui a participé aussi à l’écriture de Rome, ville ouverte (Rossellini, 1945).

Don César de Bazan, comme un air de Hollywood

L’apport de Riccardo Freda consiste surtout à renforcer l’aspect populaire d’un long-métrage adressé avant tout au petit peuple. Il s’agissait pour lui de retrouver le sens de l’aventure qui était jusque-là l’apanage des grandes productions hollywoodiennes. On songe ainsi à plusieurs reprises aux grandes œuvres épiques d’un Michael Curtiz, portées par Errol Flynn. Toutefois, les moyens sont moindres et le résultat final s’avère un peu plus modeste, notamment en termes d’action.

Parfois un peu trop bavard, Don César de Bazan est avant tout l’histoire d’une conjuration, avec son lot de traîtrises et ses complots d’antichambre. Malgré cet aspect quelque peu théâtral, signalons toutefois l’excellence de la structure narrative qui permet de ne jamais perdre le spectateur et conserver son attention durant la totalité de la projection. Riccardo Freda a eu l’intelligence de ramasser l’intrigue de façon à livrer une œuvre courte et incisive. Le réalisateur filme le tout avec un vrai sens du cadrage et des mouvements d’appareil gracieux et nombreux. Il évite ainsi le côté statique qui risquait de s’inviter avec un tel sujet.

Quelques belles séquences d’action et des acteurs charismatiques

Lors des séquences d’action, le réalisateur démontre une belle appétence pour le dynamisme, même si ses moyens semblent limités. Lors du dernier quart d’heure, il multiplie les duels à l’épée avec un vrai sens du rythme, même si les passes d’armes demeurent assez sommaires. Les acteurs ne font que mimer les combats et sont isolés dans le cadre, afin de ne pas montrer leur méconnaissance des règles de l’escrime. Toutefois, il ne faut pas oublier que nous sommes en 1942 et que le cinéma de cape et d’épée fera par la suite de beaux progrès grâce au recours à des maîtres d’armes plus chevronnés. Riccardo Freda pourra ainsi donner la pleine mesure de son talent dans des œuvres plus abouties comme Sept épées pour le roi (1962) qui reprend de manière lointaine ce Don César de Bazan.

Le réalisateur novice peut compter sur une excellente distribution pour l’accompagner dans sa tâche. Ainsi, Gino Cervi, malgré une tendance au cabotinage, s’acquitte de son travail avec charisme. Face à lui, l’actrice allemande Anneliese Uhlig est un sacré atout de charme. Celle-ci arrivait en Italie après avoir refusé les avances de Joseph Goebbels qui voulait en faire une star de l’Allemagne nazie – et souhaitait au passage profiter d’elle et de ses charmes. Mais, dans Don César de Bazan, on adore particulièrement l’interprétation d’Enrico Glori, merveilleux en vicomte qui entretient un double jeu. Le comédien est parfait de duplicité dans un rôle qui nécessitait d’être à la fois séduisant et en même temps détestable.

Un parti pris esthétique qui compense la modestie du projet

Porté par une photographie contrastée de Mario Craveri et de superbes décors de Guglielmo G. Borzone, le long-métrage propose donc une aventure fort agréable à suivre pour peu que l’on aime ces films de cape et d’épée des années 30-40. Certes, Riccardo Freda a fait beaucoup mieux par la suite, mais ce tout premier essai compte parmi ses réussites et laissait espérer une belle carrière.

Don César de Bazan, tourné en Italie pendant la Seconde Guerre mondiale – donc un pays ennemi de la France – est resté inédit pendant de longues années dans nos contrées. Le site Encyclociné, généralement très bien renseigné – évoque une sortie en salles en 1953 dans la ville de Lille. Il aura ensuite fallu beaucoup de patience aux cinéphiles pour mettre la main sur le film qui n’a pas fait l’objet d’une édition VHS en France et a ensuite été édité en DVD chez M6 Vidéo dans une copie de bonne qualité.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 1er juillet 1953

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