Série B sympathique, Road House s’appuie sur le charisme de Patrick Swayze et un script qui reprend les figures imposées du western dans un cadre contemporain. Efficace.
Synopsis : Dalton a toutes les qualifications requises pour avoir un boulot stable et une vie tranquille, mais il préfère vivre sa vie. Voilà pourquoi il se retrouve vigile au Double Deuce, un bar de Jasper. Lors de sa première nuit de travail, il est blessé, mais aussitôt recueilli et soigné par Elizabeth Clay, une jeune et belle doctoresse. Malheureusement, Brad Wesley, qui règne en maître sur le crime à Jasper, est intéressé par la jeune femme…
Road House ou comment moderniser les thématiques du western classique
Critique : Devenu célèbre aux Etats-Unis grâce à la série télévisée Nord et Sud sur la guerre de Sécession et au film Dirty Dancing (Ardolino, 1987), l’acteur Patrick Swayze est approché pour jouer dans Tango et Cash aux côtés de Sylvester Stallone, mais finalement il préfère refuser cette proposition. Effectivement, parallèlement, on lui propose d’interpréter le rôle principal de Road House, un script original de R. Lance Hill (sous le pseudo de David Lee Henry). Séduit par cette proposition de modernisation du western classique, Patrick Swayze collabore donc avec le producteur Joel Silver et le réalisateur Rowdy Herrington pour faire de Road House une œuvre à sa gloire naissante.
© 1989 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. / Conception graphique : © 2015 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. Tous droits réservés.
Considéré par beaucoup à sa sortie comme un navet, détenteur de cinq nominations aux Razzie Awards qui récompensent les plus mauvais films de l’année, Road House (1989) n’est pourtant pas le vilain petit canard tant décrié. Certes, son script est basique et reprend sans faire preuve du moindre second degré tous les clichés attachés au western classique.
Si l’action est bien contemporaine, les cinéphiles n’auront guère de mal à faire le rapprochement avec ce genre pourtant passé de mode à l’époque. On trouve ici un héros solitaire qui vient remettre de l’ordre dans une petite ville de province dominée par un potentat local ignoble. On ne nous épargne ni les menaces qui pèsent sur les petits commerçants, ni les trafics menés en toute tranquillité par les truands du coin. D’abord observateur silencieux, Dalton (incarné avec charisme par Patrick Swayze) va finir par intervenir et déclencher ainsi une situation inextricable où la violence semble la seule issue possible.
Un film à la gloire de Patrick Swayze
Le réalisateur Rowdy Herrington parvient à présenter les personnages avec un certain sens de la narration, en prenant notamment son temps. Cela permet au spectateur de s’attacher à ce personnage de videur atypique, alors même que l’on évoque à son sujet un passé trouble. Grâce à sa présence physique et son magnétisme animal, Patrick Swayze arrive à nous convaincre de la dangerosité de son personnage. Si les séquences d’arts martiaux ne sont pas aussi chorégraphiées que dans d’autres productions de l’époque, cela octroie une certaine véracité aux combats qui parsèment le long-métrage.
Rowdy Herrington fait plutôt bien monter la tension entre les antagonistes et le déferlement de violence final se justifie finalement plutôt bien, du moins dans un contexte redneck américain où les balles sifflent avant que l’on puisse commencer à discuter. Le réalisateur soigne ses éclairages et ses décors (le bar a été entièrement construit pour l’occasion) et il n’oublie pas de fournir une bande-son blues du meilleur effet. Une grande partie des morceaux originaux ont ainsi été composés par le jeune artiste de blues aveugle Jeff Healey que l’on voit à plusieurs reprises dans le film. Outre un bon nombre de standards du blues et du rock, la bande originale de Michael Kamen s’avère assez savoureuse et participe largement au plaisir qui émane de cette série B bien fichue.
Une déception commerciale au cinéma, compensée par son succès en vidéo
Bien évidemment, pour pouvoir apprécier une telle œuvre, il faut impérativement laisser au vestiaire son esprit cynique. Dans Road House, tout doit être pris au premier degré, comme doivent également être vus les films des années 50 auxquels il se réfère à maintes reprises. Sorti au printemps 1989 dans les salles américaines, le long-métrage a déçu les attentes des producteurs qui comptaient réitérer le carton de Dirty Dancing. Toutefois, le long-métrage n’a pas perdu d’argent pour autant et s’est avéré une bonne affaire sur le long terme grâce à d’excellentes ventes en VHS, puis, plus tard, en DVD. En France, Road House a mieux marché que Dirty Dancing (qui fut un flop à sa sortie, rappelons-le) en cumulant 639 139 entrées sur tout le territoire au mois de janvier 1990. Chez nous aussi, le film a gagné en importance au cours du temps grâce à la vidéo.
Il a ainsi fallu attendre 2006 pour qu’un Road House 2 (Ziehl) soit produit, au grand dam des fans du premier. Point de Patrick Swayze à l’horizon dans cette suite vidéo opportuniste. Inégal et kitsch, le premier Road House ne doit aucunement être méprisé puisqu’il offre un spectacle de bonne tenue à ceux qui apprécient les films burnés des années 80, dont il possède encore toutes les caractéristiques, avant la normalisation qui interviendra dans les années 90.
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 3 janvier 1990
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