Né André Pierre Darricau, Darry Cowl étudie la musique classique et échoue au Conservatoire de Paris. Il se lance alors dans une activité de pianiste-accompagnateur dans des cabarets, s’inventant un personnage d’ahuri « frisotté à lunettes », bégayant et zozotant.
Darry Cowl, un acteur comique attachant
Il débute au théâtre en 1953, et au cinéma deux ans plus tard. Il joue alors des petits rôles de réceptionniste, surveillant, ou détective, avant d’être repéré par Sacha Guitry.
Le réalisateur l’engage alors pour ses deux derniers films, en 1957 : il lui donne un second rôle savoureux dans Assassins et voleurs (1957), avant de le diriger dans Les Trois font la paire, où il donne la réplique à Michel Simon et Sophie Desmarets.
Les producteurs tentent la même année d’en faire une vedette comique avec Le Triporteur (1957) de Jack Pinoteau. La comédie est charmante et rencontre un grand succès, installant Darry Cowl dans le paysage cinématographique français. Il tourne alors énormément, plus d’une trentaine de films entre 1958 et 1965.
Si certains marchent au box-office, la qualité ira en déclinant. Les nanars s’accumulent, signés Jean Boyer, Jean Girault, Jacques Poitrenaud ou Raoul André. De Livreurs et Bricoleurs en Baratineurs, les titres parlent d’eux-mêmes. Seul La Bourse et la vie (1965) de Jean-Pierre Mocky, se détache du lot, mais la vedette en est Fernandel.
Darry Cowl est d’ailleurs rétrogradé dans les rôles d’appoint, et apparaît dans des bandes montées autour d’Annie Girardot, Belmondo, ou Poiret et Serrault. Son unique tentative de réalisation, Jaloux comme un tigre (1964), qu’il interprète avec la jolie Dany Saval, se solde par un échec.
Des navets à la pelle, oui, mais aussi Mocky et Resnais
Les années 70 forment une traversée du désert, marquée par une addiction au casino, qui lui occasionne une ruine financière. Il enchaîne les rôles alimentaires, commissaire dans Elle cause plus, elle flingue (1972) de Michel Audiard, ou savant dans Y’a un os dans la moulinette (1974) de Raoul André. Il est tout de même naturaliste dans Touche pas à la femme blanche ! (1974) de Marco Ferreri.
Il continue à tourner des navets à la pelle dans les années 80, prof de maths dans Le Bahut va craquer (1982) de Michel Nerval, écrivain dans T’es folle ou quoi ? (1982) de Michel Gérard, juge d’instruction dans On l’appelle catastrophe (1983) de Richard Balducci, ou Rouget de l’Isle dans Liberté, égalité, choucroute (1984) de Jean Yanne. C’est à nouveau Mocky qui sauve les meubles, dans Les Saisons du plaisir (1987) plus qu’Une nuit à l’Assemblée nationale (1988).
Pourtant, Darry Cowl va connaître une certaine renaissance artistique dans les années 90, au théâtre, et au cinéma. À la scène, il abandonne le mauvais boulevard pour des spectacles de qualité, et décroche le Molière du comédien dans un second rôle en 1995 pour deux pièces de Feydeau. Il tourne moins mais mieux, donnant la réplique à Maggie Cheung et Jean-Chrétien Sibertin-Blanc dans l’attachant Augustin, roi du kung-fu (1999) d’Anne Fontaine.
Darry Cowl reçoit un César d’honneur en 2002, avant d’interpréter Madame Foin, la concierge, dans l’opérette filmée Pas sur la bouche (2003) d’Alain Resnais, qui lui vaut le César du meilleur acteur dans un second rôle. Il tournera encore cinq films jusqu’à sa mort, en 2006.