Corey Haim est l’un des destins tragiques d’Hollywood, mais restera pour beaucoup le visage poupon du teen movie américain des années 80.
Corey Haim, enfant star, démarre dans des publicités avant de tourner son premier long métrage en 1984, Firstborn, pour Michael Apted. Une porte ouverte pour une carrière aussi iconique que malheureuse.
Le jeune Canadien de Toronto évolue très vite dans le cinéma américain, presque exclusivement dans le cadre de production pour adolescents : des comédies (Une amie qui vous veut du bien), du fantastique avec, à l’intérieur, des morceaux de vampire (le culte Génération perdue, de Joel Schumacher qui l’engagera pour un caméo dans Batman et Robin 10 ans plus tard), de loup-garou (Peur bleue, d’après Stephen King, où il tient le premier rôle, celui d’un ado paraplégique pourchassé par le monstre) et d’autres créatures mutantes (Watchers de Jon Hess, avec Barbara Williams).
Corey Haim traîne également sa bouille de gosse trognon dans des mélodrames comme, évidemment, Lucas de David Seltzer, avec Charlie Sheen et Winona Ryder, culte aux USA, même si le résultat ne sera pas totalement à la hauteur des attentes au box-office. Il en tient le rôle principal. Il est aussi le fils de Sally Field dans la romance adulte Murphy’s Romance, de Martin Ritt. Un succès américain que l’on ne connaît pas vraiment en France, puisque le film semble être inédit de par chez nous. A la télévision, comme dans Peur Bleue (Silver Bullet), Corey Haim est aussi paraplégique, ou du moins atteint d’atrophie musculaire, dans un drame inspiré d’une histoire vraie qui vaut à Liza Minelli, en 1986, un Golden Globe d’interprétation : A Time to Live de Rick Wallace.
Jaquette vidéo française de Lucas (gauche) et son affiche américaine (droite) © Twentieth Century Fox. All Rights Reserved.
Les comédies pour adolescents font le succès de Corey Haim sans pour autant le faire basculer dans le star system d’un Tom Cruise ou d’un Charlie Sheen, ou, à un moindre niveau de Rob Lowe. Il joue notamment dans License to drive que l’on voit en France dans les salles de cinéma de province ou en VHS. La comédie de Greg Beeman ne manque pas carburant, et est suivi par De l’autre côté du rêve (Dream a Little Dream of Me). Des spectacles immatures qui ne font pas de lui une star mais lui assure une célébrité chez un public jeune.
Haim partage alors une belle histoire d’amitié avec l’autre Corey d’Hollywood des années 80, Corey Feldman, après trois longs ensemble (Génération perdue, Plein Pot, Dream a Little Dream). Alors qu’Haim connaît une série de bides qui précipitent son extraction des casting de films de studio, il a du mal à gérer ses addictions, notamment à la cocaïne et à l’héroïne. Il va connaître une chute notoire que son camarade expliquera par des blessures douloureuses remontant à ses années en tant qu’enfant star. Selon la théorie de Corey Feldman, dont la carrière a été éclipsée par son combat contre les crimes pédophiles à Hollywood, Corey Haim aurait sombré dans la drogue et la dépression jusqu’à devenir infréquentable, en raison de viols subis durant le tournage de Lucas, en 1986. L’adolescent n’avait que 14 ans. Rien n’a été prouvé, mais l’attitude autodestructrice de Haim pendant les années 90 et 2000 va nourrir les théories les plus complotistes.
affiche cinéma française et jaquette vidéo de License to drive © Twentieth Century Fox. All Rights Reserved
Vraies ou fausses, ces accusations posthumes rendent encore plus insaisissable la carrière d’un acteur qui a peut-être démarré trop tôt (la série Paul et les Jumeaux en 1984 ; le thriller de cinéma Firstborn de Michael Apted, la même année), qui n’a pas su être gérée par ses parents (son père a notamment été son agent) et qui dégringole à la fin des années 80, au moment du futuriste Les Rollerboys (DTV en France), échec d’une époque qui s’achevait.
Même aux USA, l’ancien espoir du cinéma est relégué au marché de la vidéo. Il repart aussi souvent au Canada, son pays d’origine, pour tourner, notamment la comédie Oh, What a Night, où il retrouve encore sa compatriote Barbara Williams.
Aux USA, Corey Haim tourne avec des acteurs improbables (Cynthia Rothrock dans Fast Getaway), Brigitte Nielsen dans The Double O Kid et Snowboard Academy), dans des films improbables (le thriller érotique Blown Away, avec sa fiancée de l’époque, Nicole Eggert, présente aussi dans The Double O Kid et Anything for Love, mais aussi lors de ses problèmes d’overdoses).
Corey Haim joue encore dans quelques films aux côtés de son acolyte de jeunesse, Corey Feldman. Outre Blown Away en 1992, ceux que les Américains surnomment les “two Coreys” sont d’un National Lampoon pitoyable (Les vacances des maîtres plongeurs, aka National Lampoon’s Last Resort) et même de la suite de Dream a Little Dream. Un moment donné, même son amitié avec Corey Feldman qui le dirigera dans sa seule réalisation, Busted, en 1996, se fracturera. Mais ils apparaîtront ensemble dans un spectacle de télé-réalité, The Two Coreys, en 2007 et 2008. Il n’y aura pas de troisième saison en raison de l’enfermement d’Haim dans la drogue. D’ailleurs, à cette même époque, quand Feldman tourne dans le sequel de Génération perdue, Haim ne peut être de l’aventure et ne fait qu’une apparition dans le générique de fin. Dommage, pour Warner, ce home-movie fut un succès considérable.
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Corey Haim, producteur également qui fera banqueroute, a aussi été l’interprète d’un single d’Eurodance, You Give Me Everything, tentative désespérée de se faire de l’argent, puisque avec le déclin de sa carrière, l’acteur traversera de grosses crises financières et devra retourner chez sa mère au Canada, où il disparaîtra.
Quand le comédien décède en 2010, des rumeurs d’overdose se répandent avant d’être contredites par les déclarations des médecins légistes. Il est mort d’une pneumonie et d’une hypertrophie du cœur.
Corey Haim n’avait que 38 ans.
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Affiche américaine de Peur Bleue (Silver Bullet), réalisée par l’illustrateur italien Enzo Sciotti. © Enzo Sciotti. All Rights Reserved.