Réalisateur, scénariste et producteur britannique, Robert Stevenson est né en 1905 à Buxton, dans le Derbyshire en Angleterre. A l’adolescence, il intègre la prestigieuse université de Cambridge, puis entre dans le milieu du cinéma par le biais d’une agence de presse spécialisée dans les bandes d’actualités. A la fin des années 20, il saisit l’opportunité de devenir scénariste au sein de la production cinématographique anglaise et signe ainsi plusieurs scripts pour le réalisateur Victor Saville, dont celui du drame Michael and Mary (1931), Sunshine Susie (1931), The Faithful Heart (1932) et Love on Wheels (1932).
Robert Stevenson, un cinéaste anglais prometteur
Sur les plateaux, il fait la connaissance de l’acteur Jack Hulbert qui l’engage comme réalisateur à part entière sur la comédie Happy Ever After (1932). Un galop d’essai qui s’avère concluant et initie une carrière imposante d’une quarantaine d’années. Les deux compères coréalisent Falling for You (1933), mais Robert Stevenson va ensuite voler de ses propres ailes.
Le jeune réalisateur prometteur est finalement repéré grâce au succès rencontré par son film historique Marie Tudor (1936) avec Cedric Hardwicke. Il s’agissait assurément d’une exploitation du succès rencontré peu de temps avant par le film d’Alexander Korda sur Henry VIII avec Charles Laughton. Alors que le cinéaste épouse l’actrice Anna Lee, ils tournent ensemble un autre film important intitulé Les mines du Roi Salomon (1937) qui rencontre un beau succès commercial.
L’envol pour Hollywood
Tandis qu’il continue à alimenter le Royaume-Uni de petits films courts dont l’exemple-type demeure New York Express (1937), le jeune espoir du cinéma anglais est sollicité par Hollywood et notamment le producteur David O. Selznick qui le prend sous contrat. Dès 1941, Stevenson s’impose comme un réalisateur sûr grâce à Back Street (1941) avec Charles Boyer qui obtient une nomination à l’Oscar de la meilleure musique. Le cinéaste, que l’on peut qualifier de yes man ou de bon artisan en fonction du point de vue, connaît un autre succès avec Jeanne de Paris (1942) qui met en valeur la beauté de Michèle Morgan dans un drame de guerre qui est encore sélectionné aux Oscars.
© 1943 Twentieth Century Fox / Affiche : Constantin Belinsky. Tous droits réservés.
Toutefois, le cinéaste est aussi capable de s’attaquer à des monuments de la littérature comme Jane Eyre (1943) avec Orson Welles et Joan Fontaine d’après l’œuvre de Charlotte Brontë. On notera que lors de sa sortie française d’après-guerre, le long-métrage a su réunir les foules avec 2,6 millions de spectateurs dans les salles obscures. Après ce coup d’éclat, la carrière de Robert Stevenson rentre un peu plus dans le rang et se distingue difficilement de ses collègues réalisateurs sous contrat.
On lui doit toutefois quelques bons films noirs comme La femme déshonorée (1947), Opium (1948), La grève des dockers (1949) avec Robert Ryan en vedette ou encore L’étranger dans la cité (1950) avec Joseph Cotten et Alida Valli. Il connaît toutefois un échec commercial cinglant avec Scandale à Las Vegas (1952) qui le pousse à accepter désormais des travaux pour la télévision.
Le temps des travaux télévisuels, puis 20 ans au service de Disney
Désormais, Robert Stevenson passe plus de cinq ans à tourner des épisodes de séries télé, pour certaines prestigieuses, mais qui sont bien loin de ses ambitions initiales. Cette carrière étrange prend encore une autre tournure en 1957 lorsqu’il est engagé par la firme Disney pour tourner le film d’aventures pour gamins Johnny Tremain (1957). Alors qu’il pensait ne réaliser qu’un seul long-métrage pour le célèbre studio, Robert Stevenson en est devenu l’un des piliers les plus aguerris. Il rencontre notamment le succès avec Le fidèle vagabond (1957) qui met en scène les aventures d’un gamin et de son chien. Même en France, le film tutoie le million d’entrées. Toujours pour Disney, il signe Darby O’Gill et les farfadets (1959).
© 1962 Walt Disney Productions. All Rights Reserved.
Le triomphe de Mary Poppins
Parmi sa production pléthorique pour la firme aux grandes oreilles, on se souviendra notamment de Les Enfants du capitaine Grant (1962) d’après Jules Verne, mais le nom de Robert Stevenson reste à jamais attaché au triomphe de Mary Poppins (1964) avec Julie Andrews. Le triomphe est tel aux States que le film se hisse à la première place du box-office nord-américain de l’année 1964. En France, ils furent plus de 4 millions de jeunes spectateurs à venir rêver avec la nounou fantastique. Lors de la cérémonie des Oscars 1965, le film a glané cinq récompenses dont ceux de la meilleure actrice pour Julie Andrews, ainsi que ceux de la meilleure musique. Malgré une nomination, Robert Stevenson ne reçoit pas la statuette du meilleur réalisateur qui échoie à George Cukor pour My Fair Lady (également récompensé en tant que meilleur film).
© 1969 Walt Disney Productions. / Affiche : Guy Jouineau ; Guy Bourduge. Tous droits réservés.
Robert Stevenson continue à œuvrer dans le spectacle familial avec notamment L’espion aux pattes de velours (1965) qui réunit 1,4 million de bambins dans les salles françaises. Les enfants peuvent toujours compter sur le réalisateur pour les faire rêver avec notamment Le fantôme de Barbe Noire (1968) et ses 2,2 millions de spectateurs, l’amusant Un amour de Coccinelle (1969) et ses 3,1 millions de gamins hystériques ou encore L’apprentie sorcière (1971) qui mélangeait personnages animés et acteurs en chair et en os.
Stevenson, au service de la famille
Finalement, Robert Stevenson tourne Le nouvel amour de coccinelle (1974) qui séduit 2,8 millions de petites têtes blondes et il entend susciter leur imaginaire avec L’île sur le toit du monde (1974) pour 2,6 millions de tickets vendus. L’usine à rêves fonctionne donc à plein régime et le cinéaste effectue un dernier tour de piste avec le très canin Un candidat au poil (1976) qui sent toutefois la fin d’une époque.
Prenant sa retraite à la fin des années 70, Robert Stevenson décède finalement en 1986 d’une longue maladie à l’âge vénérable de 81 ans. Il fut toujours au service d’une industrie du divertissement, livrant des produits conformes aux attentes et respectueux des spectateurs. A noter que bon nombre de ses films sont présents de nos jours sur la plateforme Disney +.