Premier long métrage d’un roi de la comédie française Eric Lavaine, Poltergay est une comédie pitoyable, qui navigue allègrement entre gauloiserie et ringardise gay. Un flop à sa sortie, en 2006.
Synopsis : Beaux, jeunes et amoureux… Marc et Emma sont les nouveaux propriétaires d’une maison
inhabitée depuis trente ans. Ils ignorent que la cave de la maison a abrité, il y a bien
longtemps, une boîte de nuit gay.
Le 29 avril 1979 à 2 heures du matin, suite à un incident électrique avec la machine à mousse, en pleine fête disco, la boîte a été dévastée. Parmi les danseurs, cinq corps n’ont jamais été retrouvés.
Aujourd’hui, la maison est hantée par cinq fantômes fêtards, taquins et gays. Marc les voit. Emma ne les voit pas. Les “visions” de Marc vont précipiter le départ d’Emma.
Marc se retrouve seul avec ses interrogations. Touchés par cet homme à la dérive, les fantômes vont l’aider à reconquérir Emma.
Design : Arsenic – Photo © Arnaud Joubin. © Same Player, Babe Films, TF1 International, M6 Films. Tous droits réservés / All rights reserved
Critique : La comédie gay pour hétéros hilares était-elle encore tendance au cinéma en 2006 ? Plus de vingt-cinq ans après La cage aux folles et dix ans après Pédale douce, les producteurs de Poltergay voulaient y croire encore en rouvrant le grand bazar rose sur la place publique afin que l’on puisse rire une fois de plus des us et coutumes de ces joyeux sires. L’idée est limite, le résultat consternant.
Rire de ou sur les gays ?
En matérialisant dans ce nouveau millénaire des fantômes homosexuels tout droit issus des années 70, ce sont bien les pires clichés d’une époque que l’on ressuscite de chez les morts (les années SIDA sont passées par là entre temps). Disco poussiéreuse, fringues kitsch, homos forcément efféminés renvoyant à la traditionnelle image de la grande folle… la panoplie de clichés caricaturaux et blessant est accompagnée d’un regard beauf.
S’il n’y a pas de quoi donner des intentions homophobes au cinéaste et scénariste Eric Lavaine (déjà responsable de beaucoup de programmes comiques sur Canal et futur réalisateur d’Incognito, Bienvenue chez ma mère et Barbecue), on peut néanmoins sérieusement douter des effets de son long sur le public de masse. Tant de bêtises (les gags renvoient au pire du cinéma Z des années 70 et 80) dans un seul et même scénario, cela joue finalement contre la communauté gay que le film est censé rapprocher du public. Bien sûr les acteurs et leur jeu agaçant n’aident pas. Du côté hétéro comme du côté homo, c’est l’égalité dans le fiasco, tout le monde surjoue et se noie dans un déluge de scènes rapides et hystériques qui ne laissent jamais le temps à l’intrigue de se mettre en place.
Box-office de Poltergay
Au box-office, la comédie consternante ne sera pas à la hauteur de son postulat commercial. Proposé dans 388 cinémas pour les fêtes de la Toussaint, Poltergay a fait illusion en première semaine avec 299 500 entrées et une moyenne convenable de 388 spectateurs par salle. Profitant de l’omniprésence de Clovis Cornillac – 6 films en 2004, 5 en 2005, vu dans Bruce de Nice, Malabar Princess, Les Chevaliers du ciel et Les Brigades du Tigre -, Poltergay réussit à se classer en 3e position du box-office derrière deux films d’animation, Les Rebelles de la forêt (2e semaine) et Azur et Asmar, bijou de l’artisanat français, en première semaine). En deuxième semaine, en raison d’un bouche-à-oreille médiocre, la comédie perd 50% de sa fréquentation (148 000). Le gadin s’accentue en 3e et 4e semaines (-58% et -65%).
Fort heureusement, la comédie a bénéficié d’un budget moyen de 5.5 million d’euros, ce qui n’impacte pas trop la société Same Player qui connaîtra de beaux succès entre 2009 et 2019 (Incognito, Barbecue, Retour chez ma mère, Chamboultout). La boîte de production d’Éric Lavaine aura plus de mal dans les années 2020 avec des flops en série.
Distribué par TFM, société regroupant TF1 et Miramax, Poltergay connaîtra une micro sortie européenne et profitera de l’avènement du DVD pour se vendre sur quelques marchés internationaux. Pas de quoi limiter la casse. Le contenu folklorique de Poltergay n’a convaincu personne, se limitant in fine à un jeune de mot rigolo (Poltergeist/Poltergay) qui ne justifiait pas un film pour autant.
Les sorties de la semaine du 25 octobre 2006
Design : Arsenic – Photo © Arnaud Joubin. © Same Player, Babe Films, TF1 International, M6 Films. Tous droits réservés / All rights reserved
Biographies +
Éric Lavaine, Clovis Cornillac, Julie Depardieu, Philippe Duquesne, Michel Duchaussoy, Jean-Michel Lahmi, Lionel Abelanski, Gilles Gaston-Dreyfuss, Georges Gay, Anne Caillon
Mots-clés :
Les films de 2006, Les films Gay et Lesbiens, TFM Distribution, Comédies