Showgirls : la critique et le test blu-ray (1996)

Drame, Erotique | 2h11min
Note de la rédaction :
8/10
8
Showgirls_affiche française reprise 2016

  • Réalisateur : Paul Verhoeven
  • Acteurs : Elizabeth Berkley, Gina Gershon, Kyle MacLachlan, Robert Davi, Jack McGee
  • Date de sortie: 10 Jan 1996
  • Nationalité : Américain, Français
  • Scénariste : Joe Eszterhaz
  • Distributeur : AMLF Distribution / Pathé (Reprise 2016)
  • Éditeur vidéo : Pathé Vidéo
  • Date de sortie vidéo :
  • Date de reprise cinéma : 14 septembre 2016
  • Box-office USA : 20 350 000$
  • Box-office France / Paris-périphérie : 735.935 entrées France - 186 342 entrées Paris périphérie (1996)
  • Classification : Interdit aux moins de 12 ans
Note des spectateurs :

Mariah Carey, Céline Dion et Britney Spears ont toutes un point commun : elles ont été showgirls à Las Vegas , mais visiblement, pas chez Paul Verhoeven. Il est temps de redécouvrir aujourd’hui l’œuvre décadente et jouissive du réalisateur de Basic instinct, passée de sinistre et obscur nanar à pamphlet culte.

Synopsis : Sans famille, sans amis et sans argent, Nomi Malone débarque à Las Vegas pour réaliser son rêve : devenir danseuse. A peine arrivée, elle se fait voler sa valise par l’homme qui l’a prise en stop. Perdue dans la ville, Nomi doit son salut à Molly Abrams, costumière au «Cheetah», un cabaret réputé de la ville. Molly lui trouve un job de stripteaseuse dans une boîte où elle fait elle-même quelques extras. Cristal Connors, la vedette du «Cheetah», très attirée par Nomi, la fait engager dans son show où elle gravit rapidement les échelons. Dans les coulisses impitoyables de Vegas, Nomi devient très vite une rivale gênante.

Revoir Showgirls et mourir.

Critique : Vingt ans après sa sortie initiale, l’œuvre maudite de Paul Verhoeven est comme une évidence, surtout dans une version HD restaurée qui lui redonne toute légitimité. Le film le plus conspué des années 90, haï par la critique, raillé par le public, flop notoire de 1996, est encore plus que jamais un grand Paul Verhoeven…

La glace et le feu

Quatre ans après l’embrasement des sens à Hollywood, dû au triomphe monumental de Basic Instinct que Verhoeven et le scénariste Joe Eszterhaz avaient porté au firmament, déclenchant la mode en série des thrillers érotiques (suivront Sang chaud pour meurtre de sang-froid, Body of Evidence, Sliver, Jaded, Last Seduction…), le trublion néerlandais ose l’impossible en 96, réaliser un pamphlet anti-américain, s’attaquant à la matrice même du rêve américain dans le microcosme de Las Vegas, mais en imposant contractuellement un point de vue radical. Il veut son film classé NC-17, c’est-à-dire interdit aux moins de 17 ans, y compris pour les mineurs accompagnés de leurs parents, et après les réussites consécutives de Robocop, Total Recall et Basic Intsinct, Hollywood ne souhaite pas le contredire.

Interdit aux moins de 17 ans, un point c’est tout.

Le pari est osé pour le studio Carolco de Mario Kassar, au bord de la faillite, qui se fait aider par deux sociétés, MGM en l’occurrence pour l’Amérique du Nord et l’ancêtre de Pathé pour le reste du monde. On offre au tandem Verhoeven – Joe Eszterhas, une confiance excessive, malgré les risques de boycott de la part des multiplexes américains : à cette époque (comme aujourd’hui, d’ailleurs), on ne réalise pas de gros budget avec pareille classification sous peine d’être estampillé d’œuvre sulfureuse, et donc infréquentable. Pas de pour ce type de produit, absence de publicité à la télévision, d’habillage dans les centre-commerciaux… on devient l’innommable, marqué du sceau de la vilénie.

Violence des échanges en milieu tempéré

Par rapport au Rated R – Basic Instinct, qui était avant tout un thriller avec la star Michael Douglas, le NC-17 – Showgirls se veut cru et pompier dans son attaque du mythe de l’American Dream : plus de jambon et de draps froissés au grand désespoir des pudibonds qui ont voulu envoyer Verhoeven et toute sa famille brûler au bûcher.

Pourtant la violence, à l’exception d’une scène de viol, très dure, et celle de rapports humains marqués par la corruption, la domination et la soumission, n’est pas graphique comme dans Basic où l’on sortait le pic à glace au pieu pour maculer les draps d’un sang impur. L’animalité primaire du thriller avec Sharon Stone était, il est vrai, plus brutale, plus frontale. Elle baignait dans les fluides.

Elizabeth Berkley dans Showgirls

Crédits : 1995 Pathé Production. Tous droits réservés.

Trop cul pour l’Amérique

L’échec commercial et la haine déversée sur Showgirls donnèrent raison aux bonnes mœurs alors que Verhoeven, royal, offrait pourtant l’une de ses tranches de cinoches les plus héroïques sur le grand écran. Une success story épique de vulgarité, totalement pompier, mais étrangement fascinante dans sa réalisation démesurée à la façon d’un grand maître inspiré des années 70…

Dans un monde laid et odieux, Verhoeven magicien de l’image, glorieux dans l’hyperbole, rendrait presque beau l’inanité d’un milieu poudré au plus profond des narines qui marque la déliquescence d’une réussite à l’américaine où les protagonistes sont prêts à tout dans leur construction personnelle, une ruée vers l’Ouest où l’or est devenu paillettes.

Portrait dérangeant d’une Amérique décadente

Au crépuscule de la télé-réalité, dont on retrouve déjà des bribes étranges dans le voyeurisme systématique auquel l’auteur nous convie, Showgirls est loin d’être l’enfant sot, voire abject, dont on devrait réfuter toute paternité. Puissant, sensuel, techniquement épatant, habité d’une B.O. “industrielle” qui détonne (Dave Stewart d’Eurythmics, et des invités comme Bowie ou Siouxie), le success-story du cul mérite la consécration qu’on lui octroie finalement tardivement, des décennies plus tard. Mais nous, déjà en 96, alors que François Mitterand trépassait et signait la fin d’une ère, on était déjà subjugué. Pourtant l’on sentait déjà le monde basculer vers autre chose. Le politiquement correct peut-être…

 

Showgirls_affiche française reprise 2016

Copyrights : Showgirls, 1995 Pathé Productions. Tous droits réservés.

Test blu-ray

 

Compléments : 2.5/5

C’est un peu léger pour un collector. L’interview de Verhoeven (22mn) est forcément passionnante, au vu de la genèse complexe du film. On aime également le petit passage de Verhoeven aux Razzie Awards où il s’était présenté pour recevoir une bonne demi-douzaine de films. Mais on pouvait espérer plus, par rapport à la réception critique, tellement de petits modules amusants et informatifs auraient pu être tournés, indépendamment de la présence ou non de Verhoeven.

Image : 4.5/5

Sublime grain d4époque pour un film restauré avec une finesse de chaque instant. Le film pourtant récent, d’à peine 20 ans d’âge, se dévoile dans un master juvénile, impeccable de luminosité et de contraste, à l’exception de quelques plans plus lisses, mais rares. Le rendu colorimétrique est exquis et le décor morbide d’un Vegas de lumières totalement épatant dans sa tridimensionnalité.

Son : 4.5/5

Le DTS HD Master Audio en 5.1 est solide, avec une bande-son rendue percutante et des dialogues ouvertement contemporains dans leur limpidité. La VO est à privilégier. Le caisson est sollicité à raison et les arrières savamment utilisées. Même le baiser final entre Gina Gershon et Elisabeth Berkley gagne en une intensité acoustique.

 

Disponible en VOD

Disponible en blu-ray 

 

Critique de Frédéric Mignard

 

Edition DVD de Showgirls 2016

Crédits : 1995 Pathé Production. Tous droits réservés.

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