Brightburn est une variation maléfique sur le thème de l’inconnu doté du super-pouvoirs, qui détourne les codes de Superman pour les insérer dans un teen-movie horrifique sommaire, mais particulièrement pertinent et efficace dans son ambiance.
Synopsis : Un enfant venu d’un autre monde se pose en catastrophe sur Terre. Loin de devenir un héros aux yeux de l’humanité, il va se révéler terriblement malveillant… Tori Breyer a perdu tout espoir de devenir mère un jour, quand arrive dans sa vie un mystérieux bébé. Le petit Brandon est tout ce dont elle et son mari, Kyle, ont toujours rêvé. A l’approche de la puberté, quelque chose d’aussi puissant que sinistre se manifeste chez lui. Désormais, Brandon n’agit plus que pour satisfaire ses terribles besoins, et même ses proches sont en grave danger alors que l’enfant miraculeux se transforme en un redoutable prédateur qui se déchaîne sur leur petite ville sans histoire…
Brightburn est la version horrifique de Man of Steel
Critique : Prenez Superman, dans sa version Man of Steel, et transformez le jeune adolescent promis à un avenir bienveillant en monstre, dépossédé de tout sentiment positif, usant de son énergie et ses super-pouvoirs à de macabres desseins. Vous obtiendrez alors Brightburn, une variation particulièrement intrigante sur notre obsession des personnages de super-héros, catapultée dans l’univers de la série B sombre, violente et insidieusement terrifiante.
Le retour de James Gunn au cinéma horrifique
L’idée séduisante a été développée en famille par le réalisateur des Gardiens de la galaxie – James Gunn, originaire du cinéma d’épouvante (Horribilis)-, avec son cousin et son frère, tous deux au scénario, quand le plus fameux des trois se contente de produire. Leur obsession : multiplier les références à la BD originale de Superman, et à la franchise cinématographique, dans le moindre détail, jusqu’aux symboles griffonnés par le jeune protagoniste, sans pour autant donner l’impression de plagier.
Les forces du Mal sont extra-terrestres
Aussi, rien de bon ne ressortira du jeune anti-héros, engeance adoptée provenant de l’espace, découvert par une nuit sombre, dans une forêt, par un couple en mal d’enfant. Brandon, gamin mal-aimé à l’école pour ses différences, va, une fois l’âge bouillonnant de l’adolescence arrivé, transformer sa rage en violence incontrôlable. Celle-ci va se retourner contre ses camarades, la police, et évidemment sa famille. Les dégâts qu’il occasionnera, impulsés par des forces extra-terrestres qui prennent possession de son inconscient, seront considérables puisque, comme Superman, il est capable de voler très haut et même de côtoyer les vols aériens. On vous laisse imaginer les catastrophes.
2019 © Screen Gems / Sony Pictures Releasing France
Un microcosme d’ambiance plus proche de The Crazies que de Smallville
Dans ce film d’épouvante et de science-fiction plaisant, l’on peut reprocher à l’histoire d’être un peu trop sommaire, comme si, entre Carrie et Superman, les auteurs avaient eu du mal à se débarrasser des seules intentions de fanboys, pour donner une vraie identité à cette entité malveillante qui affectionne les déguisements quand il frappe (masque improvisé et cape pour mieux dynamiser ses vols). Brandon incarne la menace sur cette Amérique isolée et se contentera de n’être que ça, dans un microcosme d’ambiance sombre qui rappelle souvent le remake de La nuit des fous vivants de George A. Romero, The Crazies. On y retrouve le même rapport aux éclairages, à la ruralité, ce même écrin enténébré qui possède un charme réel.
Une production confinée aux canons de la série B d’épouvante
A court d’idées vraiment personnelles, les scénaristes de Brightburn et le réalisateur David Yarovesky remplissent les charges de la série B, avec des scènes efficaces, particulièrement violentes. Les amateurs de cinéma d’épouvante y retrouveront l’obscurité des ténèbres dans lesquelles ils aiment se lover, mais à peu près rien de plus.
Elizabeth Banks, dans un registre où elle a peu œuvré (elle était toutefois en tête de cast dans Horribilis de James Gunn), est particulièrement convaincante, quand le jeune Jackson A. Dunn fait le job, effaçant tout sentiment sur son visage, avec conviction. Ils incarnent les deux seuls personnages à réellement exister dans cette production bien torchée mais dont les pistes narratives resteront jusqu’au bout sous-exploitées. C’est dommage, mais loin d’être déshonorant, et puis cela nous donne, de surcroît, la possibilité d’entendre avec un son 5.1 percutant, le tube de Billie Eilish, Bad Guy. Rien que pour cela, on ne s’en privera pas.
Critique : Frédéric Mignard
Les sorties du 26 juin 2019
2019 © Screen Gems / Sony Pictures Releasing France