Un silencieux au bout du canon : la critique du film (1974)

Policier | 1h51min
Note de la rédaction :
5,5/10
5,5
Cover VOD Un silencieux au bout du canon (Warner)

  • Réalisateur : John Sturges
  • Acteurs : John Wayne, Eddie Albert, Diana Muldaur, Clu Gulager, Al Lettieri
  • Date de sortie: 24 Mai 1974
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : McQ
  • Année de production : 1974
  • Scénariste(s) : Lawrence Roman
  • Directeur de la photographie : Harry Stradling Jr.
  • Compositeur : Elmer Bernstein
  • Société(s) de production : Batjac Productions, Levy-Gardner
  • Distributeur (1ère sortie) : Warner Columbia
  • Éditeur(s) vidéo : Warner Home Vidéo (VHS, 1981) / Warner Bros Entertainment France (DVD)
  • Date de sortie vidéo : 11 octobre 2006
  • Box-office France / Paris-périphérie : 236 393 entrées / 64 818 entrées
  • Box-office nord-américain 12,4 M$
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.39 : 1 / Couleurs / Son : Mono
  • Illustrateur / Création graphique : Georges Kerfyser
  • Crédits : © 1974, renouvelé 2002 Warner Bros Entertainment Inc. Tous droits réservés.
Note des spectateurs :

Essai de reconversion à moitié réussi pour John Wayne, Un silencieux au bout du canon lorgne trop vers l’Inspecteur Harry pour convaincre pleinement. Les scènes d’action sont pourtant efficacement menées.

Synopsis : Le sergent Stan Boyle est abattu lors d’une opération contre un réseau de trafiquants de drogue. Son ami, le sergent Lon McQ, à qui l’on refuse de confier l’enquête, démissionne et se fait embaucher par un de ses camarades qui tient un bureau d’enquêtes. Il s’intéresse tout de suite à un gros bonnet de la drogue, Santiago, et pénètre par effraction dans ses locaux…

Premier polar de John Wayne, alors âgé de 66 ans

Critique : Projet initialement destiné à l’acteur Steve McQueen, Un silencieux au bout du canon (1974) est finalement tombé dans l’escarcelle de John Wayne qui y a vu un moyen de se renouveler. Effectivement, durant son impressionnante carrière, il n’a jamais interprété un policier et tient donc à profiter de la mode déclenchée par le triomphe de L’inspecteur Harry (Siegel, 1971) pour faire évoluer son personnage. Afin que le script colle davantage à la star vieillissante, de nombreuses réécritures ont été effectuées par le scénariste Lawrence Roman. Malgré ces réajustements, l’âge respectable de l’acteur et le stade assez avancé de son cancer pèsent lourd sur le long-métrage qui sent parfois la naphtaline.

La réalisation est d’ailleurs confiée à un autre vétéran du cinéma puisqu’il s’agit de John Sturges, plus connu pour ses westerns comme Les sept mercenaires (1960) ou ses films de guerre comme La grande évasion (1963). Il est d’ailleurs intéressant de remarquer que l’unique collaboration entre John Wayne et John Sturges – deux spécialistes du western – se fasse sur le terrain du polar. Un silencieux au bout du canon est donc bien un film tourné par des vieux routiers qui tentent de séduire une audience plus jeune afin de rester à la page.

Un discours réactionnaire, tempéré par une deuxième partie plus nuancée

Pourtant, dès le premier quart d’heure, on sent que l’influence de John Wayne est manifeste par l’ajout de dialogues particulièrement réactionnaires. Le Duke s’en prend ainsi à la jeune génération de hippies, qualifiés de dangereux anarchistes et qu’il n’hésite pas à bastonner. Le vieux réac qu’il était ne peut s’empêcher de critiquer le mouvement féministe qui empêche les femmes de rester à leur vraie place, à savoir le foyer. Enfin, le discours tenu indique que les Etats-Unis sont entrés à l’ère de la voyoucratie. Concentrées dans le premier quart d’heure de projection, ces notations pourront soit faire sourire, soit irriter, en fonction du moment.

Heureusement pour le spectateur contemporain, ces remarques d’un autre temps finissent par s’effacer progressivement au profit d’un discours plus équilibré. Effectivement, un retournement de situation bien venu va permettre de nuancer quelque peu le propos en montrant que la frontière entre le Bien et le Mal n’est pas aussi évidente. Le personnage incarné par John Wayne est ainsi capable de se faire berner par ses meilleurs amis et même ses propres collègues policiers. Un silencieux au bout du canon a donc appris les leçons de L’inspecteur Harry qui n’était pas le film fasciste dénoncé par tant de monde à l’époque. On se situe plutôt ici au niveau d’une détestation du monde entier, défini comme entièrement corrompu, soit une misanthropie à peine déguisée.

Quelques scènes d’action efficaces agrémentent la projection

Au niveau de l’action, les auteurs ont beaucoup regardé Bullitt (Yates, 1968) qui est la référence qui saute aux yeux dès les premières minutes. Si John Sturges n’égale à aucun moment son prédécesseur, il parvient tout de même à innover lors d’une excellente poursuite finale sur la plage. On appréciera également l’intégralité des courses-poursuites en voiture, filmées avec efficacité, tout en profitant de l’environnement original que constitue la ville portuaire de Seattle.

Malgré son âge trop avancé pour le rôle, une coiffure impossible et une réelle difficulté à se mouvoir, John Wayne possède toujours une présence impressionnante à l’écran. Il est épaulé par des seconds couteaux de qualité comme le vétéran Eddie Albert ou la jeune Diana Muldaur. On notera également le beau personnage défendu par Colleen Dewhurst qui, en seulement quelques scènes, parvient à émouvoir.

Un film démodé dès sa sortie

Polar de série sympathique, mais quelque peu arthritique, Un silencieux au bout du canon (1974) bénéficie également d’une bonne musique funky d’Elmer Bernstein et d’une jolie photographie. Cela ne lui a pas suffi pour être un franc succès lors de sa sortie. Grosse déception aux Etats-Unis, le polar démodé s’est aussi vautré en France où la star vieillissante ne séduit plus le grand public depuis quelques années. Avec 236 393 spectateurs sur tout le territoire national, Un silencieux au bout du canon est l’un des plus gros échecs de John Wayne qui allait continuer sur cette pente descendante les années suivantes. Le film, sans être un incontournable, est pourtant tout à fait regardable.

Critique de Virgile Dumez

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Un silencieux au bout du canon, l'affiche

© 1974, renouvelé 2002 Warner Bros Entertainment Inc. / Affiche : © Georges Kerfyser. Tous droits réservés.

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Cover VOD Un silencieux au bout du canon (Warner)

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