La saga Saw, dans toute sa grande médiocrité, revient enfin aux bons rebondissements et captive à nouveau malgré son horreur graphique par trop excessive et surtout malsaine. Saw VI est l’un des meilleurs chapitres de la franchise, sans avoir à beaucoup se forcer.
Synopsis : L’agent spécial Strahm est mort, et le détective Hoffman s’impose alors comme le légataire incontesté de l’héritage de Jigsaw. Cependant, tandis que le FBI se rapproche de plus en plus dangereusement de lui, Hoffman est obligé de commencer un nouveau jeu qui révélera enfin quel est le véritable grand dessein derrière les machinations de Jigsaw…
Critique : On ne se leurrera pas, la série Saw, c’est franchement pas jojo. Une réalisation toute moche, des décors cradingues, des acteurs quasi amateurs… A part le premier volet, qui a révélé le talent de James Wan, pour le coup vraiment formidable, le reste de la saga est constitué de vilains petits nanars qui se sont bâtis une réputation dans le gore extrême et les rebondissements diaboliques. Ce procédé souvent efficace (le N°3) a pu aussi devenir totalement ridicule (son successeur).
Saw 6, l’un des moins mauvais épisodes de la franchise
Le fameux « saucisse » – saluons le courage du distributeur qui a été jusqu’au bout sans rebaptiser son film chapitre 6 pour éviter le ridicule -, sort en France, comme à l’accoutumée en novembre et la programmation est difficile tant les cinémas rechignent à diffuser pareils spectacles sadiques. Malgré tout, le succès n’est plus au rendez-vous, même si Saw 6 revient au niveau modeste du 3e épisode grâce à un script très ingénieux.
Est-ce parce que l’on a enfin réussi à se faire aux nouveaux personnages, comme le détective Hoffman, désormais l’héritier de Jigsaw, ou également l’épouse du défunt tueur ? En tout cas, l’immersion dans ces nouvelles tortures se fait moins pénible sur un plan narratif.
Pourtant les irritants flashbacks sont toujours incessants, ce qui peut perturber la lisibilité du scénario, surtout pour les néophytes. Mais n’est-ce pas là l’intérêt du mythe, s’offrir comme un puzzle en perpétuelle construction ? Entre les extraits des précédents numéros insérés pour raviver notre mémoire et l’insertion de nouvelles scènes passées qui viennent éclairer les zones d’ombres des premiers numéros, on doit bien dire que les scénaristes avaient encore de la ressource, notamment par rapport à la mort d’Amanda (Shawnee Smith) et surtout concernant l’épouse de Jigsaw qui revêt ici un rôle déterminant.
Le scénario n’a de cesse de jouer avec la chronologie, non plus pour verser dans la bouillie narrative comme dans le 4e opus, mais pour resserrer un étau machiavélique que l’on espère à son maximum.
Vive la crise, Saw VI verse du sang nouveau
Côté violence, ce premier film du moteur officiel de la franchise, Kevin Greutert, s’ouvre toujours sur une scène d’anthologie forcément trop éprouvante pour être approuvée. On en reste encore secoué par son hystérie. Le reste du spectacle est graphiquement intense, mais tout de même moins malsain que le 3e épisode, de loin le plus morbide. Finalement, cette gratuité ne nous empêche pas d’apprécier à sa juste valeur cette série B maligne.
Après tout cette nouvelle incursion dans l’esprit malade du tueur au puzzle, dont l’héritage est accompli par des disciples, est surtout une bonne critique du système capitaliste. Et oui, cela se ressent, Saw 6 a été écrit en temps de crise financière et cela apporte du sang neuf à la saga.
Box-office : Saw 6 vaincu par le nouveau phénomène de mode, Paranormal activity.
Il lui aura fallu attendre son 6e numéro pour courber l’échine ! En effet, après des démarrages consécutifs autour des 30M$ (un succès unique pour une franchise, de surcroît hardgore et rated R), la série de films Saw connaît quelques signes d’essoufflement avec le numéro VI. Le phénomène Paranormal activity que Paramount sort aux USA pour la saison d’Halloween, aura été le plus fort dans un combat de titans comme on en aura peu vu au box-office américain, puisque concernant deux produits d’épouvante.
Saw VI n’a certes coûté que 10M$, mais ses recettes se sont effondrées après un volet 5 déjà déclinant. Avec 27M$ aux USA, il s’agit évidemment des recettes les plus basses sur les 8 premiers films. A l’international où la censure lui a voulu la peau, ce sont à peine 40M$ de recettes qui ont été déboursés, loin des habituels 100M$.
Avec une affluence de 477 000 entrées, la France s’affirme désormais comme le 3e marché mondial derrière les USA et le Royaume-Uni (8.3M$).
Lionsgate, déçu par ces résultats, décide d’abandonner l’idée d’un chapitre final en deux parties. C’était devenu tendance avec les franchises Harry Potter, Twilight et Hunger Games. A chaque fois, producteurs et studios feuilletonnaient plus qu’il n’en fallait des phénomènes de leur temps qui détenaient les clés de leur santé financière, espérant rebondir avec un nouveau concept d’ici la fin d’une série.
Le Chapitre final en relief, dont la préproduction fut lancée 2 semaines avant la sortie de Saw VI, fut largement réécrit, avec des ambitions narratives à la baisse, mais un budget doublé, à l’instar de ses recettes qui s’élèveront à 136M$, soit deux fois plus que son prédécesseur.
Qualitativement, en revanche, le bouquet final demeure l’un des pires couacs jamais commis sur un ultime numéro et soldera le divorce d’une génération avec une saga excessive mais pourtant très appréciée par un socle solide d’adolescents et de jeunes adultes.
Les films de la franchise Saw
Les sorties de la semaine du 4 novembre 2009
Affiche finale de Saw VI © 2008 Lions Gate Inc. Tous droits réservés / All rights reserved
Biographies +
Kevin Greutert, Shawnee Smith, Betsy Russell, Tobin Bell, Costas Mandylor, Mark Rolston