Très gros succès de la fin des années 90, Souviens-toi… l’été dernier a plutôt mal vieilli dans sa volonté de développer une horreur lisse destinée au public adolescent. Pas mauvais, mais juste insipide.
Synopsis : La nuit de la fête nationale, Julie, Helen, Ray et Barry ont par accident renversé un inconnu. Devant la crainte de leur avenir compromis par ce drame, ils décident de faire disparaître le corps et font le serment de ne rien dire à personne, jamais. L’été suivant, chacun des quatre amis se trouve confronté à des évènements terrifiants. Ils doivent se rendre à l’évidence : quelqu’un sait ce qu’ils ont fait et semble bien décidé à le leur faire payer.
Critique : Ecrit avant Scream (Wes Craven, 1996) par un Kevin Williamson débutant, le scénario de Souviens-toi… l’été dernier est inspiré d’un roman de Lois Duncan que l’apprenti modifie du tout au tout pour en faire un slasher adolescent susceptible de trouver preneur parmi les grands studios. Il a suffi de la sortie du slasher de Wes Craven pour que la Columbia Pictures se porte acquéreur du script du nouveau chouchou d’Hollywood.
Afin de surfer le plus vite possible sur cette nouvelle vague, le studio engage l’écossais Jim Gillespie sur la recommandation de Kevin Williamson qui avait été séduit par son court-métrage Joyride (1995). Pour séduire le jeune public, les deux hommes choisissent d’engager Jennifer Love Hewitt qui était connue pour la série La vie à cinq (1995-1999), ainsi que Sarah Michelle Gellar qui venait d’entamer la série culte Buffy contre les vampires (1996-2003). Côté masculin, leur choix s’est porté sur Ryan Phillippe dont le physique avantageux avait su retenir l’attention dans des seconds rôles au sein de grosses productions comme USS Alabama (Tony Scott, 1995). Enfin, Freddie Prinze Jr fut sélectionné pour sa capacité à incarner un Américain moyen basique, rôle auquel le condamne la faiblesse de son jeu.
Dès les premières scènes, Souviens-toi… l’été dernier se positionne comme un pur produit destiné aux teenagers, avec profusion de chansons djeuns – histoire de se souvenir que les ados de l’époque vénéraient des groupes de rock comme Offspring ou Green Day, alors qu’aujourd’hui, ils ne jurent plus que par le rap. Dans tous les cas, cette manie de coller un extrait de chanson fun dans quasiment toutes les scènes afin de vendre plus de BO frise ici l’indigestion.
Adaptation en série télévisée de Souviens-toi l’été dernier, sur Prime Vidéo. Tous droits réservés.
Si l’intrigue démarre sur de solides bases avec l’accident initial, celle-ci va ensuite connaître de gros trous d’air par manque de véritable retournement de situation. Dès le moment où s’enclenche la vengeance du boogeyman, le spectateur commence à s’ennuyer puisque celui-ci se révèle assez inefficace. Il passe la plupart du film à tuer des personnages secondaires sans que l’on comprenne la logique de ces meurtres inutiles. Il est en revanche assez maladroit dès qu’il s’agit de trucider les protagonistes principaux, les laissant parfois s’échapper de manière surréaliste.
Une fois enclenchée la logique du slasher, le film déroule donc une suite de séquences dont certaines peuvent être efficaces, même si elles débouchent inévitablement sur une frustration : Souviens-toi… l’été dernier est sans aucun doute l’un des films d’horreur les moins sanglants de l’histoire du cinéma. Il s’agissait apparemment d’une volonté du réalisateur Jim Gillespie qui souhaitait en mettre le moins possible. Les quelques petits passages avec un semblant d’hémoglobine ont donc été ajoutés par la suite par le studio.
Affiche © Columbia TriStar, Sony Pictures
Totalement timoré sur le plan graphique, le film souffre également de la présence d’un boogeyman sans aucun charisme. Son crochet et son ciré de pêcheur ne parviennent pas à faire oublier ses prestigieux ainés dans le domaine. Pire, une fois son identité révélée, il combat sans ses attributs iconiques et devient alors un simple serial-killer de plus (et pas le plus inquiétant, il faut bien l’avouer).
Si l’on ajoute à cela des incohérences narratives (le tueur massacre la coiffure de Sarah Michelle Gellar à coups de ciseaux, mais celle-ci défile sur un char de beauté avec des cheveux impeccables dès la scène suivante) et des raccourcis psychologiques enfantins, Souviens-toi… l’été dernier n’a donc pas grand-chose à proposer si ce n’est une description plutôt réussie d’une petite ville portuaire, cadre enchanteur qui change par rapport aux énièmes slashers se situant en banlieue. On aime également la fraîcheur des deux actrices principales et de Ryan Phillippe qui apportent un peu d’humanité à leurs personnages.
Contre toute attente, cette production mineure a rencontré un vif succès à sa sortie, cumulant plus de 125 millions de dollars dans le monde pour une mise de départ de 17M$. En France, ils ne furent pas moins de 1,2 million de spectateurs à venir célébrer le renouveau du slasher post-Scream. Les résultats furent tellement bons qu’une suite a été immédiatement mise en chantier. Souviens-toi… l’été dernier 2 (1998), réalisé par Danny Cannon, fut toutefois une sacrée déception, le film étant un infâme nanar. A noter également l’existence d’un pur produit vidéo intitulé Souviens-toi… l’été dernier 3 (2006), réalisé par Sylvain White pour le compte de Sony, avec un casting intégralement différent. Inutile de perdre son temps à visionner ce tardif rejeton dont on imagine aisément la qualité.
Depuis, une série télévisée a été produite en 2021 pour la plateforme Prime Vidéo, tandis qu’un quatrième opus – reboot va pointer le bout de son nez en juillet 2025 sobrement titré Souviens-toi… l’été dernier (Jennifer Kaytin Robinson, 2025).
Critique de Virgile Dumez
© 1997 Mandalay Entertainment, Original Film, Summer Knowledge LLC. Tous droits réservés.
Slasher, Teen movie, Psycho Killer, Les films d’horreur des années 90, Interdit aux moins de 12 ans, 1998, Cinéma américain