Expérience de tournage à fleur de peau, My Son est le remake en anglais de Mon garçon. Dans les deux cas Christian Carion réalise et laisse parler le décor dans une atmosphère lourde et oppressante. My Son est un thriller glauque pour les fans de James McAvoy.
Synopsis : Edmond Murray roule à bord d’une voiture louée sur une route qui longe un Loch au coeur des Highlands d’Ecosse. Son ex-femme, Joan Richmond, lui a laissé un message en larmes : leur fils de 8 ans, Ethan, a disparu. Il retrouve Joan dans un camping “aventure” où l’enfant devait passer une semaine avec d’autres gamins. Rapidement la piste de l’enlèvement s’impose, plongeant les parents de l’enfant dans une angoisse encore plus grande…
L’expérience insolite
Critique : Moins une expérience pour les spectateurs que pour l’acteur principal, le caméléon James McAvoy aux prises toujours extrêmes avec ses propres personnages (Split, Ordure !, Trance, Atomic Blonde, pour ne citer que quelques uns de ses rôles à fleur de peau), My Son fonctionne sur un concept fort. Sur un tournage de moins d’une dizaine de jours, Christian Carion met l’acteur face à la disparition d’un fils, dans un paysage oppressant – ici la sublime Ecosse des Highlands -, et lui fait découvrir le fil du scénario lorsqu’il tourne, en direct, avec les acteurs autour de lui. Habité par l’ignorance autour du sort de son rejeton – est-il toujours vivant -, la paranoïa monte. Père à distance impliqué dans des dossiers commerciaux secrets aux conséquences géopolitiques, il craint le pire. Culpabilité du beau-père? D’un riche client pour faire pression? D’un pédophile local? Les rebondissements narratifs lâchés au nez de l’inflammable James McAvoy qui aime jouer la paranoïa et les personnalités schizophrènes, embrase l’acteur dont on ressent l’intensité de ses meilleures incarnations.
James McAvoy dans My Son de Christian Carion (2021) © Eros STX Global Corporation. Tous droits réservés / All rights reserved
Remake de Mon garçon
Il s’agit exactement de ce qu’a pu ressentir Guillaume Canet lors du tournage dans le Vercors de Mon garçon, du même réalisateur, en 2017, puisqu’il s’agit ici d’un remake en anglais coproduit par les Américains, Britanniques et les Français. Cette fois-ci, le rôle féminin principal, la mère divorcée, jadis jouée par Mélanie Laurent est interprétée par l’héroïne jeune de The Crown, Claire Foy, qui s’implique un peu plus dans la narration que dans le script du film original, même si son personnage de mère est toujours secondaire, voire sous valium, pour laisser le concept monter et gangréner le personnage habité de McAvoy.
My Son ravive le souvenir des thrillers sombres des années 90
Dans ce thriller sombre et glauque qui ose une thématique que peu de longs ont osé aborder frontalement, le cadre naturel est fascinant. La beauté de la réalisation est marquée par des plans aériens qui s’engouffrent dans une Ecosse de conte cruel. My Son a été tourné en automne, à une époque de lumière et de couleurs uniques. Ce cadre irréel et fantasmagorique intervient sur le ressenti émotionnel des spectateurs sur lesquels l’étau se resserre autant que sur les acteurs. La musique orchestrale de Laurent Perez Del Mar est superbe et habille parfaitement cette immersion dans les noirceurs marécageuses de l’âme humaine quand Mon garçon gardait la musique à distance pour caractériser sa narration d’une approche plus réaliste.
Le film qui peut paraître long à démarrer, n’est pas à déconseiller à ceux qui connaissent la conclusion de Mon garçon. Le cadre naturel envoûte l’âme et hypnotise les esprits. L’expérience de James McAvoy, faute d’être inédite, demeure percutante et ravive le souvenir des thrillers glauques des années 90 (Tesis, Seven, Le silence des agneaux, et 8MM).
Sorties de la semaine du 3 novembre 2021
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