Priscilla : la critique du film de Sofia Coppola (2024)

Biopic, Historique, Drame | 1h53min
Note de la rédaction :
5,5/10
5,5
Priscilla, l'affiche

  • Réalisateur : Sofia Coppola
  • Acteurs : Cailee Spaeny, Jacob Elordi
  • Date de sortie: 03 Jan 2024
  • Année de production : 2023
  • Nationalité : Américain, Italien
  • Titre original : Priscilla
  • Titres alternatifs : Pristsila. Elvis və mən (Azerbaïdjan)
  • Autres acteurs : Dagmara Dominczyk, Deanna Jarvis, Luke Humphrey, Jorja Cadence, Tim Post, Emily Mitchell, Ari Cohen
  • Scénariste : Sofia Coppola
  • D'après : l'ouvrage Elvis and Me de Priscilla Presley et Sandra Harmon
  • Monteuse : Sarah Flack
  • Directeur de la photographie : Philippe Le Sourd
  • Compositeur : Phoenix
  • Cheffe maquilleuse : Iantha Goldberg
  • Cheffe décoratrice : Tamara Deverell
  • Directeur artistique : Danny Haeberlin
  • Producteurs : Sofia Coppola, Youree Henley , Lorenzo Mieli
  • Producteurs exécutifs : Roman Coppola, Chris Hatcher, Priscilla Presley, Fred Roos
  • Sociétés de production : American Zoetrope, The Apartment, Fremantle, Standalone Pictures
  • Distributeur : ARP Sélection (France) ; A24 (Etats-Unis)
  • Distributeur reprise :
  • Date de sortie reprise :
  • Editeur vidéo : ARP Sélection (DVD et blu-ray, 2024)
  • Date de sortie vidéo : 3 mai 2024
  • Budget : 20 000 000 $
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 299 690 entrées / 110 169 entrées
  • Box-office nord-américain / monde : 20 960 939 $ / 33 111 706 $
  • Rentabilité :
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs / Son : Dolby Digital
  • Festivals : Mostra de Venise 2023 : en compétition
  • Nominations : Golden Globes 2024 : Meilleure actrice dans un film dramatique pour Cailee Spaeny / Critic's Choice Award 2024 : Meilleurs maquillages et coiffures
  • Récompenses : Mostra de Venise 2023 : Coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine pour Cailee Spaeny
  • Illustrateur/Création graphique : © Caractères (ddesign affiche) ; Philippe Le Sourd (photos). Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © American Zoetrope, The Apartment, Fremantle, Standalone Pictures. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Attachées de presse : Laurence Granec, Vanessa Fröchen
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  • Franchise :
Note des spectateurs :

Sofia Coppola revient au biopic avec Priscilla qui se regarde sans déplaisir, mais échoue à approfondir des thématiques pourtant intéressantes. Un peu vain.

Synopsis : Quand Priscilla rencontre Elvis, elle est collégienne. Lui, à 24 ans, est déjà une star mondiale. De leur idylle secrète à leur mariage iconique, Sofia Coppola dresse le portrait de Priscilla, une adolescente effacée qui lentement se réveillera de son conte de fées pour prendre sa vie en main.

Un biopic complémentaire de celui sur Elvis

Critique : Tandis que Baz Luhrmann a développé son propre biopic sur Elvis (2022) avec dans le rôle principal Austin Butler, Sofia Coppola a choisi de se concentrer sur l’épouse de la star mondiale, Priscilla Presley. Adapté des mémoires de la future actrice écrits en 1985 (Elvis et moi), le scénario a été rédigé par Sofia Coppola qui s’intéresse une fois de plus au destin d’une jeune femme qui va vivre dans un lieu fait de luxe et d’aisance, avant que ce conte de fées ne se transforme in fine en cage dorée.

Priscilla, photo 1

© 2023 American Zoetrope – The Apartment – Fremantle – Standalone Pictures. Tous droits réservés.

Pas besoin de chercher très loin ce qui a attiré la réalisatrice dans ce destin de femme, étant donné qu’elle n’a eu de cesse de traiter ce sujet dans ses différents films (on songe bien évidemment à son autre biopic Marie Antoinette, en 2006). Pourtant, Priscilla suit la chronologie des événements sans chercher à la bousculer. Ainsi, elle montre comment une jeune star mondiale de 24 ans est parvenue sans mal à séduire une gamine de 14 ans, le tout sous le regard complice de son entourage.

Pas de leçon de morale en vue, et c’est tant mieux!

Pourtant, Sofia Coppola ne fait pas de cette relation quelque peu étonnante une histoire de toxicité masculine. En fait, elle insiste sur le fait que l’adolescente est franchement amoureuse du chanteur et qu’elle a donc tout fait pour pouvoir partager sa vie, y compris en forçant la main de ses parents, bien conscients qu’elle est trop jeune pour convoler en justes noces avec le King.

Même si Priscilla Presley n’accuse personne dans son livre et qu’elle assume pleinement ses choix, le spectateur contemporain aura tout de même à l’esprit les problèmes du consentement et surtout du discernement à un âge aussi précoce. Cela n’est jamais totalement exprimé dans le film de Sofia Coppola qui nous épargne donc une leçon de morale et on la remercie pour cela. Effectivement, il aurait été ridicule de poser un regard trop contemporain sur des événements se déroulant dans un contexte sociétal radicalement différent.

Priscilla, une épouse amoureuse, mais délaissée

En fait, le spectateur n’a pas besoin qu’on lui tende la main pour comprendre que la jeune femme est devenue une potiche dans les mains d’un jeune homme instable et autoritaire. Elle ne fut toutefois pas la seule à une époque où le patriarcat n’était aucunement considéré comme négatif. Ainsi, Priscilla montre que le destin de la gamine se joue durant les conversations téléphoniques entre le père et le prétendant. Toute une époque en quelque sorte.

Une fois installée à Graceland, l’impressionnante résidence du King, Priscilla Presley se rend compte qu’elle n’est qu’un meuble parmi les autres. Sa vie est certes faite de luxe et de fêtes incessantes, mais elle n’a aucune marge d’autonomie, n’étant qu’un jouet dans les mains d’un mari très directif. Elle doit notamment avaler de sacrées couleuvres lorsqu’elle apprend par la presse les frasques sexuelles de son époux. Délaissée sur le plan affectif, parfois violentée par un homme sous l’influence de médicaments et de drogues diverses, la jeune femme finira par prendre son destin en main en rompant avec celui qu’elle vénérait plus que tout.

Coppola filme le vide d’une existence

Malheureusement, le film de Sofia Coppola ne parvient pas vraiment à faire ressentir la douleur de cette rupture car la fin semble quelque peu précipitée par rapport au reste d’une œuvre multipliant les scènes d’attente. On retrouve une fois de plus chez Sofia Coppola ce goût pour les intérieurs luxueux, pour les univers ouatés, mais aussi cette volonté de filmer le vide d’une existence. Ce qui peut inévitablement déboucher sur une forme de vacuité.

Priscilla, photo 2

© 2023 American Zoetrope – The Apartment – Fremantle – Standalone Pictures. Tous droits réservés.

Ainsi, la réalisatrice, à force de se concentrer sur son couple central, ne parvient pas à faire exister tous les personnages secondaires, à la fois très nombreux et totalement accessoires. En ce qui concerne Elvis, Jacob Elordi livre une prestation honorable, mais qui ne permet pas de répondre à nos nombreuses questions sur le bonhomme. La comparaison avec la prestation d’Austin Butler dans le biopic fiévreux de Baz Luhrmann n’est clairement pas à son avantage. On préfère largement la prestation de Cailee Spaeny qui montre bien le passage de l’innocente gamine à celui de la femme décidée à prendre son destin en main. Serait-on allé jusqu’à lui décerner la coupe Volpi de la meilleure actrice ? Sans doute pas, car son personnage n’est pas suffisamment bien écrit pour que l’on s’y attache pleinement.

Priscilla, le plus mauvais score de Sofia Coppola au box-office français

Réalisé avec soin, Priscilla profite d’une bande-son travaillée, mais souffre sans doute d’un manque de folie et d’audace qui ne le distingue pas vraiment des nombreux biopics académiques sortis ces dernières années. Proposé aux Etats-Unis fin octobre 2023, Priscilla n’a pas été une bonne affaire pour la firme A24 qui en attendait davantage que ses 20 960 939 $ de recettes nord-américaines. Sachant que le budget du film est tout de même de 20 millions de billets verts (sans compter les frais de promotion qui doublent généralement la somme), Priscilla n’a donc guère convaincu sur le plan commercial.

Diffusé en France début janvier 2024, le biopic a bénéficié une fois de plus de critiques favorables de la part de la presse hexagonale. Alors que les Parisiens semblent intéressés par le sujet du film, le reste de la France demeure nettement en retrait. Ainsi, ARP Sélection a injecté 258 copies pour un résultat moyen de 144 773 entrées en première semaine (celle du 3 janvier). Malgré un apport de 40 copies supplémentaires, le biopic perd plus de 53% de spectateurs en deuxième fournée avec seulement 67 618 retardataires.

Afin de soutenir son poulain, le distributeur met le paquet en poussant jusqu’à 454 copies qui offrent au long métrage un résultat de 42 668 spectatrices en troisième semaine. Déjà à 255 059 entrées, le long métrage va encore connaître quelques semaines d’exploitation jusqu’au début mars. Mais avec 299 690 entrées sur toute la France, Priscilla demeure le plus mauvais résultat de la réalisatrice chez nous, preuve du peu d’impact du sujet auprès du public local. Le film, plutôt moyen, n’a pas su convaincre au-delà d’une frange acquise d’avance.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 3 janvier 2024

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Priscilla, l'affiche

© 2023 American Zoetrope – The Apartment – Fremantle – Standalone Pictures / Affiche : Caractères. Tous droits réservés.

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Sofia Coppola, Cailee Spaeny, Jacob Elordi

Mots clés

Cinéma indépendant américain, Les films A24, Biopic, Reconstitution des années 60, L’emprise au cinéma

 

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Priscilla, l'affiche

Bande-annonce de Priscilla (VOstf)

Biopic, Historique, Drame

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