Baron vampire : la critique du film (1972)

Epouvante-horreur, Gothique | 1h38min
Note de la rédaction :
6/10
6
Baron vampire, l'affiche

  • Réalisateur : Mario Bava
  • Acteurs : Joseph Cotten, Luciano Pigozzi, Elke Sommer, Antonio Cantafora, Massimo Girotti, Umberto Raho, Nicoletta Elmi, Maurice Poli
  • Date de sortie: 27 Mai 1972
  • Nationalité : Italien, Allemand, Américain
  • Titre original : Gli orrori del castello di Norimberga
  • Titres alternatifs : Baron Blood (titre US et VHS en France) / Le baron vampire (Québec) / Orgía de sangre (Espagne) / A Câmara de Torturas do Barão Sangrento (Portugal) / Baron krwi (Pologne) / Cámara de tortura (Mexique) / Barão Sanguinário (Brésil)
  • Année de production : 1972
  • Scénariste(s) : Vincent Fotre, Willibald Eser, Mario Bava
  • Directeur de la photographie : Antonio Rinaldi, Mario Bava
  • Compositeur : Stelvio Cipriani (Les Baxter pour la version américaine)
  • Société(s) de production : Euro America Produzioni Cinematografiche, Dieter Geissler Filmproduktion, Leone International
  • Distributeur (1ère sortie) : CAA (Consortium d’Achats Audiovisuels) / Le long-métrage n'a été distribué en France qu'en province au début des années 80 sans précision de date. La date de sortie ci-dessus est celle en Italie dans la région de Milan.
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : VIP (VHS sous le titre Baron Blood en 1982) / Polygram Vidéo (VHS sous le titre Baron Blood en 1993) / One Plus One (DVD, 2002) / Bloody One (DVD) / ESC Editions (DVD / Blu-ray, 2020)
  • Date de sortie vidéo : 1er juillet 2020 (blu-ray)
  • Box-office France / Paris-périphérie : -
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : -
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique : Dark Star, l'étoile graphique (blu-ray)
  • Crédits : American International Release - Alfred Leone Productions
Note des spectateurs :

Œuvre anachronique, Baron vampire peut être considéré comme le chant du cygne du film gothique à l’orée des années 70. Il s’agit d’un bel objet visuel, desservi par un script moyen.

Synopsis : Peter Kleist, un jeune homme originaire d’Autriche, est de retour dans son pays, accueilli par son oncle, le docteur Karl Hummel, qui lui fait visiter le château de leur ancêtre. Ce dernier, surnommé à son époque le Baron vampire, faisait régner la terreur sur la région. Le château, devenu monument historique, n’en représente pas moins une menace pour les habitants des environs.

Retour à la case gothique pour Mario Bava

Critique : Alors qu’il vient tout juste de réaliser un proto-slasher efficace intitulé La baie sanglante (1971), le réalisateur Mario Bava – qui a également à son actif la création du giallo dans les années 60 – semble faire un pas en arrière avec ce Baron vampire anachronique. Répondant à une commande du producteur américain Alfredo Leone, Mario Bava revient donc en ce début des années 70 au cinéma gothique qui a fait sa gloire dix ans auparavant.

Baron vampire, jaquette blu-ray

© 1972 American International Release – Alfred Leone Productions / © 2020 ESC Editions. Conception graphique : Dark Star, l’étoile graphique. Tous droits réservés.

Pourtant, le réalisateur a tardé pour accepter, peu enchanté à l’idée de devoir tourner en extérieur dans un château en Autriche, pour des raisons de coproduction. Décidé par son fils Lamberto Bava, le maestro finit par dire oui et se rend sur place où il découvre le Burg Kreuzenstein, château du 19ème siècle qui correspond parfaitement à ses attentes. Effectivement, la bâtisse construite sur les ruines d’un vieux château médiéval correspond aux fantasmes des personnes du 19ème siècle vis-à-vis du Moyen Age. Il s’agira donc pour Mario Bava de recréer un univers ancien au cœur de la modernité contemporaine.

Un film à l’ancienne contaminé par une modernité invasive

Avec son intrigue contemporaine, Baron vampire est une œuvre sans cesse travaillée par une contradiction manifeste. D’un côté, le réalisateur semble avoir conscience de l’extinction du sous-genre en proposant des personnages contemporains cyniques et désabusés, ainsi qu’en introduisant des éléments de modernité incongrus (un distributeur de Coca-Cola au milieu d’une architecture médiévale), tout en essayant de nous effrayer avec des artifices d’un autre temps. Finalement, Mario Bava n’arrive pas vraiment à trancher et semble opter pour une certaine neutralité. Il livre donc le produit attendu par le producteur sans y croire lui-même totalement.

Si le début du métrage cherche à s’ancrer dans le monde contemporain (tournage dans un 747, voitures modernes, Coca-Cola), il choisit assez rapidement de troquer ces éléments pour le décor gothique classique d’un château autrichien. Une fois arrivés sur place, les personnages sont alors catapultés dans un univers fait de cryptes sombres, de salles de torture médiévales, ainsi que de tours renfermant des secrets inavouables. L’intrigue elle-même tente de ressusciter une figure maléfique datant du Moyen Age, avec un baron sanguinaire victime de la malédiction d’une sorcière.

Opération nostalgie pour un bric-à-brac passé de mode

On peut dire que Mario Bava se livre à la même opération que ses personnages, à savoir ressusciter un genre qu’il a contribué à populariser dans les années 60. Ici, rien ne manque à l’appel, avec même un recours au spiritisme. Les instruments de torture comme la vierge de Nuremberg sont également tous de la partie, ce qui donne lieu d’ailleurs à quelques belles scènes.

Toutefois, malgré une application de chaque instant, le spectateur, comme le réalisateur, n’y croit plus vraiment et Baron vampire ne fonctionne plus que sur un mode vaguement nostalgique. Le réalisateur nous livre encore quelques belles séquences marquées du sceau du fantastique le plus pur (on adore la fuite d’Elke Sommer dans les ruelles éclairées de manière totalement fantaisistes par un artiste plasticien), mais l’ensemble peine à constituer un tout cohérent.

Un casting faible compensé par les trouvailles visuelles d’un grand artiste plasticien

Cela est renforcé par la présence d’un casting très hétérogène, avec à sa tête un Joseph Cotten en fin de carrière, bien décidé à payer ses factures sans trop se fatiguer. Au milieu d’acteurs à peine passables – on pense surtout au très fade Antonio Cantafora – on notera tout de même la présence de quelques valeurs sûres comme Massimo Girotti, Luciano Pigozzi et Umberto Raho. Au milieu de tous ces hommes, Elke Sommer fait ce qu’elle peut pour exister. On la préférera largement dans Lisa et le diable (1973) qu’elle tourna dans la foulée avec Mario Bava.

Toutefois, l’ensemble est une fois de plus sauvé par une esthétique très travaillée. Bava, en bon plasticien, a une fois de plus sublimé les décors par des éclairages savants et un usage particulièrement brillant du grand angle. Avec ses multiples plongées et contre-plongées, mais aussi une impressionnante profondeur de champ, Baron vampire demeure un superbe objet visuel, preuve du talent intact d’un artiste hors du commun, seulement desservi par un script moyen et des acteurs peu concernés.

Baron vampire, sortie tardive et discrète en province en France

Au final, Baron vampire est assurément une œuvre bancale qui peut être vue comme le chant du cygne du film gothique à l’ancienne, juste avant la déferlante de L’exorciste (Friedkin, 1973) qui allait révolutionner l’horreur au cœur des années 70. Ce métrage mineur de Mario Bava est sorti aux Etats-Unis grâce à AIP dans une version écourtée et avec une musique différente de celle, pourtant très bonne, de Stelvio Cipriani. A noter que le film n’a été diffusé que dans quelques salles de province en France, sans qu’il soit possible d’établir une date de sortie officielle. Il fut affublé d’un titre racoleur parfaitement mensonger puisqu’aucun vampire ne vient pointer le bout d’un croc dans le film.

Baron vampire a récemment été édité dans la collection consacrée à Mario Bava par l’éditeur ESC. L’occasion de découvrir le métrage dans une belle copie (bien qu’inégale en fonction des séquences) et assorti de suppléments passionnants.

Critique de Virgile Dumez

Acheter le film en DVD / Blu-ray sur le site de l’éditeur

Baron vampire, l'affiche

© 1972 American International Release – Alfred Leone Productions. Tous droits réservés.

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Bande-annonce de Baron vampire (VO)

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