1917 : la critique du film (2020)

Guerre | 1h59min
Note de la rédaction :
6/10
6
1917 de Sam Mendes présente son affiche

  • Réalisateur : Sam Mendes
  • Acteurs : Benedict Cumberbatch, Colin Firth, Richard Madden, Dean-Charles Chapman, George Mackay, Mark Strong, Daniel Mays, Andrew Scott
  • Date de sortie: 15 Jan 2020
  • Nationalité : Britannique, américain
  • Scénaristes : Sam Mendes, Krysty Wilson-Cairns
  • Distributeur : Universal Pictures International France
  • Editeur vidéo : Universal Pictures
  • Date de sortie vidéo : 24 juin 2020 (4K, blu-ray, DVD)
  • Recettes USA / hors USA 159 227 644$ / 225 710 388$
  • Box-office France / Paris Périphérie 2 203 337 entrées / 556 582 entrées
  • Budget : 95 000 000$
  • Récompenses : Golden Globes 2020 : meilleur film dramatique, meilleur réalisateur / 3 récompenses aux Oscars (Son, Effets spéciaux, Photographie)
  • Classification : Tous publics avec avertissement : " Certaines scènes de guerre peuvent être de nature à choquer le public".
  • Format : 2.39 : 1 / Couleur / Dolby Atmos, Dolby Digital, Dolby Surround 7.1
Note des spectateurs :

Sam Mendes retourne enfin à un cinéma plus personnel après son expérience plus impersonnelle sur la franchise James Bond. Avec 1917, film de guerre impressionnant et immersif, il reste néanmoins prisonnier du dispositif de son spectacle épique, pensé comme un plan-séquence unique.

Synopsis : Pris dans la tourmente de la Première Guerre mondiale, Schofield et Blake, deux jeunes soldats britanniques, se voient assigner une mission à proprement parler impossible. Porteurs d’un message qui pourrait empêcher une attaque dévastatrice et la mort de centaines de soldats, dont le frère de Blake, ils se lancent dans une véritable course contre la montre, derrière les lignes ennemies.

Critique : Il faut déjà saluer la démarche de Sam Mendes, qui réalise là son deuxième film de guerre après Jarhead – La fin de l’innocence, un film peut-être plus profond sur le désœuvrement de marines américains envoyés faire la guerre du Golfe. Avec 1917, le cinéaste vise la pure immersion, souhaitant montrer au spectateur l’enfer que pouvait vivre un jeune homme de l’époque parti faire la guerre des tranchées. 

Se voulant presque comme une expérience définitive sur la Première Guerre mondiale, il choisit, avec son chef opérateur star Roger Deakins, la grammaire du plan-séquence (en réalité plusieurs longs plans liés numériquement) pour coller son audience aux basques de ses deux jeunes soldats. 

1917 blu-ray de Sam Mendes

© Universal Pictures

Alice au pays des cauchemars

1917 débute presque comme Alice au pays des merveilles, avec cette somnolence au pied d’un arbre, au milieu d’une nature intacte et enveloppante. Dans un mouvement circulaire, au bout de la linéarité de son installation, le long métrage se refermera par la même image ou presque, comme si l’on venait de vivre un cauchemar. Et il s’agit bien de cela, d’une plongée dans un cauchemar, avec ce premier mouvement en travelling arrière, à mesure que nos deux héros s’enfoncent dans la tranchée – dans le terrier – pour aller récupérer leur ordre de mission.

Il s’agit de rallier le plus vite possible la position d’un autre bataillon qui se prépare à attaquer, en réalité de tomber dans un piège mortel. Ils vont devoir braver mille et un dangers pour y parvenir, de traversées de no man’s land en galeries piégées jusqu’aux embuscades et un avion abattu.

1917, le film impressionne…

Dans son format de blockbuster d’auteur, avec des têtes d’affiche quasi-inconnus du grand public (George MacKay a été vu, entre autres, dans la série 22.11.63 et Captain Fantastic ; Dean Charles-Chapman dans les séries Game of Thrones et Into the badlands…) et sa forme disons expérimentale à défaut d’être originale (le film pensé comme unique plan-séquence a un bel historique avant lui, de La Corde d’Hitchcock à Utoya 22 Juillet en passant par Birdman ou Victoria mais surtout L’Arche Russe de Sokourov en 2002, premier film tourné véritablement en un seul plan-séquence d’une heure et demie…), 1917 rappelle le Dunkerque de Christopher Nolan, bien que ce dernier était radicalement différent dans son rapport à la perception relative du temps et donc à sa narration qui devait user largement du montage alterné.

Le problème est qu’ici, passé la sidération des débuts, on s’enferme vite dans une routine qui nous force à anticiper la prochaine performance.

1917 et son impressionnant plan d'une église en flammes

© 2019 Universal Pictures and Storyteller Distribution Co., LLC. All Rights Reserved.

…mais montre vite ses limites.

On va être impressionné, on le sait : la caméra tourne autour des personnages de manière fluide, plonge sous terre avec eux, glisse contre les rats et les cadavres, mais on sent bien que tout n’est que prétexte pour nourrir le procédé, justifier sa mise en place. C’est d’autant plus frustrant que l’on est sincèrement impressionné par la technique et la composition des séquences, mais difficile, paradoxalement, d’en faire abstraction pour se sentir réellement investi dans cette histoire.

Si l’on peut légitimement pester contre les films d’action sur-découpés et montés au hachoir, la virtuosité du long plan-séquence, à l’extrême opposé, peine à justifier, ici en tout cas, son intérêt. C’est impressionnant, mais aucune séquence ne l’est plus que la fuite du cheval à travers les tranchées du Cheval de Guerre de Spielberg (qui emploie aussi Benedict Cumberbatch dans un rôle similaire), grand maître du découpage et du regard. Aucune séquence n’est plus éprouvante que le débarquement d’Il faut sauver le soldat Ryan, du même cinéaste, qui sait jouer de la désorientation en même temps qu’elle sait rester lisible, dans un film qui partage d’ailleurs quelques points communs avec 1917 puisqu’il faut retrouver sur le champs de bataille un soldat pour l’exfiltrer du conflit. 

Une expérience à apprécier en salles

Il n’est pas question de bouder son plaisir devant un tel spectacle techniquement maîtrisé, avec un Sam Mendes investi qui a à cœur de montrer ce qu’à pu vivre et ressentir son grand-père Alfred Mendes, qui lui aura raconté une histoire similaire. 

La photographie de Deakins est comme d’habitude splendide, notamment dans cette séquence nocturne qui arrive après une ellipse plutôt bien sentie et étonnante, alors que l’on s’attendait à un film en temps réel, et qui file la métaphore du cauchemar et de l’Enfer sur Terre avec ces bâtiments – dont une église – en flammes.

Mais il manque vraiment une épaisseur à 1917, quelque chose qui élèverait le film au-delà de son procédé tape-à-l’œil, pour qu’il soit vraiment mémorable. Et c’est bien dommage.

Critique : Franck Lalieux

Box-office :

Avec un budget ambitieux de 95M$, 1917 a combattu bravement deux mois avant le grand confinement qui allait fermer les salles pour la première fois de leur histoire.

Les Etats-Unis, où le film a été lancé le jour de Noël 2019 pour pouvoir concourir aux Oscars, a été leader avec 159M$, suivi du Royaume-Uni, pays natal de Mendes (57M$). La France arrive en troisième position des recettes mondiales avec 16.9M$, loin devant l’Allemagne qui a été moins généreuse (9M$).

Frédéric Mignard

Les sorties du 15 janvier 2020

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