Acteur, producteur et scénariste américain, Chuck Norris (de son vrai nom Carlos Rey Norris) est né en 1940 à Ryan dans l’Oklahoma. Il est issu d’une famille d’origine cherokee et irlandaise et est l’aîné d’une fratrie de trois, dont le réalisateur Aaron Norris. En 1956, ses parents se séparent et Chuck Norris emménage en Californie.
Chuck Norris, le champion d’arts martiaux
A cette époque, il étudie au lycée, rencontre celle qui devient sa femme en 1958 (jusqu’en 1989, malgré bien des déboires, dont une longue liaison adultère qui donne naissance à une petite fille). Il intègre alors l’US Air Force et est envoyé faire son service en Corée du sud où il apprend le tangsudo, un art martial coréen ancestral.
Lorsqu’il revient aux States, il quitte l’armée et ouvre une école de karaté qui reçoit la visite de nombreuses célébrités du cinéma. Parallèlement, Chuck Norris devient un champion de karaté dans la catégorie des poids moyen dès 1968. Il possède alors des ceintures noires en tangsudo et en taekwondo. C’est à cette époque que son carnet d’adresse hollywoodien lui permet d’obtenir une participation dans le film Matt Helm règle son comte (Phil Karlson, avec Dean Martin. Devenu champion du monde de karaté des poids moyen au début des années 70, Chuck Norris se voit offrir le rôle de l’adversaire occidental de Bruce Lee dans le culte La fureur du dragon (Bruce Lee, 1972). Ce rôle et cette prestation le marqueront à vie, établissant notamment sa crédibilité à l’écran.
L’ascension dans la série B burnée
Après avoir pris des cours de comédie afin d’améliorer son jeu dramatique – sa faiblesse jamais totalement compensée – Chuck Norris enchaîne les séries B à la fin des années 70. Il est ainsi le héros de Les casseurs (Don Hulette, 1977), Le commando des tigres noirs (Ted Post, 1978) ou encore La fureur du juste (Eric Karson, 1980). Le succès est à chaque fois limité, mais l’acteur confirme son poids dans l’industrie du film de tatane avec Dent pour dent (Steve Carver, 1981), Horreur dans la ville (Michael Miller, 1982) et L’exécuteur de Hong Kong (James Fargo, 1982).
Chuck Norris doit attendre l’année 1983 pour remporter son premier vrai triomphe personnel avec Œil pour œil (Steve Carver, 1983) qui est un gros carton, non seulement aux States, mais aussi en France où il mobilise 741 408 spectateurs. Il s’agit en France de son premier vrai succès personnel puisque les 4 millions d’entrées de La fureur du dragon étaient liées au phénomène Bruce Lee. A la suite de ce beau succès, Chuck Norris décroche un contrat d’exclusivité avec la Cannon de Menahem Golan et Yoram Globus.
Les années 80, une période Cannon
Chuck Norris tourne simultanément Portés disparus (Joseph Zito, 1984) et Portés disparus 2 – Pourquoi ? (Lance Hool, 1985). Notons que le numéro 1 devait initialement être la suite, mais que les exécutifs du studio ont préféré le sortir en premier afin d’assoir la crédibilité artistique de la nouvelle franchise, largement copiée sur le postulat de Rambo (Ted Kotcheff). Excellente stratégie puisque le film de Joseph Zito est un gros carton international (avec même 837 107 Français dans les salles), tandis que celui de Lance Hool marque quelque peu le pas.
Dans la foulée, Chuck tourne deux autres titres incontournables de son catalogue avec Sale temps pour un flic (Andrew Davis, 1985) qui demeure l’un de ses meilleurs films et l’inénarrable Invasion U.S.A. (Joseph Zito, 1985) qui imagine l’agression de l’URSS sur les USA avec un bataillon… d’une trentaine d’hommes. Ce dernier film est un nanar culte typique de l’anticommunisme primaire qui régnait sous Ronald Reagan. Ils furent 625 577 amateurs de bastos à venir voir le nanar en France.
Chuck Norris est désormais une star confirmée du film d’action et il enchaîne avec Delta Force (Menahem Golan, 1986) qui fonctionne encore bien en salles. En France, le succès est encore là avec 696 520 tickets déchirés, mais on commence à sentir un tassement des entrées qui n’ont d’ailleurs jamais été mirobolantes, le bonhomme étant surtout apprécié en VHS.
Pour Norris, il était temps de se diversifier et de passer au film d’aventures alors très en vogue depuis Indiana Jones. Il nous donne donc Le temple d’or (Jack Lee Thompson, 1986) qui est une friandise kitsch sympathique. L’acteur vit sa dernière lune de miel avec le public français (510 493 entrées), mais les Américains ne le suivent pas dans cette reconversion.
Il était donc temps de revenir aux fondamentaux avec un Braddock : Portés disparus 3 (1988), réalisé par son petit frère Aaron Norris. L’échec commercial est cette fois sans appel, sur tous les territoires. La même année, le karatéka revient avec un thriller horrifique nommé Héros (William Tannen, 1988) qui, malgré des qualités, se vautre au box-office.
La décadence et la rédemption télévisuelle de Walker, Texas Ranger
Décidément, plus rien n’y fait, et Delta Force 2 (Aaron Norris, 1990) est un nouvel échec à mettre sur sa liste. Ajoutons à celle-ci L’arme secrète (Aaron Norris, 1991), sorti directement en vidéo chez nous. Essayant toutes les formules possibles afin de reconquérir son public, Chuck Norris se tourne vers le spectacle familial du style Karaté Kid avec Sidekicks (Aaron Norris, 1992) qui occasionne un petit sursaut en salles en France avec 222 316 bambins.
C’est finalement la télévision qui va permettre à Chuck Norris de perdurer grâce à son personnage culte de Walker, Texas Ranger qu’il a interprété dans pas moins de 196 épisodes entre 1993 et 2001, ainsi que dans plusieurs téléfilms dédiés.
Entre deux sessions de tournage de sa série à succès, Chuck Norris tente un retour au grand écran avec le policier canin Top Dog (Aaron Norris, 1995) qui est un nouveau flop, tandis que le bonhomme s’engage dans l’écologie avec le nanardesque L’esprit de la forêt (Aaron Norris, 1996) où il incarne un trappeur à la coupe de cheveu improbable. La suite de sa carrière se déroule majoritairement à la télévision.
Quelques apparitions éparses dans les années 2000-2010
Lorsqu’il apparaît désormais au cinéma, c’est surtout en guise de clin d’œil à ses glorieuses années 80. Ainsi, on le voit dans la comédie référentielle Dodgeball – Même pas mal ! (Rawson Marshall Thurber, 2004), mais aussi dans Expendables 2 : Unité spéciale (Simon West, 2012). Ayant désormais franchi la barre des 80 ans, Chuck Norris n’apparaît quasiment plus à l’écran si ce n’est rapidement, notamment depuis ses deux arrêts cardiaques consécutifs de 2017.
On notera qu’il est l’heureux grand-père de 13 petits-enfants.