Pas pire que les productions Disney de ces dix dernières années, Wish : Asha et la bonne étoile est un produit calibré pour les petits, mais terriblement insipide dans ses enjeux comme dans ses personnages. Triste anniversaire.
Synopsis : Jeune fille de 17 ans à l’esprit vif, Asha vit à Rosas, un royaume fantastique où tous les souhaits peuvent littéralement s’exaucer. Dans un moment de désespoir, elle adresse un vœu sincère et puissant aux étoiles auquel va répondre une force cosmique : une petite boule d’énergie infinie prénommée Star. Ensemble, Star et Asha vont affronter le plus redoutable des ennemis, le Roi Magnifico et prouver que le souhait d’une personne déterminée, allié à la magie des étoiles, peut réellement produire des miracles…
Disney dans une bien mauvaise passe sur le plan qualitatif
Critique : Afin de souffler dignement les 100 bougies de la firme d’animation Walt Disney, les exécutifs du studio ont commandé la création d’un nouveau grand dessin animé qui reviendrait aux fondamentaux de la firme. Pourtant, l’inquiétude était légitime tant les derniers efforts du studio ont été des déceptions de taille sur le plan qualitatif. Ainsi, ses dernières productions comme Ralph 2.0 (2018), Raya et le dernier dragon (2021) et Avalonia, l’étrange voyage (2022) sont marqués par une grande médiocrité, à tel point que deux d’entre eux ont échoué directement sur la plateforme Disney +, du moins en France.
Mais soyons tout à fait honnêtes, nous n’avons pas non plus été emballés par Encanto : La fantastique famille Madrigal (Charise Castro Smith, Byron Howard et Jared Bush, 2021) et nous devons remonter à l’année 2016 pour trouver un produit Disney de qualité comme Vaiana : La Légende du bout du monde (Chris Williams, Don Hall, Ron Clements et John Musker, 2016), auquel on peut ajouter le fort drôle Zootopie (Byron Howard, Rich Moore et Jared Bush, 2016).
Et pour une héroïne de plus…
Considéré par beaucoup de spectateurs comme un Disney relativement médiocre, Wish : Asha et la bonne étoile (2023) n’est pourtant pas le pire des produits de la firme de ces dix dernières années. En réalité, on y retrouve tous les défauts qui nous ont éloignés du grand studio, mais en légèrement moins irritant. Ainsi, le studio aux grandes oreilles semble avoir mis la pédale douce sur son militantisme inclusif bas du front. Des éléments rappellent bien entendu l’obsession communautariste du studio, mais cela n’a guère d’incidence sur l’intrigue même du film, au point que l’on peut passer outre cette dimension politique énervante.
Malheureusement, Disney continue à explorer les mêmes horizons thématiques avec une énième héroïne adolescente en lutte contre le monde si injuste des adultes. Le tout sur fond d’idéologie niaise qui nous ressert toujours le même refrain : il ne faut jamais abandonner ses rêves. Bien entendu, ce type de discours fonctionne plutôt bien sur un jeune public, mais Disney semble donc avoir fait une croix sur le public adulte qui ne peut en aucun cas valider de telles inepties.
Beaucoup de chansons insipides et trop peu d’humour
C’est donc parti pour une énième confrontation entre une jeune fille éprise de liberté en lutte avec un roi devenu un tyran pour son peuple. On notera d’ailleurs que le méchant de l’histoire ne possède pas un grand charisme. Cela vaut aussi pour l’ensemble des personnages périphériques, fort peu intéressants, y compris la fameuse petite étoile qui semble issue d’un manga. Même la petite chèvre qui sert de sidekick ne parvient pas à nous arracher des sourires, tant ses interventions tombent à plat. Enfin, l’action est une fois de plus interrompue par ces chansons insupportables qui font encore saigner nos oreilles. Cette fois, l’utilisation judicieuse d’un certain nombre de percussions et l’ajout d’une ou deux chansons un peu plus écoutables que les autres permet de supporter l’ensemble sans trop grincer des dents.
Wish, un dessin animé regardable, mais insignifiant
Afin de satisfaire les geeks, ces fans qui vouent un culte à tout ce que produit le studio, Wish : Asha et la bonne étoile contient plein d’easter eggs, une bonne centaine en référence au nombre d’années de la compagnie. Cela amusera donc certains de les chercher tandis que l’on signalera la dimension marketing d’une telle initiative. Cela n’apporte assurément aucune plus-value au produit fini.
Encore une fois, Wish : Asha et la bonne étoile est loin d’être le pire film de cette dernière décennie pour le studio en perte de vitesse sur le plan qualitatif, mais on est également en droit de trouver l’ensemble totalement insignifiant et dénué du moindre intérêt. Bien entendu, les petits y trouveront leur compte.
Un gigantesque flop aux Etats-Unis et une déception même en France, son troisième marché mondial
Lancé en grande pompe pour les 100 ans de Disney, Wish : Asha et la bonne étoile a été une sacrée catastrophe au box-office américain. Il suffit d’évoquer son budget astronomique de 200 millions de dollars (sans les frais publicitaires qui doublent parfois la facture) pour comprendre que les 63,9 millions de billets verts amassés en Amérique du Nord sont largement insuffisants. Même à l’international, Wish n’a pas connu un grand succès. Si le Japon a offert 25 millions supplémentaires au studio, le deuxième marché mondial se trouve en France avec 23 millions de dollars engrangés grâce à ses 2 836 633 entrées. Tous les autres pays se retrouvent loin derrière avec des résultats qui s’élèvent au total à 254 997 360 $, ce qui en fait un flop de très grande envergure et même une catastrophe, selon des employés de Disney interrogés sur le sujet.
En France, Wish : Asha et la bonne étoile a connu une belle entame dès son ouverture le 29 novembre 2023 avec 76 414 entrées dans 628 salles et 140 808 spectateurs lors des avant-premières, dès son jour d’investiture. Pourtant, le bouche à oreille n’a pas fonctionné et, là où les Disney de Noël ont l’habitude de prendre de l’envergure à l’approche des fêtes, Wish n’a fait que chuter au cours de son exploitation décevante. Ainsi, après une première semaine à 628 897 entrées, le dessin animé s’est effondré autour des 300 000 tickets vendus par semaine.
Même durant les vacances scolaires, le métrage n’a connu aucun sursaut. Au bout d’un mois d’exploitation, Wish franchit péniblement les deux millions de spectateurs, puis s’effondre dès la rentrée des classes de janvier. Ensuite, il se maintient à des niveaux très bas grâce à des séances en matinée. Soutenu jusqu’au bout par son influent distributeur, le film échoue à arriver jusqu’aux trois millions d’entrées, ce qui en fait une évidente déception, preuve que le film n’a pas plu au grand public.
Critique de Virgile Dumez
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Mots clés
Cinéma américain, Disney Animation, Les héroïnes Disney, Les flops de 2023