Daniel Boone l’invincible trappeur : la critique du film (1958)

Western | 1h16min
Note de la rédaction :
5/10
5
Daniel Boone L'invincible trappeur, reproduction affiche retravaillée

  • Réalisateur : Ismael Rodriguez Albert C. Gannaway
  • Acteurs : Claudio Brook, Bruce Bennett, Lon Chaney Jr., Faron Young
  • Date de sortie: 24 Déc 1958
  • Année de production : 1956
  • Nationalité : Américain, Mexicain
  • Titre original : Daniel Boone, Trail Blazer
  • Titres alternatifs : Daniel Boone, juicio de fuego (Espagne), La lunga valle verde (Italie), Daniel Boone, O Selvagem (Alma de Bandeirante, Brésil), Fasornas land (Suède), Stifinder på krigsstien (Danemark), De weg der 100 doden (Pays-Bas)
  • Scénaristes : Tom Hubbard, John Patrick (en tant que Jack Patrick)
  • Directeur de la photographie : Jack Draper
  • Monteur : Fernando Martínez
  • Compositeur : Raúl Lavista
  • Producteurs : Albert C. Gannaway
  • Sociétés de production : Albert C. Gannaway Productions
  • Distributeur : Mondial Films
  • Editeur vidéo : Artus
  • Date de sortie vidéo : 1 décembre 2020 (DVD)
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 566 717 entrées / 78 907 entrées
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.35 : 1 / Couleur (35 mm,Trucolor)/ Mono
  • Illustrateur / Création graphique : © Constantin Belinsky. Tous droits réservés / All rights reserved (attention, affiche restaurée, non originale)
  • Crédits : © Albert C. Gannaway Productions. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Franchise : Non lié aux autres aventures cinématographiques de Daniel Boone
Note des spectateurs :

Western des années 50 méconnu, même si ressuscité en DVD par Artus Films en 2020, Daniel Boone, l’invincible Trappeur peut faire sourire ou exaspérer par sa naïveté et sa réécriture de l’histoire.

Synopsis : Vers la fin du 18ème siècle, un groupe de pionniers s’installe dans le Kentucky avec le soutien du célèbre trappeur Daniel Boone. Cette intrusion suscite la colère des indiens Shawnees, mal conseillés par un anglais vindicatif qui déteste Boone.  Le trappeur qui entretient de longue date des liens amicaux avec Black Fish le grand chef Shawnee va tenter de mettre un terme aux massacres des colons.

Critique : Réalisé pour le studio Republic Pictures, spécialisé dans les séries B (même s’il a produit quelques films de John Ford et Johnny Guitare), Daniel Boone l’invincible Trappeur ressemble, par sa facture et son idéologie, à une œuvre des années 40 ou même 30, impression aggravée par, au moins dans la version visible en France, la piètre qualité de la couleur (le procédé « Trucolor »).

Daniel Boone l’invincible trappeur, un explorateur aux valeurs américaines

Bien que très court (1h15), le film développe plusieurs intrigues, plus ou moins intéressantes (les séquences intimistes, censées émouvoir ou détendre, sont des plus maladroites) et ne craint pas de multiplier les scènes d’action, parfois habiles : l’attaque du fort est bien menée, avec sa classique alternance entre plans d’ensemble et corps à corps. Mais, à y regarder de plus près, des petits détails détonnent : un cascadeur qui prépare sa chute, un Indien qui attend un peu trop … Malgré un professionnalisme évident, le film fourmille de ces approximations, dues sans doute au manque de moyens et de temps.

Un film divertissant à la propagande d’un autre temps

Daniel Boone, interprété par le peu charismatique Bruce Bennett, est l’incarnation parfaite du héros « invincible », comme le dit le titre français : il sait toujours quoi faire et quoi dire, se tire de toutes les situations et n’a pas peur. L’épreuve qu’il traverse quand il est capturé (un passage à tabac) lui donne un caractère presque surhumain puisque, d’après un personnage secondaire, si un homme peut y survivre, « c’est bien Daniel Boone ». Excellent mari, père de famille nombreuse, il s’exprime au besoin par sentences (« un homme doit … »). Bref, c’est une sorte de caricature, destinée à asseoir la bonne conscience américaine : dans une ahurissante séquence, il explique que l’homme blanc vient en ami et qu’il désire la paix. Et, bien sûr, le plan final affiche le drapeau américain et un carton triomphal indique que « la voie est ouverte », la voie à la colonisation … Quant à la famille, elle s’affirme dans sa solidité, puisque femmes et enfants obéissent à l’homme et le soutiennent. D’ailleurs, les rôles féminins sont sacrifiés et singulièrement pâles.

Valeurs américaines, donc, qui règnent sans partage : gare à qui s’en écarte ; le « mauvais » Indien et le Blanc lâche sont impitoyablement tués. C’est bien là que le film semble anachronique : rappelons que La Prisonnière du Désert (John Ford) date de la même année, et La Flèche brisée (Delmer Daves) de 1950 … On est loin du simplisme de cette œuvrette outrageusement patriotique.

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Pourtant, l’amateur curieux découvrira des surprises, certes modestes, mais pas inintéressantes : d’abord la sauvagerie de certaines séquences (le « passage à tabac », le scalp sanguinolent brandi), étranges dans un western familial. On n’en est évidemment pas à la brutalité de Peckinpah, mais c’est un tout petit pas. Plus étonnant peut-être, le film porte une sorte de signature : un travelling vertical récurrent qui aboutit à la cime d’un arbre. Faut-il y voir un message religieux ou un simple effet de style ?

Daniel Boone, l’invincible Trappeur n’est pas une perle cachée du western. Il porte même une idéologie gênante pour le spectateur contemporain, même en tenant compte de son époque. Mais, outre le fait qu’il intéressera l’amateur du genre, toujours friand de ces séries B qui devaient faire le régal des enfants des années 50, il est aussi représentatif d’un savoir-faire et d’une efficacité tout hollywoodienne.

François Bonini

Box-office :

Sorti avec un certain succès en France en 1958 (566 717 entrées), Daniel Boone l’invincible trappeur a surtout bénéficié d’un fort coefficient Paris Province. Les Parisiens ont été peu à le voir (78 000) contrairement aux Provinciaux un peu plus curieux envers cette rare tentative d’exploiter au cinéma la figure historique de Daniel Boone. Ce fameux pionnier parti établir des communautés dans l’Ouest appartient à ces hommes, comme Davy Crockett, un peu plus tard, qui repoussèrent la Frontière vers l’Ouest. Boone explora notamment ce que l’on connaît actuellement comme le Kentucky.

Moins bien connu en France que Davy Crockett, Boone a souvent fait l’objet de gros projets cinématographiques inaboutis par la suite, mais c’est surtout à la télévision américaine sous forme de mini-série Disney ou de dessin animé que l’émigrant a sévi.

Sur le grand écran, Daniel Boone est surtout une légende des années 30 (le film éponyme de Daniel Howard, en 1936, avec George O’Brien, Heather Angel et John Carradine) et 40 (Le retour de Daniel Boone, avec Bill Elliott pour Columbia). Un autre long, au début des années 50 revint sur sa jeunesse, Daniel Boone, terreur des Indiens (1950, sorti en France en 1953), avec David Bruce.

Frédéric Mignard

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Daniel Boone L'invincible trappeur, DVD Artus (2020)

© Artus Films

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