Note des spectateurs :

Top week-end (11-15 mai) : The Northman est un petit numéro 2, avec une moyenne compliquée. Camille Cottin connaît un échec surréaliste. La crise climatique s’aggrave. Où s’arrêtera-t-elle?

Le beau temps a achevé l’exploitation française cette semaine qui ne s’y retrouve plus du tout. Ce contexte de crise affecte les salles indépendantes et les distributeurs de façon radicale. Les changements météorologiques, l’inflation, les habitudes post Covid-19, notamment en matière de SVOD qui donne une impression d’omniprésence permanente de cinéma, tout achève le secteur historique de la salle. Dans le cas des distributeurs, certains pourront envisager des accords avec les plateformes. Pour les exploitants, la perte, elle, est totale.

Doctor Strange 2 ne restera pas dans l’histoire

Avec une chute élevée de 58% de son affluence, Doctor Strange in the Multiverse of Madness ne rentrera pas dans l’histoire, mais au moins il franchira les deux millions d’entrées à l’issue de ses quinze premiers jours d’exploitation (540 000 en 5 jours, total de 1 978 000).

The Northman entre en 2e place avec 112 000 spectateurs dans 351 cinémas. Avec 200 cinémas de moins, The Witch avait réalisé 47 000 entrées, avec un budget moindre et sans aucune star.

The Northman, affiche du film de Robert Eggers (2022)

© Universal Studios

On pleure pour la photo

Les autres nouveautés réalisent des scores abyssaux : Les folies fermières en 4e place touche 55 000 spectateurs dans 457 cinémas. Bide. The Duke, visant un public mâture qui ne revient pas en salle, trouve une 9e place difficile (43 000 entrées dans 176 cinémas). La comédie avec Jacques Gamblin, On sourit pour la photo capte à peine 30 000 spectateurs en 5 jours sur… 378 écrans. C’est ce qu’on appelle un désastre.

Camille Cottin connaît l’échec d’une carrière

Le pire revient à Cœurs vaillants de Mona Achache. Camille Cottin aura eu beaucoup plus de vues à l’occasion du Met que de spectateurs pour ce troisième long de Mona Achache. La réalisatrice du Hérisson (850 000) et des Gazelles (300 000), essuie l’échec d’une carrière avec 8 764 spectateurs dans 162 cinémas. Pour Camille Cottin, c’est un camouflet qui démontre la difficulté de l’actrice à porter un film dramatique sur ses épaules (Mon légionnaire, 31 000 entrées). Avant la crise de la covid-19, la star française avait toutefois suscité la curiosité avec Les éblouis (229 000).

Signe d’un grand malaise dans le cinéma d’art et essai, le violent Nitram porte le malheur dans ses chiffres : 6 666 entrées (!) dans 80 cinémas. Utama la terre oubliée est surtout occulté (5 700 entrées dans 84 cinémas sur ses 5 premiers jours).

Affiche du film Nitram de Justin Kurzel

Affiche Metanoïa © Good Thing Productions

C’est la cata pour Lelouch et le documentaire hommage Tourner pour vivre (1 787 entrées dans 57 cinémas), ainsi que pour Tom (1 746 entrées dans 41 cinémas). Le précédent film de la réalisatrice Fabienne Berthaud, Un monde plus grand avait attiré 297 000 spectateurs itinérants.

Flop historique pour Le Pacte

Petite pensée pour le distributeur Le Pacte qui, avec L’été nucléaire (661 entrées dans 12 cinémas) connaît son score le plus bas depuis Nuit bleue en 2011 qui n’était sorti que sur un écran, avec un sujet a priori moins vendeur.

Dans cette situation de crise climatique, trois sorties s’en sortent un peu mieux : Suis-moi, je te fuis de Koji Fukada, premier film d’un diptyque frôle les 9 000 entrées dans 51 salles. C’est à peu près la même chose que Le soupir des vagues du même auteur qui avait cumulé l’été dernier 14 000 tickets sur 81 salles pour sa première semaine.

Nommé aux Oscars du Meilleur film étranger, L’école du bout du monde de Pawo Choyning Dorj a séduit 9 251 curieux dans 74 salles, se hissant parmi les 15 films du Top 60 à parvenir à une moyenne supérieure à 100 spectateurs par salle.

Entames encourageantes pour Karnawal (942 entrées dans 6 salles) et le documentaire Tranchées (573 entrées dans 4 cinémas).

Le retour des Crevettes Pailletées en mode LGBTQ – – –

Parmi les continuations, nous citerons Les animaux fantastiques 3 qui franchit les 2 500 000 spectateurs en cours de 5e semaine, Tenor qui ne tient pas tout à fait la route, mais à vrai dire, il aurait pu faire bien pire (-50% en 2e semaine, 179 000 entrées en 12 jours). Les SEGPA est toujours truculent (les 500 000 entrées sont dans la poche), Les passagers de la nuit perd tout de même 50% de ses visiteurs, mais dépasse les 100 000 entrées en 12 jours.

Une pensée pour Les crevettes pailletées 2, qui sont revenues pour rien : 1 230 entrées dans 133 salles (-79%) pour cet accident industriel qui va stopper sa route sous les 150 000 entrées. Un contexte LGBTQ —.

Vortex, plus gros échec de Gaspar Noé en terme d’entrées

Vortex de Gaspar Noé devrait officiellement devenir le pire score de la carrière du cinéaste, avec 30 000 entrées en cours de sa 5e semaine. Le chant du cygne pour une œuvre magnifique.

La romance Petite leçon d’amour trépasse en 2e semaine, avec une perte sèche de 84% de sa fréquentation, soit 759 entrées dans 52 cinémas. Le film n’a toujours franchi les 7 000 spectateurs malgré la présence de Laetitia Dosch et Pierre Deladonchamps.

Avec un tel paysage de désolation, beaucoup compte désormais sur le Festival de Cannes pour raviver l’envie de salles obscures chez les spectateurs.

Frédéric Mignard

Les tranchées, affiche

© Les Alchimistes