Belle comme la femme d’un autre est un vaudeville improbable, au scénario indigent, achevé par un casting inopportun. Une énième comédie française qui a essuyé un très lourd échec en salle, devenant l’une des productions hexagonales les moins rentables de l’année 2014.
Synopsis : Clémence est d’une jalousie maladive. Pour éprouver la loyauté de Gabriel qui la demande en mariage, elle lui envoie à son insu la belle Olivia, testeuse de fidélité…
Belle comme la femme d’un autre l’un des pires films français de la décennie 2010
Critique : Si en octobre 2013 Dany Boon permettait au public, avec son “volcan” Eyjafjallajökull, de raviver la flamme de la comédie populaire, la médiocrité des divertissements hexagonaux sur les quatre mois qui suivirent fut radicale. Coup sur coup en trois semaines, Jamais le premier soir, Divin enfant, Le jeu de la vérité, A coup sûr et Prêt à tout venaient fragiliser le concept de divertissement français, mis à mal principalement par des scripts atones, mous, indignes de bons faiseurs de produits à consommer. Tous ces échecs ne relevaient pas du boulot d’auteurs incarnés dans un genre qui les inspiraient, comme jadis Yves Robert, Etienne Chatiliez, Patrice Leconte ou Francis Veber ont pu l’être, mais étaient le fruit de la paresse de scénaristes incapables de reproduire l’efficacité d’écriture des Américains, que ce soit au cinéma, ou même à la télé, puisque force est d’admettre que la sitcom française n’arrivait pas à cette époque à la cheville de sa concurrente d’outre-Atlantique.
On ne tirera pas sur l’ambulance, avec toute l’affection que l’on porte à la carrière de Zabou Breitman qui est une grande dame, et à celle d’Olivier Marchal, dont on aime particulièrement les thrillers noirs et qui est ici une erreur de casting patente, on ne sauvera rien de ce vaudeville à la Réunion, évocation lointaine des comédies franchouillardes de plages qui fleurissaient dans les années 70 et 80, avec le sens du navet assumé.
Audrey Fleurot cabotine
En 2014, la présence d’Audrey Fleurot au casting relevait d’un sens de la formule facile. Auparavant, l’actrice avait démontré un goût pour le terroir télévisuel exploité en salle : Fonzy, La vraie vie des profs, Les Reines du Ring, Mais qui a re-tué Pamela Rose, Pop Rédemption. Intouchables l’avait pourtant propulsée dans un genre où elle ne cesserait de se fourvoyer pendant quelques années encore (même jeu, même tics…). La rouquine sexy d’Un village français, et Kaamelott, au caractère bien trempé, devra attendre 2021 pour porter vraiment une œuvre sur ses épaules, avec HPI. Son triomphe. Dans Belle comme la femme d’un autre, Fleurot ramait ; elle cabotinait.
Degré zéro de la comédie hexagonale, Belle comme la femme d’un autre fait office de naufrage dans l’humour de boulevard qui ravive le souvenir douloureux de Denis, Il était une fois, une fois, ou encore Libre échange, soit les trois pires comédies francophones sorties au début de la décennie 2010.
Sa romance est tellement rance que le film distribué par Rezo est évacué des salles en 4e semaine, après 65 000 entrées et la promesse d’un oubli immédiat, si ce n’est quelques diffusions sur des chaînes secondaires de la TNT. La réalisatrice Catherine Castel, punie, ne réalisera plus pour le cinéma par la suite.
Une expérience éreintante pour tous.
Sorties de la semaine du 22 janvier 2014
Photos : Béatrice Pettovich. Tous droits réservés / All rights reserved