Les éblouis : la critique du film (2019)

Drame | 1h39min
Note de la rédaction :
8/10
8
Les Eblouis : affiche du film de Sarah Suco

  • Réalisateur : Sarah Suco
  • Acteurs : Jean-Pierre Darroussin, Daniel Martin, Camille Cottin, Éric Caravaca, Céleste Brunnquell
  • Date de sortie: 20 Nov 2019
  • Nationalité : Français
  • Scénaristes : Sarah Suco, Nicolas Silhol
  • Directeur de la photo : Yves Angelo
  • Compositeur : Laurent Perez del Mar
  • Distributeur : Pyramide Distribution
  • Editeur vidéo : Pyramide Vidéo
  • Date de sortie vidéo : 31 mars 2020 (VOD), 31 mai 2020 (DVD)
  • Festival : Prix Cinéma 2019 de la Fondation Barrière Festival du film francophone d'Angoulême 2019 Festival International du Film de Rome, Prix du Meilleur Film - Sélection Alice nella Città
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 229 038 entrées / 55 794 entrées
Note des spectateurs :

Les Éblouis est une histoire d’embrigadement familial que Sarah Suco déroule avec pudeur et sensibilité.

Synopsis : Camille, 12 ans, passionnée de cirque, est l’aînée d’une famille nombreuse. Un jour, ses parents intègrent une communauté religieuse basée sur le partage et la solidarité dans laquelle ils s’investissent pleinement. La jeune fille doit accepter  un mode de vie qui remet en question ses envies et ses propres tourments. Peu à peu, l’embrigadement devient sectaire. Camille va devoir se battre pour affirmer sa liberté et sauver ses frères et sœurs.

Critique : Sarah Succo, que l’on a découverte dans Discount, puis Les Invisibles de Louis-Julien Petit, passe de l’autre côté de la caméra. Pour son premier long-métrage en tant que réalisatrice, elle puise dans sa vie personnelle, puisqu’elle a, elle-même vécu, pendant dix ans, avec sa famille, dans une communauté charismatique.

Camille Cottin, Jean-Pierre Darroussin, Eric Caravaca, Céleste Brunnquell dans Les Eblouis

Photo : Christophe Brachet

C’est du haut des 12 ans de Camille, la fille aînée (l’épatante Céleste Brunnquell) que l’on observe les phases de cet emprisonnement mental, lui conférant ainsi un aspect candide exempt de tout ressentiment. Car Camille aime indéniablement ses parents, des gens bien sous tous rapports que l’état dépressif de la mère (Camille Cottin), en recherche permanente de reconnaissance et la faiblesse de caractère du père (Eric Caravaca), conduiront imperceptiblement vers le piège tendu par un prêtre charismatique (Jean-Pierre Darroussin), en plein cœur d’une ville de province.

Les éblouis du temple solaire

Si les sectes structurées des années 90 (telles l’ordre du Temple Solaire qui défraya la chronique en 1995 avec l’assassinat de plusieurs de ses membres) ont disparu, le phénomène sectaire se diffuse aujourd’hui à travers des microgroupes, le rendant plus subtil mais tout aussi terrifiant. On estime que 50 000 à 60 000 enfants sont prisonniers chaque année en France de ce genre de communautés qui reposent, à la base, sur de nobles intentions de pardon, de solidarité et d’entraide pour finalement aboutir à un lavage de cerveau intégral.

C’est précisément ce glissement progressif que la réalisatrice décrypte avec une justesse captivante, trouvant le juste équilibre entre légèreté et folie. On s’amuse de la ferveur naïve de cette famille à se joindre aux chants, farandoles et autres séances de bénédictions. Le doute s’immisce néanmoins quand le gourou surnommé le Berger impose les tenues, les coiffures, régente les règles de vie allant jusqu’à exiger de ses disciples qu’ils bêlent pour l’appeler ou pire encore parvient à les persuader de la nécessité d’une rupture brutale (n’hésitant pas à user d’arguments odieux) avec le reste de leur famille. La simplicité de la mise en scène se fait complice de la descente douce mais inexorable vers des événements que l’on pressent de plus en plus tragiques.

Camille Cottin et Céleste Brunnquell dans Les Eblouis

Photo : Christophe Brachet

Si la jeune Céleste Brunnquell, époustouflante d’une spontanéité à la fois enfantine et mature, crève l’écran et porte d’un bout à l’autre cette histoire glaçante,  Camille Cottin (totalement à l’encontre des rôles pétillants auxquels elle nous a habitués) et Eric Caravaca (qui incarne avec conviction ce père à la fois bienveillant et lâche) adoucissent la complexité de leurs personnages d’une vraie part d’humanité, de manière à ne pas les rendre haïssables, malgré leur aveuglement face aux dangers qui guettent leurs enfants. Sans aucun désir de dénonciation d’intégrisme religieux, Sarah Succo réalise un film de combat non violent dans l’espoir de protéger des enfants embrigadés malgré eux mais signe surtout le portrait flamboyant d’une adolescente déterminée à acquérir son autonomie malgré un contexte plus que difficile.

Critique : Claudine Levanneur 

SORTIES DE LA SEMAINE DU 20 NOVEMBRE 2019

Sorties VOD de la semaine du 27 mars 2020

Les Eblouis : affiche du film de Sarah Suco

Photo : Christophe Brachet

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