Stars 80, au-delà du film concept, est une comédie entraînante, qui se distingue du tout-venant grâce la complicité évidente entre ses différents protagonistes.
Synopsis : Vincent et Antoine, deux fans des années 80, dirigent une petite société de spectacle qui fait tourner des sosies dans toute la France. Entre déboires sentimentaux et caprices de leurs pseudo vedettes, l’affaire finit par péricliter. A la veille du dépôt de bilan, ils retrouvent un carton de vieux 45 tours : Jeanne Mas, Jean-Luc Lahaye, Lio, Desireless, Peter & Sloane, François Feldman, Début de soirée, Images, Cookie Dingler, Sabrina, Gilbert Montagné… tous les tubes des années 80 ! Immédiatement, l’étincelle jaillit : pourquoi ne pas faire remonter sur scène les vraies Stars des années 80 ? Les deux producteurs partent alors en quête de ces vedettes oubliées, et montent une tournée de concerts qui débutera dans la galère avant de cartonner en province et triompher… au Stade de France !
© Daniel Angeli / La Petite Reine
Critique : La comédie française a tendance à irriter le poil des critiques par son manque de modestie. Les castings fâchent, les promotions agacent, les suites irritent… Le manque de sincérité des produits de consommation populaire au bout du compte déçoivent toujours. Peu avant la sortie de Stars 80, on subissait La Vérité si je mens ! 3, la moins spontanée de nos comédies maison.
Stars 80, un film karaoké, mais sans le goût du bling
Thomas Langmann, à l’origine de l’adaptation de Stars 80, la tournée des vedettes du Top 50, le sait bien : il a été largement responsable du fiasco d’Astérix aux Jeux Olympiques, notoire pour son goût du bling. Cela lui a servi de leçon. Le producteur qui défraiera la chronique people à plus d’une reprise dans la décennie a depuis produit The Artist, et semblait avoir tiré les leçons de son incursion chaotique dans la bande-dessinée. Son nouveau projet, sur le papier, ressemble à une comédie conceptuelle purement commerciale mais au final s’avère être un divertissement nostalgique joliment attachant.
© Daniel Angeli / La Petite Reine
Dans Stars 80, l’aventure humaine, faite de complicité et de simplicité séduit immédiatement. Le choix des deux comédiens principaux pour incarner les créateurs de la vraie tournée, Patrick Timsit et Richard Anconina, est là pour nous le rappeler sans cesse. Ces deux acteurs affichent une tendresse pour leur sujet et semblent en harmonie au beau milieu du casting ringard des années quatre-vingt composés de faiseurs de tubes d’une époque 45 tours révolue. Ils sont sincères et pêchus et contribuent à la générosité débordante du film.
Des acteurs – chanteurs attachants
Dans un long métrage forcément sans grand scénario, mais non dépourvu de gags, car on rit souvent, notamment lors d’une séquence hilarante où tout le monde, réuni dans un hôtel, s’interroge sur qui couche avec la véhémente Sabrina, l’objectif premier est de mettre en scène les sons des vedettes déchues des années pop qui ont pris un sacré coup de vieux, physiquement en tout cas, lors des retrouvailles physiques avec ces anciennes gloires des plateaux de télévision de la décade folle.
L’effet nostalgie pourrait réduire Stars 80 au seul statut putassier de film-karaoké, mais c’est sans compter le désir de ressusciter un état d’esprit un peu fou et carrément loufoque, communément vécu, et qui manque peut-être à la décennie 2010 que d’aucuns pourraient qualifier de cynique.
© Daniel Angeli / La Petite Reine
Le hit-parade s’amuse
Dans cet hymne à une décade d’insouciance, où les mélodistes ne se prenaient pas pour le centre du monde, on retrouve quelques quasi inconnus (Leopold Nord et Vous, Cookie Dingler, chacun un hit unique au Top 50), des grosses vedettes qui ont longtemps caracolé en tête des hit-parades et dont la chute fut spectaculaire (Jeanne Mas, rayonnante au passage, François Feldman…), des personnalités vraiment attachantes comme Gilbert Montagné au charisme qui dépasse les lieux communs d’un répertoire de bal populaire, mais aussi des forces de la nature. Sloane et sa crinière-touffe fait figure de bourrasque comique dans le film ; le subversif Jean-Luc Lahaye joue à fond la carte de l’autodérision avec de nombreuses allusions à ses scandales passés. N’oublions pas la carte de la sensualité interprétée par une autre révélation, la plantureuse Sabrina, oui, l’interprète de Boys, qui, malgré l’âge, est juste canon, mais sans aucune vulgarité…
Ce casting musical que l’on pourrait élargir à d’autres noms (Émile & Images, Début de soirée, Desireless…) s’amuse, profitant ensemble d’une ultime notoriété avec le risque de disparaître à nouveau de la mémoire collective une fois le feu de la nostalgie apaisé, au risque de retomber dans une dépression refoulée. Ceci fait justement la grande force d’un film où l’on sent le vécu, les fêlures d’expériences qui n’ont pas dû être simples à gérer, mais toutefois ne laissent transparaître ici aucune trace d’amertume.
Bref, loin d’être un produit concept roublard, Stars 80 est une belle expérience à vivre collectivement, avec ses amis quadragénaires décomplexés. Les plus jeunes, eux, s’abstiendront. Tout est question de génération. Dans vingt ans on leur vendra le retour de Kenza Farah et Amel Bent, c’est sûr, cela n’aura pas le même charme !
Évidemment, tout ce qui a été écrit dans cette critique ne reflète nullement le fiasco commercial et artistique de Stars 80, la suite (2017), qui est exactement à l’opposé de tout ce qui a été écrit dans ce même papier… Il faut parfois savoir laisser le passé se reposer pour ne pas faire du présent un enfer…