Achtung! Banditi! : la critique du film (1963)

Drame, Film de guerre | 1h38min
Note de la rédaction :
6/10
6
Achtung! Banditi!, l'affiche belge

  • Réalisateur : Carlo Lizzani
  • Acteurs : Andrea Checchi, Gina Lollobrigida, Giuliano Montaldo, Vittorio Duse, Lamberto Maggiorani, Pietro Tordi
  • Date de sortie: 16 Août 1963
  • Nationalité : Italien
  • Titre original : Achtung! Banditi!
  • Titres alternatifs : Atención, ¡bandidos! (Espagne) / Achtung, Banditen! (Pologne) / Atențiune! Bandiți! (Roumanie) / Bátrak csapata (Hongrie) / A Rebelde (Brésil) / La rebelde (Argentine)
  • Année de production : 1951
  • Scénariste(s) : Rodolfo Sonego, Giuliani G. De Negri, Ugo Pirro, Giuseppe Dagnino, Massimo Mida, Enrico Ribulsi, Mario Socrate et Carlo Lizzani.
  • Directeur de la photographie : Gianni Di Venanzo
  • Compositeur : Mario Zafred
  • Société(s) de production : Cooperativa Spettatori Produttori Cinematografici
  • Distributeur (1ère sortie) : Film inédit à Paris. La date de sortie est celle du film dans quelques salles de province.
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : M6 Vidéo (DVD, 2009 et 2018)
  • Date de sortie vidéo : 1er juillet 2009 / 5 septembre 2018
  • Box-office France / Paris-périphérie : -
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : -
  • Formats : 1.37 : 1 / Noir et Blanc / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : Prix de la réalisation au Festival de Karlovy Vary (Tchécoslovaquie) 1952
  • Illustrateur / Création graphique : -
  • Crédits : SNC (Groupe M6) / Compass Movietime
Note des spectateurs :

Premier long-métrage de fiction de Carlo Lizzani, Achtung! Banditi! évoque l’action des partisans italiens face aux nazis, en sacrifiant parfois à la propagande communiste de l’époque. L’ensemble se regarde toutefois encore avec intérêt.

Synopsis : Durant la deuxième guerre mondiale, un groupe de résistants de la région de Gênes planifie un vol d’armes dans une usine. Si les ouvriers sont leurs complices, les chasseurs alpins se trouvent confrontés à un dilemme : suivre les ordres de l’occupant nazi ou rejoindre la Résistance…

Un premier film produit par une coopérative

Critique : Au cours des années 40, Carlo Lizzani intègre le groupe des artistes qui mettent en avant un nouveau courant du cinéma : le néoréalisme. Il a ainsi écrit le scénario de Le soleil se lèvera encore (Vergano, 1946) qui traite déjà de la résistance italienne contre l’envahisseur nazi, puis celui de Chasse tragique (1947) pour Giuseppe De Santis. Mais l’élément déclencheur pour Carlo Lizzani fut son rôle d’assistant de Roberto Rossellini sur Allemagne année zéro (1948), chef d’œuvre qui s’inscrit encore pleinement dans la veine néoréaliste. Dès lors, Carlo Lizzani opte pour la réalisation, d’abord par le biais de documentaires, avant de se lancer enfin dans le long-métrage de fiction en 1951 avec Achtung! Banditi!

Achtung! Banditi!, jaquette DVD

© 1951 Cooperativa Spettatori Produttori Cinematografici / © 2018 SND / M6 Vidéo. Tous droits réservés.

Pour parvenir à financer ce premier effort qui raconte la lutte des partisans italiens contre les nazis, Carlo Lizzani a l’idée de mettre en place une coopérative qui lui permettrait de ramasser de l’argent à l’aide du public, et non pas par le biais de producteurs traditionnels. Par ce moyen, il parvient à réunir environ 30 % du budget nécessaire. Comme cela ne suffisait pas, Lizzani demande une aide de la part du Parti communiste italien qui finance le reste à l’aide de ventes à l’étranger, et notamment dans les pays du bloc de l’Est, très friands de films italiens néoréalistes. Ainsi, le budget est bouclé avec l’aide du Parti, auquel Carlo Lizzani est de toute façon affilié, tout comme bon nombre de réalisateurs proches du mouvement néoréaliste, comme Luchino Visconti.

Une vision propagandiste, mais non dénuée d’intérêt

Cette influence communiste se remarque dans le contenu d’Achtung! Banditi!, même si Lizzani est suffisamment malin pour ne pas citer nommément le Parti communiste comme fer de lance de la résistance italienne. Toutefois, à la seule dénomination de “partisans”, les spectateurs italiens faisaient directement le lien avec cette tendance politique sortie grandie de la Seconde Guerre mondiale. Sans vouloir minorer le rôle des communistes dans la libération de l’Italie, il est toutefois important de ne pas se laisser enfermer dans le discours d’un film qui a forcément une vocation propagandiste.

Ainsi, lorsque l’on visionne aujourd’hui Achtung! Banditi!, on a un peu l’impression que tous les Italiens ont résisté à l’envahisseur nazi, ce qui tend à faire quelque peu oublier la période fasciste où le peuple a largement soutenu Mussolini. Certes, on apprécie que le réalisateur ne s’enferme pas dans un discours purement idéologique, notamment lorsqu’il montre que tous les grands patrons n’ont pas été forcément des vendus au fascisme et que certains habitants du bas peuple ont succombé aux sirènes de la dictature. Toutefois, on sent bien que le but de l’auteur est de redonner confiance au peuple italien dans son ensemble, en forgeant une image de résistance qui s’apparente finalement au résistancialisme vu à la même époque en France dans des œuvres comme Bataille du rail (Clément, 1946).

Une dramatisation minimale pour davantage de réalisme

Réalisé avec talent par un jeune cinéaste débutant, Achtung! Banditi! pêche sans doute par excès de zèle dans sa volonté de présenter un effort collectif. L’unité de partisans compte tellement de membres qu’il est parfois difficile de s’attacher au destin de certains d’entre eux. Délaissant toute forme de psychologie individuelle, Lizzani s’attache surtout à décrire une action de groupe, au risque de rendre son long-métrage un peu froid et distancié. Il faut véritablement attendre la dernière demi-heure où plusieurs personnages succombent sous les balles nazies pour que le spectateur s’implique pleinement dans ce qui se déroule à l’écran. Cela rejoint bien l’esthétique voulue par les néoréalistes qui tentent de se détacher d’une dramatisation excessive pour approcher la vérité au plus près, mais ce style a tendance à diluer l’intérêt dans des détails qui alourdissent la projection.

Heureusement, Carlo Lizzani peut s’appuyer sur quelques acteurs solides pour donner le change. On citera notamment l’excellent Andrea Checchi, ou encore le futur réalisateur Giuliano Montaldo qui entrait tout juste dans le monde du cinéma (il signera par la suite le célèbre Sacco et Vanzetti). Du côté féminin, on appréciera la présence de la magnifique Gina Lollobrigida qui n’apparaît toutefois qu’au bout de quarante minutes de métrage. La jeune femme était déjà une vedette du cinéma italien depuis la fin des années 40, mais elle devrait attendre encore un peu pour devenir la grande star internationale que l’on connaît. Enfin, on notera aussi la faconde toujours appréciable de Pietro Tordi dans un rôle sur mesure pour son charisme.

Film de guerre intéressant à défaut d’être passionnant, Achtung! Banditi! a connu le succès dans les salles italiennes, mais n’a pas réussi à sortir en France avant le mois d’août 1963, et seulement dans quelques salles de province. Il a ensuite fait l’objet d’un DVD chez M6 Vidéo, comprenant la version complète d’un long-métrage qui fut longtemps censuré, à cause de quelques scènes plus politisées qui gênaient le pouvoir italien en place à l’époque.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 14 août 1963

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Achtung! Banditi!, l'affiche belge

L’affiche belge : © 1951 Cooperativa Spettatori Produttori Cinematografici / © 1955 Progrès Films S.A. Tous droits réservés.

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