Icône de la Nouvelle Vague, Bernadette Lafont a tourné avec Chabrol, Truffaut et Eustache. Sa gouaille et son talent en ont fait l’une des actrices les plus attachantes du cinéma français.
Une actrice fétiche de la Nouvelle Vague
Bernadette Lafont est d’abord attirée par la danse avant d’être contactée par François Truffaut pour le court métrage Les mistons (1958). Elle devient alors, avec Jeanne Moreau et Anna Karina, une actrice emblématique de la Nouvelle Vague, tout en peaufinant un personnage populaire à mi-chemin de la fille gouailleuse et de la femme fatale, fille spirituelle d’Arletty et Ginette Leclerc. Elle connaît le vedettariat avec Claude Chabrol qui la met en haut d’affiche dans Le beau Serge (1959) et Les bonnes femmes (1960).
Dès le milieu des années 60, elle se partage entre le cinéma d’auteur et des films populaires, alternant premier et seconds rôles, et réalisant sa meilleure composition dans La fiancée du pirate (1969) de Nelly Kaplan. Elle rate ses retrouvailles avec Truffaut dans Une belle fille comme moi (1972), échec public et critique, mais brille dans le chef-d’œuvre de Jean Eustache, La maman et la putain (1973), dans lequel elle partage l’affiche avec Jean-Pierre Léaud et Françoise Lebrun.
Bernadette Lafont, deux César mérités
Les années 80 sont celles de la maturité et le cinéma français lui offre de beaux seconds rôles, dont celui de Léone, la nounou et confidente de Charlotte Gainsbourg dans L’effrontée (1985) de Claude Miller, qui lui vaut son premier César. Elle devient blonde pour son ami Chabrol qui la dirige dans Inspecteur Lavardin (1986) et Masques, et tourne pour Jean-Pierre Mocky dans Le pactole (1985), où elle joue avec sa fille, Pauline Lafont (1963-1988). Dirigée par des cinéastes aussi divers que Jacques Rivette, Yves Boisset, Raoul Ruiz ou Pascal Bonitzer, elle séduit aussi une nouvelle génération d’auteurs.
On la voit ainsi en tête d’affiche dans Personne ne m’aime (1994) de Marion Vernoux ou dans le rôle de la mère d’Alain Chabat dans Prête-moi ton nom (2006) d’Éric Lartigau. Bernadette Lafont, couronnée d’un César d’honneur en 2003, effectue un come-back remarqué en 2012 dans le rôle-titre de Paulette de Jérôme Enrico. Elle a eu aussi une honorable carrière théâtrale, brillant dans des spectacles aussi divers que Désiré de Sacha Guitry ou Les Monologues du vagin d’Eve Ensler.