Chino est un western contemplatif, à l’approche quasi documentaire qui n’est pas à même de satisfaire les amateurs du genre, en dépit du charisme Charles Bronson.
Synopsis : Jamie, un jeune garçon, se lie d’amitié avec Chino Valdez, un éleveur de chevaux sauvages solitaire et bourru. Le film nous présentera leur quotidien, qui sera chamboulé par Maral, désormais propriétaire des terres de Chino.
Critique : Chino, tout comme Le retour des sept, fait partie de ces films hybrides résultant du succès des westerns spaghetti. En effet, il s’agit d’une coproduction américano-européenne tournée en Espagne avec des têtes d’affiche américaines et des seconds rôles européens. Le vétéran John Sturges signe ici son antépénultième film, épaulé par l’Italien Duilio Coletti, lui aussi en fin de carrière. Malheureusement, l’hybridation trouve ses limites dans le style du film, qui tient bien plus du western américain que du western italien.
Chino est un film crépusculaire et révisionniste
Exit les fusillades, les duels épiques et le sadisme du western all’italiana, à l’exception d’une scène où Bronson se fait violemment corriger par les antagonistes. Chino nous propose plutôt une expérience contemplative. En résulte donc un film un peu vide, mais qui ne suscite pas pour autant un ennui profond. A travers les yeux du jeune Jamie, qui fait lorgner le métrage du côté du film d’apprentissage, nous découvrons le quotidien d’un éleveur de chevaux sauvages.
A défaut de proposer une violence stylisée, le film prend en compte les bouleversements amenés par le western spaghetti en terme de représentation de l’Ouest. De fait, il aborde des thèmes intéressants, typiques des westerns crépusculaires et révisionnistes des années 70. Il nous présente ainsi la fin d’un monde et déplore la disparition imminente des Indiens. Ce pessimisme est corroboré par le final qui, s’il n’est pas spectaculaire, se veut tout de même assez amer.
Chino repose essentiellement sur le magnétisme de son protagoniste
Chino ne serait évidemment rien sans son acteur principal, puisque l’immense Charles Bronson porte le film à lui tout seul. Le reste du casting est lui aussi convaincant. Le jeune Vincent Van Patten se révèle très crédible, et notre compatriote Marcel Bozzuffi fait bonne figure en tant qu’antagoniste. On ne peut malgré tout s’empêcher d’éprouver quelques regrets en apprenant que Lino Ventura était initialement pressenti pour le rôle, ce qui aurait pu donner lieu à un face à face d’anthologie. Comme souvent dans les films de Bronson, sa propre épouse, Jill Ireland, endosse le rôle féminin, ce qui est un véritable gage d’authenticité et d’alchimie.
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Néanmoins, l’histoire d’amour développée dans le film manque d’intérêt et souffre de maladresses. A titre d’exemple, le couple s’unit charnellement pour la première fois après avoir assisté à une saillie de chevaux. Certes, le film cherche à montrer que Chino tient plus du cheval que de l’homme, ce que lui reproche d’ailleurs sa bien-aimée, mais le tout manque cruellement de finesse. Enfin, l’amateur de western spaghetti se consolera à la vue des visages familiers de seconds couteaux tels Ettore Manni ou José Nieto.
Chino, un film très classique d’un point de vue technique
Chino est une production Dino De Laurentiis et bénéficie en conséquence d’un budget confortable. Les décors d’Almería sont superbes, et très bien mis en valeur par la photographie d’Armando Nannuzzi et Godofredo Pacheco. Les éclairages ne sont néanmoins pas toujours au beau fixe lors des scènes nocturnes. La réalisation de Sturges et Coletti est très classique, bien qu’agrémentée de travellings efficaces. Enfin, la musique des frères De Angelis tranche bien évidemment avec ce que l’on pourrait trouver dans un western américain, mais se révèle beaucoup trop pop pour réellement convaincre.
En définitive, Chino est un film manquant de spectaculaire et d’épique, ce qui décevra probablement les fans de western spaghetti. Néanmoins son approche réaliste, voire quasi documentaire, enchantera les personnes fascinées par tout ce qui a trait au Far West ou aux chevaux, ces derniers étant bien mis en valeur. Bien que son scénario soit réduit au strict minimum, il demeure néanmoins un film intéressant qui s’attache à dépeindre avec nostalgie une époque révolue.
Critique : Kevin Martinez