Belle Starr Story : la critique du film (1973)

Western | 1h43min
Note de la rédaction :
6/10
6
Wanted : Bekke Starr Story / Belle Starr Story chez Vidéo Marketing (1981)

  • Réalisateur : Piero Cristofani Lina Wertmüller
  • Acteurs : Elsa Martinelli, Robert Woods, George Eastman, Vladimir Medar, Orso Maria Guerrini
  • Date de sortie: 05 Avr 1973
  • Année de production : 1968
  • Nationalité : Italien
  • Titre original : Il mio corpo per un poker
  • Titres alternatifs : The Belle Starr Story, Mein Körper für ein Pokerspiel (Allemagne), Blodigt spel i western (Suède), Balladi Belle Starrista (Finlande),Belle Starr - La Pistolera Del Oeste (Argentine),Bel Star (Turkie), A Pistoleira de Virginia (Brésil), Историята на Бел Стар (Bulgarie)
  • Scénariste : Piero Cristofani, Lina Wertmüller
  • Directeur de la photographie : Alessandro D'Eva
  • Compositeur : Charles Dumont
  • Producteur : Oscar Righini
  • Société(s) de production : Eureka Films, Mercurfilm, United Productions International
  • Distributeur : Thanos Films
  • Éditeur(s) vidéo : Vidéo Marketing (VHS), Fil à Films (VHS), Artus Films (DVD)
  • Date de sortie vidéo : 1981 (VHS, Vidéo Marketing), 5 avril 2016 (DVD, Artus)
  • Formats : 1.66 : 1 / Couleur (Technicolor)/ Mono
  • Classification : Inconnue
  • Attention : Film inédit à Paris, sorti exclusivement en province en 1973
Note des spectateurs :

Véritable OVNI cinématographique, Belle Starr Story est un des rares exemples de western féministe, co-signé par une réalisatrice engagée, Lina Wertmüller. Une curiosité à découvrir !

Synopsis : Après avoir tout perdu lors d’une partie de poker contre le hors-la-loi Larry Blackie, Belle Starr se voit contrainte d’accepter une nuit d’amour avec ce dernier. C’est le début d’une histoire tumultueuse entre les deux brigands…

Critique : Sorti dans son pays en 1968, année de l’apogée du western italien, Belle Starr Story est passé relativement inaperçu. S’il ne peut rivaliser avec des chefs-d’œuvre tels qu’Il était une fois dans l’Ouest ou El Mercenario, le film n’en demeure pas moins une curiosité unique. En effet, Belle Starr Story se distingue des westerns spaghetti produits à la chaine du fait de sa construction scénaristique proche du roman picaresque et de sa thématique féministe.

Wanted : Bekke Starr Story / Belle Starr Story chez Vidéo Marketing (1981)

© Wanted : Belle Starr Story / Belle Starr Story chez Vidéo Marketing (1981) – Eureka Films, Mercurfilm, United Productions International.

Balance ton pistolero

Avec une construction narrative qui rappelle le style du Marquis de Sade, Belle Starr Story nous conte les mésaventures d’une femme devenue hors-la-loi à la suite de ses déconvenues avec les hommes. Tous, du père, à l’amant, en passant par l’ami, apparaissent comme des prédateurs sexuels, qui tentent d’abuser de notre héroïne, ce qui rend ce film étonnamment actuel dans notre ère post MeToo.

Belle Starr, quant à elle, a des revendications très contemporaines et souhaite disposer des mêmes passe-droits que les mâles : se comporter en hors-la-loi ou traiter les hommes comme des objets sexuels. Le film s’attache davantage à dépeindre un avatar du féminisme moderne qu’à s’attarder sur une figure historique dont on n’a retenu que le nom. Ces choix engagés font de Belle Starr Story un film ouvertement anti-patriarcal qui n’a nul autre équivalent dans le monde du western spaghetti.

Belle Starr Story souffre de trop de défauts pour devenir un classique…

Si le scénario sort des sentiers battus et se révèle rafraichissant, il manque toutefois d’une réelle construction pour convaincre tout à fait. En effet, il relève davantage de la juxtaposition de saynètes et de flashbacks, et aurait mérité une montée en puissance. Cela contribue au fait que le film apparaisse plus proche du manifeste que du lyrisme et de l’emphase caractéristiques du genre. On regrette à ce titre que le métrage ne se referme pas par un duel entre Belle Star et Blackie. Leur relation mêlant amour et haine s’y serait fort bien prêtée.

Dans le même ordre d’idée, la musique du film se révèle très oubliable et renforce la platitude de l’ensemble. Pire encore, la vraie fausse note du film réside dans une séquence musicale, où Belle Starr pousse la chansonnette dans la grande tradition des cow-boys à guitare, complètement gâchée par une mauvaise post-synchronisation. Enfin, il apparait manifeste que le film a souffert d’un budget restreint, au vu du faible nombre de scènes d’action et de variété dans les décors et les personnages.

…mais dispose de nombreuses qualités qui en font un film agréable

Cela est d’autant plus dommage que les rares scènes de fusillade sont plutôt réussies, à l’image de celle du saloon, au cours de laquelle Belle Star vient toute seule à bout de plusieurs opposants. La réalisation est classique et sans surprise, en dépit de gros plans esthétisant qui mettent bien en valeur le visage des acteurs. A ce propos, le couple Martinelli/Eastman se révèle fort convaincant, ces derniers étant parvenu à insuffler beaucoup de charme et de charisme à leurs personnages respectifs. Un autre vieux routard du western spaghetti est également de la partie, en la personne de Robert Woods, qui signe ici une prestation convaincante. Enfin, si les décors sont limités, le lac et sa cascade font leur petit effet, à la faveur d’une photographie très correcte.

En définitive, Belle Starr Story, s’il n’est pas un grand film en soi, mérite un visionnage pour les amateurs de western italien de par l’originalité de son propos, qui confère une bouffée d’air frais à un genre constellé de productions trop redondantes.

Critique de Kevin Martinez

Comment voir le film?

Sorti en France dans les cinémas provinciaux en 1973, via le micro distributeur Thanos Films, Bella Star Story est devenu visible de son salon en 1981 chez Vidéo-Marketing.

L’éditeur vidéo parisien avait déjà plus de 80 titres disponibles en vidéocassette en juin 1981, parmi lesquels Rue des Cascades (sous le titre Un gosse de la butte), A nous les minettes (c’est-à-dire La grande frime) Le dernier monde cannibale, Le monstre de l’apocalypse, Rituals, Elvis Presley Show… Un éditeur pionnier, dans le nanar ou le classique de seconde catégorie.

Après une réédition chez Fil à Film dans les années 90, on redécouvrira enfin le western dans une copie DVD satisfaisante chez Artus Films, en 2016.

Depuis, en 2021, la réalisatrice Lina Wertmüller est décédé en 1928 à l’âge de 91 ans. Une perte énorme pour le cinéma italien qui doit tourner un peu plus la page d’un âge mythique…

Frédéric Mignard

jaquette DVD Belle Starr Story

©Artus Films 2016

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Piero Cristofani Lina Wertmüller, Elsa Martinelli, Robert Woods, George Eastman, Vladimir Medar, Orso Maria Guerrini

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