Hommage amusé aux films de SF des années 50, Meurtres en VHS est une petite bande bis fort agréable grâce à un humour au second degré bienvenu et une réalisation efficace. Dommage que l’esthétique kitsch soit trop prononcée.
Synopsis : Un employé d’un magasin de vidéos tombe sur un complot extraterrestre visant à conquérir la Terre en lavant le cerveau des gens avec un mauvais film de science-fiction des années 50.
Un hommage sincère aux films de SF des années 50
Critique : Au cours des années 80, de nombreux jeunes réalisateurs ont rendu hommage aux films de SF qui ont marqué leur enfance durant les années 50. Ainsi, on a vu fleurir des œuvres qui sont autant d’hommages à cette époque comme Explorers (Dante, 1985), L’invasion vient de Mars (Hooper, 1986), Halloween III : Le Sang du sorcier (Lee Wallace, 1982), The Thing (Carpenter, 1982) ou encore Le Blob (Russell, 1988), également avec Kevin Dillon. Le réalisateur indépendant Jeff Lieberman s’inscrit donc volontairement dans cette optique, tout en continuant à développer ses propres obsessions.
© 1988 Jeff Lieberman / © 2021 Le Chat qui Fume. Tous droits réservés.
Ainsi, dans Meurtres en VHS (1988), Lieberman reprend une thématique déjà abordée dans son Rayon bleu (1977), désormais plus connu sous son titre original de Blue Sunshine. Dans ce petit film culte, le cinéaste décrivait les ravages causés par une drogue proche du LSD qui poussait les consommateurs à la folie et au meurtre. Ici, le principe est assez identique puisque le réalisateur décrit une nouvelle série de meurtres sous influence. Sauf que cette fois-ci le vecteur est une cassette VHS qui diffuse notamment un vieux film de SF kitsch des années 50. En réalité, l’effet hypnotique est créé par une race extra-terrestre qui envisage de détruire l’humanité par ce biais.
Lieberman confirme son goût pour la comédie bis
Au passage, cette histoire ressemble très fortement à celle exploitée dans Halloween III, précédemment cité, et s’inscrit donc pleinement dans une époque où les réalisateurs évoquent le danger représenté par la télévision. On retrouve également ces thèmes dans Poltergeist (Hooper, 1982). Pourtant, l’apport de Lieberman vient de son goût évident pour la comédie. Il est effectivement assez difficile de prendre cette histoire absurde pleinement au sérieux. En réalité, Lieberman parvient à peu près à maintenir un équilibre fragile entre sérieux apparent du propos et second degré.
Parmi les éléments clairement comiques, on note bien entendu le fameux film en noir et blanc, volontairement raté, ou encore les apparitions toujours très drôles de Jennifer Tilly. On apprécie également les nombreux clins d’œil cinéphiles qui sont adressés au spectateur, comme cette insistance sur le romantisme des films de François Truffaut, ainsi que l’intégralité des affiches de films qui s’étalent dans le vidéo-club qui sert de cadre principal à l’intrigue. Le cinéaste s’amuse aussi à rendre hommage aux films nippons des années 50 par l’intermédiaire de nombreux acteurs asiatiques dans des rôles d’extra-terrestres.
Malgré cette légèreté de ton, le cinéaste parvient tout de même à rendre sa contamination de l’espèce humaine par une cassette vidéo crédible, et ceci bien avant Ring (Nakata, 1998). Bien entendu, il dispose d’un budget très limité, mais cela ne l’empêche pas de livrer quelques bonnes scènes de cascades et de fusillades. Le tout est porté par une réalisation plutôt efficace – on ne s’ennuie jamais durant la projection – et une bonne musique typique des années 80 signée Peter Bernstein. Le cinéaste s’appuie sur des acteurs corrects dont un juvénile Kevin Dillon, mais surtout une charismatique Deborah Goodrich, déjà appréciée dans Week-end de terreur (Walton, 1986).
Un excès de kitsch nuit à l’ensemble
Toutefois, on peut regretter l’emploi d’une esthétique outrageusement kitsch, que ce soit dans les éclairages ou les costumes, qui ont tendance à dater le film et à le rabaisser à un simple produit vidéo. D’ailleurs, Meurtres en VHS ne serait sorti, selon le site Encyclociné, que dans quelques salles de province en France, avant de connaître une véritable exploitation en VHS en 1989 grâce à Warner Home Vidéo. Le long-métrage a ensuite disparu de la circulation jusqu’en 2021 où l’éditeur Le Chat qui Fume le propose en blu-ray dans une copie très correcte. Si Meurtres en VHS manque clairement de mordant et surtout de scènes de meurtre marquantes – le film est chiche en hémoglobine – il n’en demeure pas moins un spectacle éminemment sympathique pour peu que l’on apprécie la SF kitsch à laquelle il fait sans cesse référence.
Critique de Virgile Dumez
Acheter le film en blu-ray sur le site de l’éditeur
Les archives de Cinédweller © 1987 The Vista Organization Partnership LP. © 1988 Jeff Lieberman / © 1989 Warner Home Vidéo. Tous droits réservés.
