Deux salopards en enfer : la critique du film (1970)

Film de guerre | 1h38min
Note de la rédaction :
6,5/10
6,5
Deux salopards en enfer, l'affiche

  • Réalisateur : Tonino Ricci
  • Acteurs : Klaus Kinski, Ray Saunders, George Hilton, Betsy Bell
  • Date de sortie: 11 Mar 1970
  • Nationalité : Italien
  • Titre original : Il dito nella piaga
  • Année de production : 1969
  • Scénaristes : Piero Regnoli, Tonino Ricci
  • Directeur de la photographie : Sandro Mancori
  • Compositeur : Riz Ortolani
  • Distributeur : Les Films Marbeuf
  • Editeur vidéo : Jacques Canestrier Vidéo (VHS) / Artus Films (DVD)
  • Sortie vidéo (DVD) : 2 juin 2015
  • Box-office France / Paris-périphérie : 304 275 entrées / 22 036 entrées
  • Format : 2.35 : 1 / Son : Mono
  • Crédits affiche : © 1969 Cine Azimut / Affiche : Belinsky. Tous droits réservés.
Note des spectateurs :

Film de guerre aux fortes connotations chrétiennes, Deux salopards en enfer est une œuvre efficace et plutôt poignante, fortement influencée par le western. Une bonne surprise.

Synopsis : Italie. 1941. Condamnés à mort par la cour martiale, deux soldats américains, un blanc et un noir, sont miraculeusement sauvés grâce à l’irruption d’un commando de parachutistes allemands. Ayant également échappé au massacre, l’officier chargé de leur exécution doit s’unir à eux pour tenter de survivre. Les trois hommes trouvent refuge dans un village pittoresque. Ils vont alors organiser la défense des villageois face aux Nazis.

Un premier film de guerre ambitieux pour Tonino Ricci

Critique : A la fin des années 60, Tonino Ricci est devenu un assistant réalisateur très apprécié au cœur de l’industrie du cinéma populaire italien. Il décide de passer à la vitesse supérieure en écrivant le script de Deux salopards en enfer, qu’il va à la fois produire et réaliser. Un grand pas que Ricci choisit d’effectuer à l’aide d’un casting assez prestigieux puisqu’il parvient à convaincre Klaus Kinski et George Hilton de se joindre à l’aventure de ce premier long-métrage.

Il faut dire que le réalisateur opte pour le film de guerre, genre qui est alors en vogue, et qu’il en profite pour recycler des figures imposées du western. Effectivement, on a surtout l’impression que cette histoire était initialement prévue pour être située dans l’Ouest sauvage des Etats-Unis et non dans l’Italie occupée par les nazis.

Un film de guerre chrétien

Les références au western sont très nombreuses et le script n’est qu’un démarquage plus ou moins affirmé des Sept mercenaires (Sturges, 1960). On peut ainsi établir le parallèle entre ces trois soldats qui vont défendre un village contre l’invasion des nazis, avec les sept mercenaires prenant fait et cause pour des villageois mexicains. D’ailleurs, Ricci n’hésite pas à établir une relation similaire entre l’un des soldats et un enfant, comme dans le triomphe mondial de John Sturges. Dans le cinéma italien de l’époque, il n’y a pas de coïncidences, mais bien des emprunts plus ou moins assumés.

Pourtant, loin de n’être qu’une pâle copie d’un western américain, Deux salopards en enfer a surtout le mérite de s’inscrire aussitôt dans une perspective plus élevée que celle d’un simple divertissement du samedi soir. Dès les premières séquences, le spectateur est confronté à de superbes images sur des paysages désertiques, avec des citations bibliques lues en voix off. On comprend que le réalisateur Tonino Ricci a d’autres ambitions que de livrer un banal film d’action, il souhaite aussi se faire moraliste. Il aborde à travers son long-métrage les thématiques du bien et du mal, de la relativité des points de vue, et surtout de la capacité de tout être humain à trouver la rédemption. Bref, il s’agit ni plus ni moins d’un film de guerre chrétien.

Une réflexion intéressante sur la notion d’héroïsme

Si les trois personnages sont bien décrits au début comme des pourris (oubliez le titre français erroné, puisque les salopards sont bien au nombre de trois), on apprendra au fur et à mesure du long-métrage qu’ils ont chacun des raisons de l’être. Certes, Tonino Ricci ne fait pas dans la dentelle et propose une psychologie sommaire à base de traumas enfantins, mais cela permet de donner une petite épaisseur à des protagonistes jusque-là unidimensionnels. Plus intéressant, il fait de ce trio de salopards les héros de la libération d’un petit village italien, d’abord contre leur gré, puis en pleine conscience de leurs actes. Ricci ose donc égratigner l’image héroïque des libérateurs de l’Italie, tout en démontrant que l’héroïsme n’est pas un élément intrinsèque à l’être humain, étant dicté par les circonstances et des choix individuels.

Bien évidemment, tout ceci est parfois souligné avec des gros sabots et des dialogues un peu trop explicites, mais cela permet de donner une valeur ajoutée au programme.

Les acteurs et l’excellente partition musicale achèvent de convaincre

Par ailleurs, Deux salopards en enfer a le mérite de n’être jamais ennuyeux et de proposer un nombre conséquent de scènes d’action bien menées. Les fusillades impressionnent, le décor du petit village italien est utilisé judicieusement et la réalisation de Tonino Ricci est d’une belle efficacité lors de ces passages. Le tout est porté par l’interprétation très juste de Klaus Kinski et Ray Saunders. Par contre, on peut trouver George Hilton un peu plus en retrait, même si son rôle de lâche qui se rachète une conduite finit par intéresser.

Enfin, le film ne serait pas aussi plaisant sans la contribution majeure du compositeur Riz Ortolani qui propose une partition très inspirée. Elle participe pleinement à la réussite de cette série B italienne de qualité. Sorti dans l’indifférence générale au début de l’année 1970 en France, Deux salopards en enfer n’a quasiment pas été vu sur Paris, mais a quand même trouvé un écho plus favorable dans les petites salles populaires de province. Le film est ressorti ces dernières années en DVD chez Artus Films dans une copie très correcte que l’on vous encourage à vous procurer, si ce n’est pas déjà fait.

Critique du film de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 11 mars 1970

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Deux salopards en enfer, la jaquette DVD

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