Pur film d’exploitation, Un flic explosif est un divertissement réactionnaire sympathique, mais plutôt anecdotique dans un genre capable de nous enthousiasmer. La faute à un Maurizio Merli monolithique et un scénario peu abouti.
Synopsis : Enquêtant sur un trafic de diamants ayant donné lieu à plusieurs meurtres crapuleux, le commissaire Olmi découvre que les commanditaires sont des membres de l’élite corrompue. Pour ses supérieurs, il fait un peu trop de zèle, et l’enquête lui est alors retirée. Il se retrouve muté en province, dans une ville paisible. Mais, face à la pègre locale, ses méthodes musclées vont vite lui revenir.
Un flic explosif ou l’art de l’action radicale
Critique : Lorsqu’ils tournent ensemble SOS jaguar, opération casse gueule (1977), le réalisateur Stelvio Massi et l’acteur Maurizio Merli s’attendent à rencontrer un certain succès, mais les résultats du film vont au-delà de leurs espérances. Les deux hommes, qui deviennent rapidement amis dans la vie, décident alors de continuer leur collaboration sur plusieurs films qui appartiennent à la catégorie du poliziottesco. Pour Un flic explosif (1978), les deux complices ont choisi de suivre une suggestion de Danilo Massi (le fils de Stelvio) qui leur propose de tourner une œuvre clairement divisée en deux parties : l’une située à Rome et l’autre dans la ville natale du réalisateur, à savoir Civitanova Marche.
© 2022 Artus Films / Design : Benjamin Mazure. Tous droits réservés.
Une fois cette proposition acceptée par les producteurs de la Produzioni Atlas Consorziate, deux scénaristes ont été dépêchés (Gino Capone et Teodoro Agrimi) pour mettre en forme les aventures du commissaire Olmi. Cette idée de suivre coup sur coup deux aventures distinctes d’un même commissaire donne d’ailleurs l’étrange sentiment de regarder deux épisodes d’une série télévisée qui auraient été mis bout à bout. Autant dire que la rigueur scénaristique n’est pas de mise dans ce Flic explosif qui doit donc être vu comme un pur film bis bien de son époque, sans qu’il soit d’ailleurs particulièrement remarquable.
Maurizio Merli tire plus vite que son ombre
Même si l’équipe artistique est plutôt constituée d’hommes de gauche, on ne peut qu’abonder dans le sens de ceux qui voyaient à l’époque des tendances fascistes dans ces œuvres populaires. Ici, Maurizio Merli incarne un flic aux méthodes très expéditives qui feraient passer Clint Eastwood et Charles Bronson pour des enfants de chœur. Tout comme Lucky Luke, Maurizio Merli dégaine plus vite que son ombre et permet de désengorger les tribunaux en étant à la fois policier, juge et bourreau. Dans Un flic explosif, son attitude est tellement hors des clous que cela peut faire sourire, voire franchement rire.
Alors que cette méthode est valorisée par les auteurs durant la première partie du film, une bavure vient mettre un terme à la vendetta criminelle du flic justicier. Dès lors, la seconde partie du long-métrage peut débuter. Muté en province, le commissaire trouve l’amour dans les bras de la jolie Olga Karlatos (dans un rôle de potiche, malheureusement), mais il va assez rapidement retrouver ses sales habitudes lorsqu’il tombe sur un trafic d’armes. Alors que le spectateur se dit que ce trafic aura sans doute un rapport avec la première partie du film, il n’en est rien et le métrage est donc bien scindé en deux parties distinctes dont le seul point commun est la présence de Maurizio Merli.
Un film sympathique, mais méconnu en France
Celui-ci ne desserre pas la mâchoire de tout le film et livre donc une prestation monolithique dont il avait le secret. Contrairement au magnifique Franco Nero, Maurizio Merli n’est pas un bon comédien et il se révèle incapable d’exprimer des sentiments à l’écran. C’est assurément ce qui explique son absence de popularité en dehors des frontières italiennes. Finalement, Un flic explosif tient en éveil grâce à une réalisation dynamique de Stelvio Massi et surtout par l’ajout d’une excellente partition musicale de Stelvio Cipriani, fidèle collaborateur du cinéaste.
Loin d’être un sommet du poliziottesco, Un flic explosif se laisse suivre sans déplaisir, mais également sans grande passion. Il a pourtant connu un joli succès à sa sortie en Italie. En France, le long-métrage est sorti d’abord en VHS chez VIP. Selon le site Encyclociné, le polar burné serait sorti dans quelques salles de cinéma du sud de la France à la toute fin de l’année 1980. Il a fallu toutefois attendre 2022 pour que l’éditeur Artus propose le film dans sa collection Polar.
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 10 décembre 1980
Acheter le blu-ray sur le site de l’éditeur
© 1978 Atlas – Rewind Film. All Rights Reserved.
Biographies +
Stelvio Massi, Olga Karlatos, Mimmo Palmara, Massimo Serato, Maurizio Merli