The Host : la critique du film (2006)

Fantastique, Action, Drame | 1h59min
Note de la rédaction :
9/10
9
The Host, affiche du film de Bong Joon-Ho, reprise 4K

  • Date de sortie: 22 Nov 2006
  • Nationalité : Sud-Coréen
  • Titre original : Gwoemul
  • Scénaristes : Bong Joon Ho, Jun-won Ha, Chul-hyun Baek
  • Compositeur : Byung-woo Lee
  • Distributeur : Océan Films
  • Distributeur reprise : The Jokers Classics
  • Date de reprise : 8 mars 2023 (restauration 4K)
  • Éditeur vidéo : TF1 Vidéo (2007), The Jokers (2023)
  • Date de sortie vidéo : 6 septembre 2007, 6 décembre 2023 (Ultra HD, 4K, blu-ray)
  • Box-office France : 159 439 entrées / 70 519 entrées
  • Box-office américain / Box-office mondial : 2 201 923 $ / 89 433 436 $
  • Budget : ₩12 215 500 000 / 11 000 000$
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleur (35mm) / Dolby Digital EX
  • Festivals / Récompenses : 4 prix aux Asian Film Awards 2007 (Meilleur film, Effets spéciaux, Acteur, Photo), Meilleur montage et Meilleur réalisateur aux Grand Bell Awards (Corée du Sud) en 2007, 2 prix au festival de Sitges en 2006, Sélection Quinzaine des Réalisateurs à Cannes 2006, Arras Film Festival 2006, Pusan International Film Festival 2006, Toronto International Film Festival (2006), Helsinki International Film Festival (2006), New York Film Festival (2006), Chicago International Film Festival (2006), Horrorthon Festival Dublin (2006), Stockholm International Film Festival (2006), Brussels International Fantastic Film Festival (2007), Amsterdam Fantastic Film Festival (2007)...
  • Création graphique : Madison Coby (Ultra HD 4K)
  • Copyrights : © Chungeorahm Film. Tous droits réservés
Note des spectateurs :

Après le thriller exceptionnel Memories Of Murder, The Host est un nouveau chef d’œuvre pour Bong Joon-ho qui s’attaque cette fois au film de monstre pour proposer un drame familial poignant et une satire politique au vitriol. On en redemande !

Synopsis : A Séoul, Park Hee-bong tient un petit snack au bord de la rivière Han où il vit avec les siens. Il y a son fils aîné, l’immature Gang-du, sa fille Nam-joo, une championne malchanceuse de tir à l’arc, et Nam-il, son fils cadet éternellement au chômage. Tous idolâtrent la petite Hyun-seo, la fille unique de Gang-du.
Un jour, un monstre géant et inconnu jusqu’à présent, surgit des profondeurs de la rivière. Quand la créature atteint les berges, elle se met à piétiner et attaquer la foule sauvagement, détruisant tout sur son passage.
Le snack démoli, Gang-du tente de s’enfuir avec sa fille, mais il la perd dans la foule paniquée. Quand il l’aperçoit enfin, Hyun-seo est en train de se faire enlever par le monstre qui disparaît, en emportant la fillette au fond de la rivière.
La famille Park décide alors de partir en croisade contre le monstre, pour retrouver Hyun-seo.

Les films sortis en 2006

Critique : The Host : l’hôte du fleuve Han. Celui qui sépare la Corée du Nord de la Corée du Sud en son estuaire et se jette dans la Mer Jaune (la couleur importante du film). C’est le 3ème long-métrage de Bong Joon-ho, juste après son chef d’oeuvre incontesté Memories Of Murder.

Ici, il s’attaque au film de monstre, genre peu représenté en Corée. Il met en scène une famille plutôt dysfonctionnelle, autour de Park Gang-du (l’inévitable Song Kang-ho sous teinture jaune bien pétant), un père de famille assez immature et maladroit.

Il travaille et vit dans le snack de son père, Hee-bong, au bord du fleuve avec sa fille Hyun-seo. Sa soeur Nam-joo est tireuse à l’arc, éternelle dernière marche du podium, et son frère Nam-il est un diplômé au chômage.

Par une après-midi comme les autres, une sorte d’immense monstre marin surgit et décime la rive pour se sustenter, emportant, une fois terminé, la jeune Hyun-seo dans les égouts.

The Host, photo du film de Bong Joon-Ho, reprise 4K (2023)

© Chungeorahm Film.

La créature de The Host, une conséquence de l’occupation américaine

Si Bong Joon-ho semble, avec The Host, changer de registre, il n’abandonne en rien son ton ravageur et sa défiance envers les institutions qui caractérisent jusque là son cinéma.

La vraie nouveauté, c’est qu’il le fait par l’intermédiaire d’une créature numérique conçue par Weta Digital. Le monstre est une sorte de croisement entre un alien et un calamar gigantesque. Il est le résultat d’un excès autoritaire d’un médecin militaire américain qui ordonne à son collègue coréen de verser des dizaines de vieux flacons de formaldéhyde dans le fleuve. Tout ça malgré les réticences de ce dernier et les lois environnementales régissant le pays.

On décompte en Corée du Sud la présence de quelques 30000 soldats américains. Répartis dans des bases militaires considérées comme territoire américain, ils peuvent y effectuer tous types de tests sans que le gouvernement Sud-Coréen n’y ait ne serait-ce qu’un droit de regard.

Le point de départ du film s’inspire d’ailleurs d’un fait réel puisqu’en 2000 un civil américain travaillant dans une base militaire aurait déversé du formaldéhyde dans le fleuve Han.

Bong Joon-ho fait de son monstre le pur produit de l’occupation désastreuse des américains, avec la complicité plus ou moins avouée des institutions coréennes.

The Host, affiche du film de Bong Joon-Ho, reprise 4K

© Chungeorahm Film.

Incompétence et bêtise crasse : le recours au burlesque

Comme dans Memories of Murder, les autorités sont composées de parfaits imbéciles et d’idiots maladroits. On retrouve la figure burlesque du flic qui se casse la gueule tout seul, cette fois incarnée par un agent en jaune (avant le déploiement de l’agent jaune plus tard dans le film), qui avance parmi les rescapés de l’attaque du monstre dans un gymnase et se vautre devant tout le monde. Avant de tenter de maîtriser une foule qui serait contaminée par un virus inconnu.

Le cinéaste orchestre une dynamique de l’incompétence entre les américains et les coréens. Jusqu’à l’ironie lorsque les américains jugent via presse interposée les Coréens incapables de gérer une crise qu’ils ont eux-mêmes provoquée.

Les médecins et scientifiques croisés dans le film ne sont pas en reste. Complètement à côté de la plaque, ils iront jusqu’à pratiquer une trépanation sur le pauvre père de famille qui s’évertue à vouloir sauver sa fille.

The Host, un précipité du cinéma de Bong Joon-ho

À nouveau le film est une merveille d’écriture et de mise en scène. Jouant sur plusieurs tonalités qui s’accordent comme les groupes d’instruments composant un orchestre, passant du film de monstre au drame familial jusqu’au burlesque qui n’est jamais bien loin.

Bong Joon-ho trouve encore de merveilleuses rimes visuelles, ici avec la couleur jaune mais aussi les formes et les architectures. Il flirte aussi parfois avec le conte. Comme lorsqu’il faut récupérer les enfants dans le ventre de la bête, inversion de la trajectoire de Pinocchio qui allait chercher Geppetto dans le ventre de Monstro.

Pour la première fois aussi, il met en scène toute une famille qui s’entraide pour sauver l’une des leurs. Chaque membre est sollicité pour ses compétences propres, annonçant la famille d’arnaqueurs de Parasite. Par leur intermédiaire, le cinéaste met ici en scène les déclassés de la croissance économique du pays. Ceux qui vivotent du chômage ou de petits boulots, qui subissent en première ligne les catastrophes industrielles et écologiques.

The Host, photo du film de Bong Joon-Ho, reprise 4K

© Chungeorahm Film.

Une nouvelle charge politique

D’ailleurs, un terme en particulier relie Park Gang-du à de jeunes frères sans abris rencontrés plus tard qui se servent dans le snack abandonné et, finalement, au monstre. C’est le Seo-ri, qui dans le film est le droit qu’ont les enfants affamés de voler des melons (ou autres produits de la ferme) dans les champs.

Si cette pauvre créature doit bien mourir pour le mal qu’elle déclenche, il ne s’agissait pour elle, au fond, que de se nourrir. Les véritables responsables, eux, ne seront bien évidemment pas inquiétés.

Drame familial, charge politique – voire satire – et film d’horreur, encore une fois Bong Joon-ho fait feu de tout bois et maîtrise tous les aspects à la perfection. Un sens aigu de la composition, du cadre et des personnages; une virtuosité jusque dans le chaos agencé devant la caméra, The Host est un nouveau manifeste qui annonce à la fois Okja et Parasite, ce qui souligne d’autant plus l’incroyable cohérence de l’œuvre du cinéaste.

Et, même s’il faut avouer que la créature numérique a un peu vieilli, le film émerveille toujours autant.

Le film est repris en salle en France le 8 mars 2023 dans une version restaurée 4K.

Critique : Franck Lalieux

Box-office :

Sorti dans une combinaison très importante pour une production sud-coréenne en 2006 et avec des critiques pleines de louanges, The Host a réalisé une bonne première semaine de par sa nationalité (93 357 entrées). En revanche, la deuxième semaine ne fut pas bonne (41 000 entrées, -56%), ce qui incita les exploitants à libérer leurs salles (-134). Le film plonge alors de 72% en 3e semaine et se retrouve à 11 647 spectateurs. L’exploitation à une échelle grand public est alors terminée. En 5e semaine, le film de monstre en est réduit à 38 écrans pour 3 024 spectateurs (-74%).

Au final The Host achèvera sa carrière aux alentours des 160 000 entrées en 2007. Des chiffres à revoir en hausse grâce aux séances spéciales organisées jusqu’en 2023, notamment grâce à l’effet-boost de la Palme d’Or Parasite en 2019. La reprise en 2023, permise par The Jokers, devrait lui permettre de gonfler encore ses résultats.

UHD 4K

Sortie monumentale chez The Jokers, The Host revient en 4K le 6 décembre 2023, avec 4h34 minutes de suppléments et une édition illustrée par Madison Coby.

  • Storyboard complet de 334 pages en coréen et traduit en anglais et français
  • Histoire(s) de famille : un documentaire exclusif qui revient sur The Host 15 ans plus tard réalisé par Jésus Castro produit par Grab The Cat – 52 min env. (avec la participation exclusive de l’équipe du film)
  • Masterclass de Bong Joon Ho au Grand Rex en février 2023
  • Aux origines de The Host
  • Bong Joon Ho en action
  • Dans la tête du monstre
  • De l’animatique au rendu final (Course poursuite)
  • De l’animatique au rendu final (Première attaque)
  • De l’animatique au rendu final (Seju et Sejoon)
  • La communauté de Weta
  • La Famille Park
  • Le Design de la créature
  • Créer le monstre
  • Rencontre avec Bong Joon Ho
  • Scènes coupées (La créature)
  • Scènes coupées (La créature avec commentaire de Bong joon Ho)
  • Scènes coupées (Les Parks et compagnie)
  • Scènes coupées (Les Parks et compagnie, avec com audio de Bong Joon Ho)
  • Tournage au coeur des ténèbres
  • Du story-board à l’écran (5 modules )
  • Bande annonce 2023

Reprise : sorties de la semaine du 8 mars 2023

Sorties de la semaine du 22 novembre 2006

The Host en 4K chez The Jokers

Edition illustrée par Madison Coby. Copyrights : The Jokers

The Host de Bong Joon-ho, l'affiche française originale de 2006

Trailers & Vidéos

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The Host, affiche du film de Bong Joon-Ho, reprise 4K

Bande-annonce de The Host

Fantastique, Action, Drame

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