Réalisateur, scénariste et assistant américain, Phil Karlson est né en 1908 dans une famille juive. Il a commencé par étudier la peinture, avant de se produire sur scène comme acteur sans obtenir de grand succès. Finalement, il est embauché dans un poste subalterne à la Universal, ce qui lui donne l’envie de continuer dans la voie du cinéma.
Un assistant très actif dans les années 30
Dès 1932, il travaille comme assistant, notamment pour Stuart Walker sur Great Expectations (1934) et Le monstre de Londres (1935), mais aussi pour Walter Lang sur Ce que femme veut ? (1936). A la même époque, il tourne beaucoup au côté de Richard Thorpe et arpente également la série B au côté de Joe May pour Le retour de l’homme invisible (1940) et La maison aux sept pignons (1940). Toutefois, sa carrière prend de l’élan lorsqu’il travaille sur La Maison des 7 péchés (Garnett, 1940) qui lui permet de côtoyer des stars du calibre de John Wayne et de Marlene Dietrich.
Pourtant, Phil Karlson ne parvient pas à dénicher une opportunité de passer à la réalisation et il choisit de rompre son contrat et de passer à la Monogram Pictures en 1944. Là, il peut enfin réaliser ses propres films dans des budgets contraints de série B. Phil Karlson est notamment appelé par l’acteur Lou Costello pour tourner A Wave, a WAC and a Marine (1944) que son réalisateur lui-même détestera. En revanche, Karlson commence à prendre ses marques avec la comédie G.I. Honeymoon (1945) qui reçoit même une nomination aux Oscars pour la meilleure musique. Le cinéaste, doué pour mettre en valeur les décors, parvient à sauver de la catastrophe des productions rachitiques comme Le cobra de Shanghaï (1945) qui exploite le personnage de Charlie Chan joué par Sidney Toler.
Karlson, petit maître du film noir des années 50
Karlson est alors apprécié pour sa capacité à tourner très vite et il enchaîne donc les séries B à grande vitesse. Dans le lot, on peut citer Trafic d’âmes (1946) avec Kay Francis, Kilroy Was Here (1947) et surtout Le gagnant du Kentucky (1947) avec Anthony Quinn. Après le film adolescent Rocky (1948), Phil Karlson passe à la Columbia où il réalise quelques westerns comme Le brigand de Silverado (1948) et L’Etalon sauvage (1948), avant de partir en Angleterre pour signer deux séries B : Le chat sauvage (1949) et Down Memory Lane (1949).
Par la suite, il travaille régulièrement pour le producteur Edward Small et livre ainsi le western La piste des Iroquois (1950) qui s’inspire de James Fenimore Cooper. A cette époque, le cinéaste réalise quelques-uns de ses meilleurs titres comme L’inexorable enquête (1952) d’après un roman de Samuel Fuller, mais aussi le film d’aventures Le proscrit (1952). Toutefois, c’est surtout Le quatrième homme (1952) qui est unanimement considéré comme son chef d’œuvre. Le cinéaste confirme la puissance de son inspiration dans l’excellent L’affaire de la 99ème rue (1953) qui le place définitivement comme un petit maître du film noir.
A la même époque, Phil Karlson commence à être sollicité par la télévision, mais il signe encore plusieurs films de cinéma importants dans le domaine de la série B, notamment Coincée (1955) avec Ginger Rogers et l’excellent Une ville passe par l’enfer (1955). Autant de titres de gloire pour cet auteur alors en pleine possession de ses moyens. On lui doit encore l’excellent western Le salaire de la violence (1958) et il réalise également le pilote de la série Les Incorruptibles (1959) qui va connaître un énorme succès au point de générer une série complète.
Une fin de carrière inégale
Approché par les producteurs de James Bond pour en faire le réalisateur du premier opus, Phil Karlson a été trop gourmand en termes de salaire et a perdu cette occasion de passer à la postérité. Finalement, il réalise le film de guerre Saïpan (1960) qui ne reste pas dans les mémoires. La suite des années 60 est moins glorieuse avec des films anodins comme Un direct au cœur (1962) avec Elvis Presley qui roucoule. Pour Dean Martin, il tourne Matt Helm, agent très spécial (1966) qui connaît un certain succès. Les deux compères se retrouvent sur Matt Helm règle son comte (1968), puis Phil Karlson se rend en Europe pour réaliser le film de guerre L’assaut des jeunes loups (1970) avec Rock Hudson.
On le retrouve ensuite à la réalisation du film d’horreur Ben (1972) qui évoque une invasion de rats. Le film est récompensé d’un Golden Globes de la meilleure chanson, celle-ci étant interprétée par un jeune chanteur en vogue aux States, un certain Michael Jackson encore enfant. Karlson s’illustre encore en matière de série B avec Justice sauvage (1973) qui connaît un important succès mondial et qui permet enfin de faire la fortune de Phil Karlson. Il réalise alors un dernier film intitulé La trahison se paie cash (1975) et opte pour une retraite bien méritée.
Phil Karlson décède en 1985 à l’âge de 77 ans des suites d’un cancer.