En réaffirmant sa confiance au duo mythique de La petite sirène et Aladdin, Disney revient au meilleur de sa production. Vaiana, la légende du bout du monde est une somptueuse fable écologique, empruntant davantage à L’odyssée de Pi et au studio Ghibli qu’à Pixar. Une réussite patente.
Synopsis : Sur une île de l’océan Pacifique, la très sage Tala raconte à un groupe d’enfants la légende de leur île. Elle relate également comment le cœur magique de celle-ci fut autrefois volé par Maui, un demi-dieu capable de changer de forme à volonté, avant que celui-ci ne soit perdu dans l’océan après une terrible bataille. Depuis lors, les ressources naturelles de l’île s’amenuisent. Parmi les bambins, Vaiana, fille du chef de la tribu, grandit et rêve d’aventure. Quand les pêcheurs ne parviennent plus à rapporter suffisamment de poisson en navigant sur les côtes de l’île, Vaiana décide, contre l’avis de son père, d’embarquer pour un périple à travers l’océan.
Critique : Le plus beau de l’animation Disney de ces trente dernières années vient des inséparables Ron Clements et John Musker. Ces amoureux de l’animation traditionnelle, depuis leur première collaboration sur Basil, détective privé, ont su distiller avec bonheur humour ravageur et poésie ancestrale : La petite sirène, Aladdin, Hercule, La princesse et la grenouille… De beaux jalons qui ont redoré l’image de la maison, et dont on retrouve l’esprit intemporel dans cette production entièrement tournée en images de synthèse, une première pour les deux complices.
John Musker et Ron Clements honorent ce nouvel exercice avec le même talent et la même magie que sur les classiques des années 90, avec une formidable envie de coller à l’esprit des grandes productions de la maison, sans s’adonner au plagiat de Pixar. On retrouve l’humour d’Aladdin et Hercule, la fraîcheur de leurs princesses passées (la jeune Vaiana a une bouille irrésistible et bénéficie d’un réalisme épidermique épatant), et même des numéros (en)chantés somptueux, qui ont su raviver la place historique du studio aux Oscars et autres compétitions, avec de nombreuses nominations dans la catégorie de la meilleure chanson de l’année.
Vaiana, la légende du bout du monde, c’est un peu Aladin sur son tapis, accompagné par son génie… Une jeune femme métissée d’Océanie qui convole sur les océans, à la recherche de divinités pour sauver son peuple, accompagnée par un demi-dieu fantasque et mégalo, dont l’histoire est gravée sur des tatouages burlesques animés de vie… Leur rencontre sur les mers exotiques leur donne l’occasion d’affronter ensemble les profondeurs mythologiques du royaume des monstres (impressionnante séquence avec un crabe géant), les armées de pirates en forme de noix de coco (dans la pure tradition des Minions), avec des embarcations impressionnantes de gigantisme, et enfin une créature de lave et de colère tout droit issue du bestiaire de Princesse Mononoké, avec lequel Vaiana partage le même goût pour l’écologie.
Mais l’autre grande référence de cette merveille d’animation, n’est autre que L’odyssée de Pi pour son rapport à l’eau qui prend vie sous nos yeux ébahis, ses abysses de mystère et ses créatures luminescentes qui viennent effleurer les surfaces, avec une fluidité et une virtuosité de chaque instant.
Le cinquante-sixième film d’animation des studios d’animation Walt Disney compte déjà parmi ses plus grands classiques. Une belle revanche après la semi-déception du Monde de Dory qui manquait d’idées visuelles et de charme poétique.