Réalisateur et scénariste autrichien né à Munich en 1942, Michael Haneke est le fils de l’acteur Fritz Haneke et de l’actrice Beatrix Degenschild. Alors qu’il souhaite devenir pasteur durant sa prime adolescence, le jeune Michael étudie la philosophie et l’art dramatique à l’université de Vienne.
Michael Haneke, dix-huit ans de théâtre et de télévision
Il commence par rédiger des critiques de films entre 1967 et 1970. La décennie suivante, il travaille essentiellement comme metteur en scène de théâtre. Après avoir monté de pièces de Kleist, Goethe et Stindberg, il est embauché comme réalisateur à la télévision allemande. Là, il signe six téléfilms et une mini-série, ce qui l’occupe de 1974 à 1986. Il y développe déjà un certain nombre de thèmes qui deviendront récurrents dans son cinéma.
Le temps des films chocs
Il aborde le grand écran avec Le septième continent (1988) qui était initialement destiné à la télévision, mais son sujet trop dur – le suicide d’une famille entière – l’a éconduit de l’antenne. Du coup, le film est sorti en salles. Le drame, d’une froideur extrême est surtout repéré des cinéphiles les plus pointus puisqu’il ne réunit que 1 341 spectateurs en France. Michael Haneke revient ensuite à la télévision avant de dégoupiller le métrage qui va le révéler : Benny’s Vidéo (1992). Le métrage glace à nouveau les sangs par son sujet extrême et son traitement chirurgical.
Il est présenté dans quelques festivals et cumule 21 885 curieux en France. Le cinéaste revient à un certain anonymat avec son œuvre suivante, le déroutant 71 fragments d’une chronologie du hasard (1994) qui n’intéresse que 12 404 spectateurs. Pourtant, le long-métrage a fait le bonheur du jury de Stiges qui lui a octroyé le Prix du meilleur film et celui du meilleur scénario.
© 1997 Wega Film / Affiche : Pierre Collier (affichiste) – Deleuse (agence). Tous droits réservés.
Le statut de Michael Haneke change à partir de son film choc Funny Games (1997) qui déclenche de vraies polémiques par son traitement glacial de la violence. Malgré une lourde interdiction aux moins de 16 ans, le métrage réunit 58 134 serial-killers dans les salles françaises et devient culte pour une génération entière de cinéphiles. Le film est même présenté au Festival de Cannes, ce qui inaugure une longue série pour Haneke.
La reconnaissance et le succès des années 2000
Avec son œuvre suivante – l’étrange et insaisissable Code inconnu (2000) – Michael Haneke commence à tourner régulièrement en France, tout en recevant des aides financières de tous les pays européens. Malgré la présence de Juliette Binoche au générique et du Prix œcuménique de Cannes, le métrage désarçonne le grand public et s’écrase à 41 213 tickets vendus. Après ce désaveu, Haneke va enfin connaître son premier gros succès commercial avec le sulfureux et dérangeant La pianiste (2001), porté par l’interprétation d’Isabelle Huppert, Benoît Magimel et Annie Girardot. Ils ont été 776 522 mélomanes pervers en salles, tandis que le film a glané le Grand Prix du jury et deux prix d’interprétation à Cannes, ainsi que le César de la meilleure actrice dans un second rôle pour Annie Girardot.
Malgré ce beau succès, Haneke ne lisse pas son cinéma et livre une autre œuvre radicale avec Le temps du loup (2003) qui ne séduit pas le public et est un échec commercial avec seulement 30 380 cinéphiles sur toute la France.
© 2005 Les Films du Losange – Wega Film – Bavaria Film – BIM Distribuzione / Affiche : Les Quatre Lunes (Paris) (agence). Tous droits réservés.
Haneke retrouve les voies du succès avec son faux thriller Caché (2005) porté par Daniel Auteuil et Juliette Binoche. Le métrage très complexe gagne une flopée de prix dont celui de la mise en scène à Cannes, ainsi que le Prix du jury œcuménique. Ils ont surtout été 524 322 amateurs de thriller mémoriel dans les salles.
Cependant, on ne saisit pas vraiment l’intérêt de refaire à l’identique son Funny Games pour le marché américain, si ce n’est un beau chèque. Funny Games U.S. (2007) n’apporte strictement rien d’intéressant à la filmographie d’un cinéaste aussi prestigieux et ambitieux. On préfère largement lorsque celui-ci s’attaque à un sujet proche du cinéma de Bergman. Il s’agit du Ruban blanc (2009), très belle évocation en noir et blanc de la naissance du nazisme. Cette fois, la consécration est mondiale avec deux nominations aux Oscars, la Palme d’or à Cannes, un Golden Globe du meilleur film étranger et également 10 prix aux German Awards. Malgré une durée conséquente et un sujet rigoureux, ils furent 686 240 germanophones à faire le déplacement en salles. Une vraie consécration.
Une décennie 2010 plus compliquée
Le réalisateur débute les années 2010 avec le très fort Amour (2012) qui évoque la fin de vie avec une grande puissance de frappe. Le film fédère 767 418 grabataires dans les salles et obtient plusieurs prix dont l’Oscar du meilleur film étranger, une nouvelle Palme d’or, et 5 César parmi les plus prestigieux (meilleurs acteurs, meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur scénario).
Pourtant, la suite des années 2010 est plus compliquée pour le réalisateur déjà âgé. Il se consacre de plus en plus à la mise en scène d’opéras. Il tente également de monter un projet américain qui tombe à l’eau et se console en tournant Happy end (2017). Pourtant, cette fois-ci, la mécanique du réalisateur semble grippée et le film déçoit beaucoup. Alors que le métrage est présenté à Cannes, il ne reçoit aucun prix et s’écrase au box-office avec seulement 85 024 migrants à son bord, malgré la présence au générique d’Isabelle Huppert et Jean-Louis Trintignant.
Depuis cette déception, Michael Haneke semble davantage en retrait.