Adios California : la critique du film et le test Blu-Ray (1978)

Western | 1h40min
Note de la rédaction :
7,5/10
7,5
Adios California, affiche du film

  • Réalisateur : Michele Lupo
  • Acteurs : Giuliano Gemma, Chris Avram, Raimund Harmstorf, Dana Ghia, Diana Lorys, Robert Hundar, William Berger, Nazzareno Zamperla, Mario Novelli, Alfio Caltabiano, Alberto Dell’Acqua
  • Date de sortie: 15 Mar 1978
  • Année de production : 1977
  • Nationalité : Italien, Espagnol
  • Titre original : California
  • Titres alternatifs : California addio, Lo chiamavano California (Italie), El Californiano (Espagne), カリフォルニア〜ジェンマの復讐の用心棒 (California〜Gemma no fukushuu no yojinbou, Japon), Der Mann aus Virginia (Allemagne), California: Gurur ve İntikam (Turquie), Mannen utan lag (Suède), Chamavam-lhe Califórnia (Portugal), Mannen uten lov (Norvège), Καλιφόρνια, αντίο... (Grèce), California - mies ilman lakia (Finlande), Opgøret i Dakota (Danemark)
  • Scénariste(s) : Roberto Leoni, Nico Ducci, Franco Bucceri, Mino Roli
  • Directeur de la photographie : Alejandro Ulluoa
  • Compositeur : Gianni Ferrio
  • Société(s) de production : Uranos Cinematografica, Belma Cinematografica
  • Distributeur : UGC, CFDC
  • Editeur vidéo : Carrère Vidéo / Lumières (VHS, première édition), Evidis (DVD), Artus Films (combo DVD/Blu-ray)
  • Date de sortie vidéo : 16 février 2006 (DVD), 16 novembre 2021 (combo DVD/Blu-ray)
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 76 078 entrées / 44 789 entrées
  • Formats : 2.35 : 1 / Couleurs / Son : Mono
  • Classification : Tous publics
  • Illustrateur / Création graphique : Landi (affiche originale, 1978)
  • Crédits : © Artus Films 2021
Note des spectateurs :

Adios California est un western spaghetti crépusculaire qui, s’il n’est pas exempt de défauts, parvient à retranscrire avec brio une atmosphère désenchantée, devenant par là même un chant du cygne pour le genre.

Synopsis : Alors que la guerre de Sécession vient de s’achever, un soldat taciturne se lie d’amitié avec un jeune compagnon d’armes qui le convainc de rejoindre le ranch de ses parents. Mais le chemin du retour dans cette Amérique déchirée se révèlera semé d’embûches…

Critique : Si à la fin des années 70, la comédie règne en maître au sein du western spaghetti, une poignée de films s’est attachée à dépeindre une vision crépusculaire du genre. Adios California, est de ceux-là. Le film marque la troisième et dernière collaboration entre Michele Lupo et Giuliano Gemma dans le cadre d’un western. En effet, il succède à Arizona Colt (1966) et Méfie-toi Ben, Charlie veut ta peau (1972).

Adios California débute de manière très sombre

D’emblée, Adios California marque un tournant en ce qui concerne la prestation de Giuliano Gemma. Ce dernier incarne ici un ancien soldat taciturne, mal rasé et particulièrement désagréable au début du film, un personnage aux antipodes de son image de héros souriant et virevoltant. Ici, les combats à mains nues sont particulièrement violents et réalistes. La légèreté habituelle des films de Gemma n’est pas de mise. Certes, ces choix ne plairont peut-être pas à tous ses admirateurs, mais il donne à voir une autre facette de l’acteur, qui n’entame en rien son charisme.

Ce personnage est en phase avec l’environnement dévasté que dépeint le film avec un réalisme exacerbé. Les conséquences de la guerre de Sécession sont évoquées sans ambages, avec ces soldats sudistes affamés, traqués par des chasseurs de primes et  prêts à se rabattre sur un chat ou des grenouilles pour se sustenter. L’ambiance se révèle absolument crépusculaire, l’action se déroulant dans des décors authentiquement délabrés par le temps, qui sont aussi autant de vestiges de la gloire passée du western italien.

Adios California est fort d’un aspect technique solide, en dépit de légers points noirs

La photographie maîtrisée du maître Alejandro Ulloa, se caractérisant par des couleurs ternes et des lumières tamisées renforce l’aspect mélancolique du film. Ajoutez à cela l’expertise de Carlo Simi au niveau des costumes et vous obtenez un film d’une fort belle facture visuelle. Néanmoins, quelques maladresses subsistent, car certains passages trahissent le fait qu’intérieurs et extérieurs furent tournés séparément. Et si les décors espagnols du film font à nouveau mouche, on ne peut pas en dire autant de la forêt très européenne du début du film, qui nuit à la crédibilité de l’ensemble. De plus, cette première partie met en scène une longue errance à pied des protagonistes, le tout laissant penser que le budget a subi quelques coupes, tant on est peu habitué à l’absence de chevaux dans le genre. Fort heureusement, le reste du film nous montre le contraire.

Un film inégal mais ambitieux

Adios California est en effet un film en trois parties. La première, qui se concentre sur les errances de l’après-guerre, est certes marquante, mais la plus ennuyeuse des trois. Les deux autres sont plus classiques, mais aussi plus efficaces, reprenant les thématiques de la vie dans un ranch et du chasseur de primes. Le scénario, un peu chiche, se complexifie toutefois un peu dans la dernière demi-heure, mais de manière parfois trop artificielle, notamment lorsque le héros fait mine de s’allier à l’antagoniste. In fine, le film comporte assez peu d’action, la part belle étant faite au drame et à la contemplation.

Adios California ne manque pas d’atouts d’un point de vue artistique

Lupo fait preuve de beaucoup de maîtrise dans ce film avec une réalisation sobre et efficace qui ne renie pas une certaine inventivité. En particulier à partir de la seconde partie et de l’événement qui la déclenche, l’usage baroque d’angles multiples et de ralentis accentuant son impact émotionnel. Les cadrages sont soignés, de même que les panoramiques et l’usage du zoom, jamais abusif. La musique de Gianni Ferrio se révèle marquante à la faveur d’un thème principal entêtant, quand bien même certains passages aux accents psychédéliques semblent un peu hors propos.

Le principal atout d’Adios California réside indubitablement dans son excellent casting. Si Gemma est à nouveau impeccable comme précisé plus tôt, il manque de peu de se faire voler la vedette par le magistral Raimund Harmstorf, dont la prestance restera en mémoire bien après le visionnage. Miguel Bosé et sa sœur sont tout à fait convaincants. Les amateurs du genre retrouveront des visages familiers dans des rôles secondaires tels que William Berger, Romano Puppo ou Robert Hundar. On reconnaîtra aussi les membres de la fratrie Dell’Acqua dans les rangs de l’armée Sudiste.

En définitive, cet Adios California frise l’excellence, mais ne rejoint pas la catégorie des grands westerns italiens, la faute à un certain manque d’envergure, à un scénario un peu trop bancal, et à une musique parfois discutable. Il s’inscrit toutefois dans la lignée des dernières réussites d’un genre mourant, à l’image de Keoma, des mêmes scénaristes, Mannaja ou Selle d’Argent, aussi avec Giuliano Gemma.

Critique : Kevin Martinez

Les sorties de la semaine du 15 mars 1978

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Les westerns spaghetti sur CinéDweller

Adios California, affiches DVD et blu-ray

© Uranos Cinematografica

Le test du blu-ray :

Artus signe à nouveau une édition de qualité qui permet enfin de visionner ce film dans des conditions décentes.

Packaging & Compléments : 4/ 5

Dans la lignée des dernières sorties d’Artus, on retrouve ici un digipack en deux volets décorés de l’affiche française et italienne du film. Des photos du film ornent l’intérieur du digipack et sont visibles dès que l’on retire les disques. Côté bonus, l’infatigable et passionnant Curd Ridel rempile pour une présentation exhaustive de l’équipe artistique du film longue de trois quarts d’heure, riche en anecdotes personnelles, qui nous donne envie de découvrir d’autres pépites cachées du cinéma bis italien. Le traditionnel diaporama et les bandes annonces des autres westerns d’Artus sont là aussi de la partie.

L’image du blu-ray : 4/ 5

Quel plaisir que de redécouvrir le film dans de bonnes conditions ! La copie d’Artus est à mille lieues du DVD Evidis qui constituait jusqu’alors le seul moyen de visionner le film en France. Certes, l’image souffre de bruit et des scories apparaissent de-ci  de-là, mais il s’agit de pinaillages, au vu de l’âge du film et de la netteté globale de la copie.

Le son du blu-ray : 4 / 5

En version italienne comme en version française, on retrouve un son mono d’origine, qui peut légèrement saturer par moments. Certes, le tout trahit le grand âge du film mais n’entrave en rien son bon visionnage, et lui donne un certain cachet suranné, en particulier concernant les doublages français. Néanmoins, Gemma perd un peu en charisme dans cette version, c’est pourquoi on préférera la version originale.

Test du combo DVD / Blu-ray de Kevin Martinez

Adios California, blu-ray Artus

© Uranos Cinematografica, Artus Films

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