Thunderbolts* constitue plutôt une bonne surprise grâce à un script malin, une ambiance plus sombre que d’habitude et des personnages un peu plus fouillés. La réalisation s’avère également efficace et fait du divertissement un segment intéressant.
Synopsis : Marvel Studios rassemble une équipe de anti-héros peu conventionnelle : Yelena Belova, Bucky Barnes, Red Guardian, Le Fantôme, Taskmaster et John Walker. Tombés dans un piège redoutable tendu par Valentina Allegra de Fontaine, ces laissés pour compte complètement désabusés doivent participer à une mission à haut risque qui les forcera à se confronter aux recoins les plus sombres de leur passé. Ce groupe dysfonctionnel se déchirera-t-il ou trouvera-t-il sa rédemption en s’unissant avant qu’il ne soit trop tard ?
Un astérisque qui a longtemps interrogé
Critique : Créée en 1997 par le scénariste Kurt Busiek et le dessinateur Mark Bagley, l’équipe des Thunderbolts est initialement constituée de super-vilains qui choisissent finalement de servir le bien. Pour autant, tout au long de sa publication, le groupe a été constitué d’un nombre conséquent de personnages divers. Même dans le comic book, les protagonistes ne cessent de changer et la composition du groupe est donc protéiforme.
© 2025 Marvel Studios. Tous droits réservés.
Les scénaristes de Marvel Studio avaient donc toute latitude pour créer une équipe de toute pièce menée par la deuxième Black Widow nommée Yelena Belova (incarnée ici par Florence Pugh). Thunderbolts* a donc été conçu comme le sixième et dernier volet de la phase 5 du MCU (Marvel Cinematic Universe). Il est en réalité conçu pour annoncer la reconstitution des Avengers puisque le studio a suivi l’idée du réalisateur Jake Schreier de terminer le film sur le titre Les Nouveaux Avengers (The New Avengers en VO). Précisons qu’il ne s’agit pas d’un spoiler puisque ce retournement de situation a été largement médiatisé par le studio lui-même une semaine après la sortie du film. Cela avait le mérite d’expliquer la présence de l’astérisque au titre original Thunderbolts*.
Un scénario malin qui se suffisait à lui-même
Tout ceci tient de la pure opération marketing et aurait plutôt tendance à nous irriter car cela finit par occulter les qualités réelles de ce long métrage, l’un des meilleurs de cette phase 5 plutôt faiblarde. En réalité, on aurait même préféré que le métrage se suffise à lui-même tant il parvient à présenter une nouvelle équipe correctement achalandée.
Ainsi, le script est intelligemment conçu, de façon à plonger le spectateur directement dans l’action, tout en présentant par petites touches successives les différents protagonistes. Dès lors, les spectateurs qui n’ont pas suivi les différentes séries télé peuvent s’y retrouver sans problème. L’action, toujours lisible grâce à une réalisation carrée, ne sacrifie pas pour autant la psychologie de personnages qui portent tous une croix. Pas de véritable héros ici puisque la plupart sont en réalité des mercenaires qui agissent pour le compte du même employeur – Valentina Allegra de Fontaine interprétée par la comique Julia Louis-Dreyfus. Cette dernière cherche à éliminer les témoins de ses agissements et cela offre une excellente occasion pour nos anti-héros de se réunir pour abattre leur ennemi commun.
Marvel tente une plongée plus profonde dans les ténèbres de la psyché humaine
Mais le plus intéressant vient de l’introduction du personnage de Sentry (largement différent de celui du comic book) qui possède un pouvoir proche de celui de Superman, mais en étant affublé d’une psyché désordonnée. Grâce à ce personnage interprété par Lewis Pullman, Thunderbolts* se dote d’une certaine noirceur qui n’était guère présente jusqu’alors dans les films Marvel. Ce protagoniste rapproche le métrage de films comme l’excellent Chronicle (Josh Trank, 2012) ou encore du plus modeste Brightburn : l’enfant du mal (David Yarovesky, 2019).
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Ainsi, Thunderbolts* s’interroge avec une certaine justesse sur les risques encourus par l’humanité lorsque le pouvoir suprême est mis dans les mains d’une personne déséquilibrée. Avec intelligence, le métrage se refuse à catégoriser le Bien et le Mal puisque les héros qui viendront en aide à l’humanité ont tous un passé de tueurs, tandis que le grand méchant est une entité qui porte en elle un terrible trauma à exorciser. D’ailleurs, conscients de l’asymétrie entre les pouvoirs limités de sa nouvelle équipe et la puissance quasiment divine du “méchant”, les auteurs ont placé le combat final au cœur de la psyché de l’entité qui se nomme Void. Dès ce moment, le combat n’est plus tant une affaire de muscles que de psychologie afin de ramener Sentry à la raison.
Un casting inégal au sein d’un film globalement réussi
En réalité, cette lutte intérieure est le sujet central de Thunderbolts* puisque l’intégralité des personnages apparaissent comme doubles. Le cinéaste joue de cette opposition pour créer un film bicéphale, à la fois divertissement pour les masses avec des moments drôles et même décalés, mais aussi introspection sur la santé mentale et les failles de chaque individu. Le résultat est donc plutôt rafraichissant et offre une alternative plus sombre aux films Marvel habituels.
Au cœur de cet opus, Florence Pugh tire bien son épingle du jeu car elle est aussi crédible dans les séquences d’action que lors des passages plus dramatiques. A ce petit jeu, on apprécie également la présence de Lewis Pullman qui interprète bien la naïveté d’un personnage amnésique, avant de devenir une implacable machine à détruire. Enfin, David Harbour est davantage là pour offrir des moments comiques. Cependant, on n’est toujours pas convaincus par l’interprétation de Sebastian Stan en Soldat de l’hiver, l’acteur étant toujours à la recherche de charisme à l’écran.
Certes, Thunderbolts* n’est pas exempt de défauts et de quelques dérapages, mais il constitue un segment plutôt réussi au cœur d’un MCU qui ne sait plus très bien où aller. D’ailleurs, la séquence post-générique nous annonce déjà la venue prochaine des Quatre Fantastiques, dont la bande-annonce déjà disponible sur internet ne nous rassure pas sur l’avenir de cet univers décidément à la peine en matière de cohérence et de qualité.
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 30 avril 2025
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Biographies +
Jake Schreier, David Harbour, Lewis Pullman, Florence Pugh, Wyatt Russell, Olga Kurylenko, Hannah John-Kamen, Violet McGraw, Sebastian Stan, Julia Louis-Dreyfus
Mots clés
Cinéma américain, Film de super-héros, L’Univers Marvel au cinéma