5ème set : la critique du film (2021)

5^ème set confirme l’immense talent d’incarnation d’Alex Lutz dans la peau d’un tennisman qui cherche à prendre sa revanche sur la vie. Poignant et intense à la fois.

Synopsis : À presque 38 ans, Thomas est un tennisman qui n’a jamais brillé́. Pourtant, il y a 17 ans, il était l’un des plus grands espoirs du tennis. Mais une défaite en demi-finale l’a traumatisé et depuis, il est resté dans les profondeurs du classement. Aujourd’hui, il se prépare à ce qui devrait être son dernier tournoi. Mais il refuse d’abdiquer. Subitement enivré par un désir de sauver son honneur, il se lance dans un combat homérique improbable au résultat incertain…

L’arrière-cours du tennis professionnel

Critique : Ayant lui-même pratiqué le tennis à un bon niveau lors de sa jeunesse, le réalisateur Quentin Reynaud souhaitait avec 5^ème set (2020) évoquer l’envers du décor d’un sport professionnel finalement assez mal connu du grand public. L’auteur s’est notamment souvenu de bon nombre de ses camarades qui furent d’anciens espoirs dont la carrière n’a finalement débouché sur rien de vraiment probant. Voilà pourquoi il a choisi de suivre les pas d’un joueur has been depuis plus de quinze ans, mais qui refuse de s’avouer vaincu et qui cherche à conjurer le sort qui s’est abattu sur lui à l’issue d’un match raté.

Pour cela, Quentin Reynaud est parvenu à convaincre les dirigeants de Roland-Garros de lui ouvrir ses cours mythiques afin de filmer les matchs de la manière la plus réaliste possible. Il faut dire que les dirigeants ont vite compris que le projet de Reynaud se voulait respectueux des valeurs défendues par la fédération de tennis et que le film ne pouvait aucunement nuire à l’image de ce sport. Pourtant, Quentin Reynaud n’est pas toujours tendre avec un milieu qui est vu comme impitoyable. Alors que la compétition fait rage, il y a finalement peu d’élus pour tellement de prétendants qui restent définitivement sur le carreau.

La mise en lumière des héros de l’ombre

C’est finalement le point de vue de ces sportifs de l’ombre, ceux qui se battent avec ferveur et rage lors des épreuves de qualification que le cinéaste a voulu mettre ici en lumière. Il le fait à l’aide d’une histoire forte, voyant un homme de 38 ans – magnifique Alex Lutz – chercher à prouver qu’il n’est pas complètement fini et qu’il peut terminer sa carrière sur un coup d’éclat. Nous le suivons donc pendant sa phase de préparation, mais aussi dans son quotidien compliqué par sa vie de famille.

Si sa femme le soutient, elle ne peut s’empêcher de le trouver déraisonnable. Mais son contentieux le plus lourd à régler vient de sa relation houleuse avec sa mère. Absolument formidable dans un rôle dur et glacial, Kristin Scott Thomas incarne une matriarche qui ne vit que pour le tennis et qui mettait des espoirs fous dans son fils qui l’a déçu. 5^ème set est donc non seulement la reconquête de sa dignité personnelle par un homme brisé, mais aussi une tentative de se hisser au niveau des espérances de sa génitrice.

© Films du Cru, Cine +, Apollo Films, Studiocanal, Praesens Film Gapbusters. Photo : Marie-Camille Orlando

Un beau drame sportif qui a été un cruel échec en salles

Rythmé par des matchs plutôt tendus et filmés à même le cours, 5^ème set nous propose de très beaux échanges sportifs. La magie du montage opère parfaitement puisqu’on a vraiment l’impression de voir jouer Alex Lutz qui n’avait pourtant jamais touché à une raquette avant ses quatre mois de préparation pour le rôle. Le plus beau compliment qu’on puisse lui faire est que l’acteur disparaît totalement derrière son rôle, comme il avait su si bien le faire dans son Guy (2018), preuve qu’il fait désormais partie des grands. Face à lui, Ana Girardot et Kristin Scott Thomas sont impeccables et l’on peut également saluer la belle présence physique du jeune tennisman Jürgen Briand.

Doté d’un vrai suspense, aussi bien sportif que psychologique, 5^ème set est donc une très bonne surprise qui s’est malheureusement soldée par un terrible échec en salles lors de sa sortie de juin 2021. Il faut dire que le film est sorti un mois après la réouverture des salles, encore marquée par la crise sanitaire de la Covid 19. Proposé en première semaine sur un large parc de 226 salles, 5^ème set n’a attiré que 2 868 sportifs lors de son premier jour. Les salles ont continué à être vides puisque le métrage a terminé sa course à 52 808 compétiteurs sur toute la France. Un désastre vraiment injuste pour cette œuvre ambitieuse, tendue et surtout magnifiquement interprétée.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 16 juin 2021

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© 2020 22h22 -Apollo Films – Les Films du Cru – Ciné@ – StudioCanal – Gapbusters – Praesens-Film – Shelter Prod / Affiche : Marie-Camille Orlando (photographie). Tous droits réservés.

Biographies +

Kristin Scott Thomas, Frédéric Petitjean, Ana Girardot, Alex Lutz, Marianne Garcia, Jürgen Briand, Quentin Reynaud

Box-office :

Cinquième set de Quentin Reynaud avait de nombreux atouts pour réussir en salle, mais il s’est surtout heurté au mur de la Covid qui a rendu le retour des seniors et des plus de 40 ans difficile dans les cinémas. De surcroît, il a perdu beaucoup de points avec sa promo, peu convaincante. Pis, l’affiche défaitiste a littéralement éconduit les spectateurs qui ne l’ont tout simplement pas remarquée.

L’autre aspect négatif autour de la sortie de 5ème set, ce fut la concurrence. Après la deuxième fermeture des salles pour cause de confinement, chaque semaine de la reprise, qui eut lieu en mai, exposait les nouveautés à des dizaines de sorties.

La semaine du 16/06/2021 ne fut pas une exception. 17 longs métrages sont soudainement apparus : Un tour chez ma fille, avec Balasko, Sans un bruit 2, Un homme en colère de Guy Ritchie, Les 2 Alfred qui allait capter le public du long de Quentin Reynaud, Médecin de nuit d’Elie Wajeman qui visait aussi le même public, La nuée, L’un des nôtres avec Kevin Costner, Seize printemps... Tous ces prétendants bénéficiaient d’au moins 100 écrans pour prendre leur envol.

Dans ce contexte, 5ème set sert sa balle de match dès l’ouverture, incapable d’intégrer le top 10.  Son premier jour le positionne en 6e place des nouveautés, avec seulement 4 004 entrées dans 226 salles, soit une moyenne catastrophique de 20 spectateurs par site contre 52 pour Médecin de nuit.

Dépité, l’acteur caméléon Alex Lutz doit se résigner à être suivi par 28 769 spectateurs en première semaine, avant de perdre 48% (15 030 entrées, 237 salles). Aucun plébiscite ne vient lors de la semaine de la Fête du cinéma. L’effet est même inverse. Le drame sportif perd 98 écrans et 65% de sa fréquentation. Il est mourant à 5 310 amateurs de tennis dans 139 salles.

Les jeux sont faits. L’exploit sportif de Quentin Reynaud n’aura pas lieu. Lutz dépose la raquette au sol avec 53 673 spectateurs. Un score épouvantable au vu de son budget supérieur à 4 millions d’euros. Le distributeur, Apollo Films, se rattrapera un peu avec The Deep House qui fait illusion lors de la Fête du Cinéma, puis avec Pourris gâtés, et en 2022 avec Presque, La brigade et Les SEGPA.

Conscient de l’erreur de marketing, l’éditeur StudioCanal proposera 5ème set en DVD et blu-ray, avec un visuel de victoire, plus emphatique, moins déprimant. Une approche radicalement différente.

Analyse du box-office par Frédéric Mignard

© 2020 22h22 -Apollo Films – Les Films du Cru – Ciné@ – StudioCanal – Gapbusters – Praesens-Film – Shelter Prod / Affiche : Marie-Camille Orlando (photographie). Tous droits réservés.