Saw III (Saw 3) : la critique du film (2006)

Horreur, Thriller, Gore | 1h47min / 1h51min (Director's Cut)
Note de la rédaction :
5/10
5
Saw 3, jaquette VOD

  • Réalisateur : Darren Lynn Bousman
  • Acteurs : Shawnee Smith, Dina Meyer, Tobin Bell
  • Date de sortie: 22 Nov 2006
  • Année de production : 2006
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Saw III
  • Titres alternatifs : Décadence III (Québec), Puzzle mortal III (Roumanie), Jogos Mortais III (Brésil), El juego del miedo III (Mexique, Amérique Latine), Saw 3 - O Legado (Portugal), Fűrész 3 (Hongrie), Piła III (Pologne), Saw III - Hast du das Leben verdient? (Allemagne), Saw III - L'enigma senza fine (Italie), Slagalica strave 3 (Serbie)
  • Acteurs : Angus Macfadyen, Bahar Soomekh, Shawnee Smith, Donnie Wahlberg
  • Scénariste : Leigh Whannell
  • D'après une histoire de : James Wan et Leigh Whannell
  • Monteur : Kevin Greutert
  • Directeur de la photographie : David A. Armstrong
  • Compositeur : Charlie Clouser
  • Chef décorateur : Liesl Deslauriers
  • Producteurs : Mark Burg, Oren Koules, Greg Copeland (co-producteur)
  • Producteurs exécutifs : Stacey Testro, James Wan, Leigh Whannell, Jason Constantine
  • Sociétés de production : Twisted Pictures, Ontario Production Services Tax Credit, Canadian Film or Video Production Services Tax Credit,
  • Distributeur : Metropolitan Filmexport (France), Lions Gate Films (Distributeur)
  • Editeur vidéo : Metropolitan Vidéo
  • Date de sortie vidéo : 7 juin 2007 (DVD), 10 mars 2011 (Pack 7 films DVD & blu-ray), 1er septembre 2023 (coffret 1-8, DVD & blu-ray)
  • Budget : 10 000 000 $
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 767 340 entrées / 185 816 entrées
  • Box-office nord-américain / monde : 80 238 724 $ / 164 874 275 $
  • Classification : Interdit aux moins de 18 ans
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleur (35 mm) / 5.1 Dolby Surround, SRD, DTS
  • Nominations : Meilleur film d'horreur (Academy of Science Fiction, Fantasy & Horror Films, USA), 4 nominations aux Scream Awards 2007
  • Récompenses : Meilleure musique pour Charlie Clouser (BMI Film & TV Awards)
  • Illustrateur/Création graphique : © Troïka. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © 2006. Lionsgate, Twisted Pictures, Metropolitan FilmExport. All Rights Reserved. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Attachés de presse : François Rey (agence Kinéma)
  • Tagline : Vous en voulez encore ?
  • Franchise : 3e opus de la franchise Saw
Note des spectateurs :

Esthétique crasseuse, mise en scène hystérique et déluge de violence insoutenable : bienvenue dans le cru 2006 d’une saga – alors trilogie – qui basculait dans l’underground nauséabond. Saw 3 n’était pas un bon film, mais son virage radical dans l’hyper-gore a surpris, le vouant à une interdiction aux moins de 18 ans en France. Il demeure l’un des segments les plus haletants de la franchise, l’un des plus appréciés, et surtout celui qui a récolté les plus grosses recettes mondiales sur 10 longs métrages en 20 ans, malgré son ADN hardcore.

Synopsis : Le Tueur au puzzle a mystérieusement échappé à ceux qui pensaient le tenir.
Pendant que la police se démène pour tenter de lui remettre la main dessus, le génie criminel a décidé de reprendre son jeu terrifiant avec l’aide de sa protégée, Amanda…
Le docteur Lynn Denlon et Jeff ne le savent pas encore, mais ils sont les nouveaux pions de la partie qui va commencer…

Photo de Saw 3 de Darren Lynn Bousman (2006)

© 2006. Lionsgate, Twisted Pictures, Metropolitan FilmExport. All Rights Reserved.

Critique : Le succès des deux premiers volets de la saga des Saw laissait imaginer un assagissement visuel, un adoucissement au niveau de la violence graphique pour ne pas trop rebuter la commission de censure et ainsi attirer un public toujours plus large. Néanmoins les producteurs ont laissé carte blanche à Darren Lynn Bousman, pourtant coupable de l’artistiquement très moyen deuxième volet, pour qu’il emprunte les voies artistiques de son choix. Et visiblement, ce sont les voies de la souffrance et du sadisme que le scénariste Leigh Whannell (le jeune acteur du premier Saw et collaborateur historique de James Wan) et le jeune réalisateur de 26 ans ont choisies.

Conforté par le succès du second épisode (152M$ de recettes pour un budget de 5M$), le cinéaste bénéficie d’un budget double et se permet d’ouvrir les vannes d’hémoglobine et de viscères à l’excès. Saw III le putride se saisit d’une audace de pur film d’exploitation et ose montrer quelques-unes des images les plus violentes et les plus répugnantes jamais vues dans une œuvre au potentiel commercial si important. Créant un véritable malaise chez le spectateur en offrant des plans dignes de productions underground asiatiques (Camp 731/Man behind the sun, vous remettez ?).

La manipulation mentale par la complaisance

Darren Lynn Bousman nourrit ici la vague en vogue de torture porn d’un fleuron qui n’est pas destiné à mettre à l’aise son public, puisqu’il le malmène avec un certain plaisir régressif. Le procédé de la manipulation mentale par la complaisance est pervers, mais pas forcément aisé. Il faut être capable d’aller jusqu’au bout de ses excès, dépasser toutes les limites, et pourtant ne pas diminuer l’impact commercial du produit qui se défend par un script à rebondissements où l’ascension en crescendo crée un effet de spirale infernale. Mais était-ce pour autant la chose à faire ? On peut légitiment remettre en question la démarche consistant à pousser l’horreur dans ses derniers retranchements quand on sait que ceux qui en feront le succès en vidéo auront bien moins de dix-huit ans. En les confrontant à de telles barbaries, l’équipe de ce Saw 3 n’en ressort pas grandie. Et artistiquement non plus.

Photo de Saw 3 (2006) de Darren Lynn Bousman

© 2006. Lionsgate, Twisted Pictures, Metropolitan FilmExport. All Rights Reserved.

En effet, toute réflexion sur la cruauté et le gore mises de côté, le segment ne vaut pas tripette. Avec ses allures de série B aux couleurs pisseuses, sa réalisation hystérique suremployant les accélérés, ses acteurs gauches et son script d’exploitation se contentant de tirer sur les ficelles usées des précédents numéros, Saw 3 n’a rien de révolutionnaire à nous proposer, si ce n’est l’aveu de sa propre médiocrité. Cependant le twist final, procédé scénaristique sur lequel les fans attendent ce troisième chapitre au tournant, n’en demeure pas moins malin, même s’il est tout à fait prévisible. Il clôt la trilogie par un chaos sanglant d’un pessimisme radical décidément très à la mode quand on voit les fins dépressives de The Grudge 2 et du prequel de Massacre à la tronçonneuse, tous deux sortis à la fin de l’année 2006.

Malgré tout, avec le recul de dix épisodes, le nauséabond Saw 3 est très certainement le troisième segment le plus recommandable de cette tumeur cinématographique aux ramifications sur 20 années, après le premier opus de James Wan (authentique chef d’œuvre dans la série B disjoncté) et Saw X résurrection gratifiante avec un grand X comme hardcore. La boucle est bouclée.

Frédéric Mignard

Tobin Bell dans Saw 3 (2006)

© 2006. Lionsgate, Twisted Pictures, Metropolitan FilmExport. All Rights Reserved.

Box-office de Saw 3

Film phénomène qui accéléra la vague de torture porn, Saw III est le sommet commercial de la saga, malgré son caractère hardcore, et en particulier, en France, son interdiction aux moins de 18 ans.

Un an après le triomphe de Saw 2 qui réorientait le thriller malin de James Wan vers une saga adolescente basée sur l’hémoglobine, Saw 3 sort après une production express avec la dextérité de la société Lions Gate dont le développement va s’accélérer grâce au triomphe de la saga.

La carrière de Saw III dans le monde et aux USA

Aux Etats-Unis, l’attente est prégnante. Le distributeur Lions Gate empoche 33 610 391$ dans 3 167 salles, lors d’une sortie le week-end précédent Halloween. Pour son second week-end, le thriller gore perd 55.9% de ses recettes (14 800 000$ / total de 59M$). Malgré son caractère hardcore, ce 3e épisode obtiendra les deuxièmes plus grosses recettes des 10 films de la franchise aux USA (80 238 724$), derrière celles mirobolantes de Saw II (87 025 093$).

Dans le monde, Saw III décroche le jackpot avec les recettes mondiales les plus solides (163 876 815$). La série B gore  éclabousse comme toujours des marchés particulièrement acquis à sa cause : le Royaume-Uni, l’Allemagne ou encore l’Espagne.

  1. Royaume-Uni : 16 501 404$
  2. Allemagne : 7 575 003$
  3. Espagne : 6 740 743 $
  4. France : 5 426 944 $
  5. Australie : 5 264 167$
  6. Danemark : 5 133 297$
  7. Italie : 4 895 245$
Coffret 2023 Saw 1 à 8

© Lionsgate, Twisted Pictures, Metropolitan FilmExport. All Rights Reserved.

En France, le contexte de sortie est particulier. Metropolitan FilmExport décide de l’exploiter près d’un mois après la sortie anglophone. En traversant la Manche pendant les vacances de la Toussaint, l’on peut découvrir l’épisode le plus azimuté de la saga en avant-première. Le piratage n’est pas alors aussi destructeur pour la carrière d’un film que dans les années 2010 et le distributeur ne compte pas sur Halloween pour booster sur la carrière du film. Au contraire, Saw III arrive en France sans projections de presse pour soutenir son lancement, avec la promesse de twists ahurissants.

Censure par la classification, incivilités, et phénomène de salle, Saw 3 débarque en France

Néanmoins Metropolitan FilmExport doit affronter la réticence des exploitants à programmer l’œuvre dans leurs salles. Le 2e épisode avait provoqué des incivilités qui vont devenir la valeur ajoutée immersive des Saw dans certains cinémas de France, incitant parfois les cinémas le programmant à opter pour la VOSTF ou l’emploi d’un agent de sécurité dans les salles en question, voir à le déprogrammer quand les projections deviennent ingérables.

Paris est également rétive, puisque seuls 12 écrans s’y essaient malgré le succès considérable de son prédécesseur.

Pis, la commission de classification décide d’une interdiction aux moins de 18 ans pour le sadisme de cette œuvre inappropriée pour les adolescents. Le ministre de la culture, saisi par les professionnels du cinéma, confirmera cette forme de censure par la classification, la veille de la sortie.

Strictement interdit aux moins de 18 ans, comme du porno

Saw 3 est donc officiellement “interdit aux moins de 18 ans”, une première pour un film non pornographique, situé dans le genre horrifique et surtout pour un produit hollywoodien destiné aux adolescents.

La mesure provoque des remous parmi les jeunes spectateurs de 16 ans et, comme Le Monde l’explique si bien dans cet article, cela impose aux agents des cinémas de faire la police auprès d’un public refoulé à qui ce genre de films qui leur est destiné.

Tout ceci génère une vraie publicité supplémentaire autour du métrage qui suscite le goût de l’interdit et devient néanmoins le plus gros succès de toute la franchise, avec 71 902 spectateurs, et ce, malgré la sortie le même jour de Casino Royale, le tout premier James Bond avec Daniel Craig.

Dans seulement 202 cinémas, Jigsaw ouvre les bras à 398 998 apôtres pour une moyenne exceptionnelle de 1 975 spectateurs. La deuxième semaine est encore une fois excellente (206 281 spectateurs dans 213 cinémas, -48%). La semaine du 6, Décadence 3 (titre québécois) soulève encore 95 457 curieux et franchit la barre des 700 000 spectateurs.

Frédéric Mignard

Les sorties de la semaine du 22 novembre 2006

Les films de la franchise Saw

Affiche de Saw 3

Design : Troïka © 2006. Lionsgate, Twisted Pictures, Metropolitan FilmExport. All Rights Reserved.

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