Réalisateur, scénariste et acteur italien, Ruggero Deodato a appris son métier sur le tas en devenant notamment un assistant réalisateur très apprécié. Il débute en 1959 aux côtés de Roberto Rossellini sur Le général Della Rovere, puis Les évadés de la nuit (1960). Il assiste aussi Antonio Margheriti sur La vierge de Nuremberg (1963) et La terreur des Kirghiz (1964). Enfin, il aide Sergio Corbucci sur des œuvres aussi marquantes que Django (1966), Navajo Joe (1966) ou Les cruels (1967).
Un assistant apprécié qui a du mal à percer en tant que réalisateur
Deodato se lance dans la réalisation avec Fenomenal e il tesoro di Tutankamen (1968) et La panthère nue (1968). Il enchaîne avec des séries télévisées et la comédie érotique Faut pas jouer avec les vierges (1969). Après une période sans grande valeur, il signe un film d’aventures marquant intitulé Le dernier monde cannibale (1977), où il prouve sa capacité à tourner dans des conditions extrêmes. On lui doit ensuite un film catastrophe intitulé SOS Concorde (1979), mais c’est surtout son film suivant qui marque sa carrière à jamais.
La révélation de Cannibal Holocaust
En 1980, Ruggero Deodato réalise Cannibal Holocaust (1980), film choc qui n’est pas le premier de son genre, mais en est assurément le meilleur représentant. Le film est remarquable car il invente le sous-genre du documenteur horrifique, à tel point que le réalisateur a dû se justifier devant les tribunaux, certains l’accusant d’avoir réellement tué les acteurs du long-métrage. D’autres ont signalé la propension à filmer des massacres réels d’animaux. Ce film à scandale lui a donc valu la gloire, mais aussi de nombreux ennuis. Pendant trois ans, Deodato ne parvient à tourner que le thriller La maison au fond du parc (1980) car aucun producteur ne veut de lui.
© 1983 StudioCanal – Regency Productions / Affiche : Renato Casaro. Tous droits réservés.
Les glorieuses années 80
Cet ostracisme prend fin en 1983 avec le film d’aventures Atlantis Interceptors, tourné aux Philippines. Le cinéaste récidive avec Amazonia : La jungle blanche (1984) qui écope d’une interdiction aux moins de 13 ans et met donc la pédale douce sur la violence gratuite. A une scène d’écartèlement près. En 1986, il signe le slasher fauché Body Count exploité en vidéo et sur Canal + en France, puis Le loup du désert qui sort directement en vidéo.
© 1984 Racing Pictures. Tous droits réservés.
En 1987, il tourne un autre nanar devenu culte, à savoir Les Barbarians, avec les frères Paul. Le film, production Cannon totalement bis et régressive, est jubilatoire par l’abattage des deux frangins. Deodato tourne encore Le tueur de la pleine lune avec l’acteur has-been Michael York (1987) et Angoisse sur la ligne (1988), avant de se lancer dans la réalisation de séries pour la télévision.
Les années 90-2000 consacrées à la télévision
Au cinéma, il livre encore le thriller The Washing Machine (1993), mais passe les années 90 et 2000 à la télévision. Parallèlement, une nouvelle génération de cinéastes le redécouvre et lui offrent d’apparaître dans leurs films en tant qu’acteur. Ruggero Deodato joue ainsi dans Hostel, chapitre 2 (Roth, 2007) ou Chimères (Beguin, 2013). Il participe également à des anthologies horrifiques et parvient à monter Ballad in Blood (2016), son dernier long-métrage en date.
Ruggero Deodato est décédé le 29 décembre 2022 à l’âge de 83 ans.