Mensonges d’état : la critique du film (2008)

Thriller géopolitique | 2h08min
Note de la rédaction :
5/10
5
Affiche de Mensonges d'état de Ridley Scott

  • Réalisateur : Ridley Scott
  • Acteurs : Leonardo DiCaprio, Russell Crowe, Oscar Isaac, Simon McBurney, Golshifteh Farahani, Lubna Azabal, Michael Stuhlbarg, Mark Strong
  • Date de sortie: 05 Nov 2008
  • Année de production : 2007
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Body of Lies
  • Titres alternatifs : Nessuna Verità (Italie),Red de mentiras (Espagne), Der Mann, der niemals lebte (Allemagne), O Corpo da Mentira (Portugal),
  • Autres acteurs : Alon Aboutboul, Vince Colosimo, Mehdi Nebbou, Michael Gaston, Kais Nashif, Jameel Khoury, Ghali Benlafkih, Youssef Srondy, Ali El Khalil, Giannina Facio, Chase Edmunds
  • Scénariste : William Monahan
  • D'après une oeuvre de : David Ignatius
  • Monteur : Pietro Scalia
  • Directeur de la photographie : Alexander Witt
  • Compositeur : Marc Streitenfeld
  • Cheffe décoratrice : Sonja Klaus
  • Directeurs artistiques : Robert Cowper, Alex Santucci
  • Producteurs : Donald De Line, Ridley Scott
  • Producteurs exécutifs : Michael Costigan, Charles J.D. Schlissel
  • Sociétés de production : Warner Bros.
  • Distributeur : Warner Bros
  • Editeur vidéo : Warner Bros
  • Date de sortie vidéo : 20 mai 2009 (DVD, Blu-ray)
  • Budget : 70 000 000$
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 883 942 entrées / 320 158 entrées
  • Box-office nord-américain / monde : 39 394 666$ / 115 900 897 $
  • Classification : Tous publics avec avertissement : En raison de la violence de certaines scènes, notamment deux scènes de torture (bien que les images ne soient pas très appuyées), la Commission recommande une autorisation tous publics avec l'avertissement suivant: "Ce film présente certaines images qui sont susceptibles de heurter un public sensible." (CNC)
  • Formats : 2.39 : 1 / Couleur (35 mm, D-Cinema) / DTS, Dolby Digital
  • Illustrateur/Création graphique : © Crew Creative Advertising. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Warner Bros. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Attachés de presse : Sabri Ammar, Caroline Chomand
  • Tagline : Ne croire personne, mentir à tous
Note des spectateurs :

Mensonges d’état est le 9e film de Ridley Scott dans les années 2000 et sa première rencontre avec la star Leonardo DiCaprio. Le thriller géopolitique post-11 Septembre laissera une impression mitigée aux critiques et sera un bide impitoyable aux USA et en France où, en 6 semaines d’exploitation, sera abandonné exsangue.

Synopsis : Ancien journaliste blessé pendant la guerre en Irak, Roger Ferris est recruté par la CIA pour traquer un terroriste basé en Jordanie. Afin d’infiltrer son réseau, Ferris devra s’assurer le soutien du très roué vétéran de la CIA Ed Hoffman et du chef des renseignements jordaniens, peut-être trop serviable pour être honnête. Bien que ces deux là soient censés être ses alliés, Ferris s’interroge : jusqu’où peut-il leur faire confiance sans mettre toute son opération – et sa vie – en danger ?

Les polars géopolitiques des années 2000

Critique : Après Syriana (2006), Dans la vallée d’Elah (2007), Raisons d’état (2007), mais avant Démineurs (2009) ou Fair game (2010), le très hollywoodien Mensonges d’état verse de nouveau dans le thriller d’espionnage fébrile, rongé par la paranoïa post 9/11, sans pour autant trouver le ton. Néanmoins, on note quelques avancées.

Les Arabes, présentés parfois comme des vicelards, sont ainsi à sauver grâce à l’intervention obstinée de téméraires qui osent dire non au vent de terrorisme qui souffle sur le Moyen-Orient. Bien sûr, les Américains, la « SI AIE EI » & co, n’agissent pas toujours de manière très pertinente et se révèlent, pour certains, détestables dans leur manipulation utilitaire de pions humains, prêts à sacrifier leurs existences pour mieux atteindre l’ennemi et faire profiter à la foultitude d’une sécurité douteusement achetée. C’est qu’en 2008 Hollywood refuse de donner dans le manichéisme primaire et souhaite offrir une vision grise de l’humanité selon laquelle personne n’est vraiment innocent.

Mensonges d'état de Ridley Scott, affiche américain

© 2008. Warner Bros. All Rights Reserved.

Au cœur de la guerre contre le terrorisme qui nous fait voyager en Irak, en Jordanie, en Arabie Saoudite et en Syrie, des associations hors normes, des mensonges, des trahisons, des coups de fil énervés, des scènes de bidouillage informatique et de surveillance satellite et beaucoup de poussière orientale. C’est en gros ce qu’offre le politologue Ridley Scott qui revient à un cinéma dit d’ambition après la bévue d’Une grande année (2007), chronique viticole légère qui compte parmi ses échecs les plus cinglants. Avec, pour ceux qui aiment le spectacle costaud et qui se décident à acheter leur ticket de cinéma seulement après avoir vu une bande annonce, quelques explosions et deux trois scènes de tortures salasses.

Un Ridley Scott pour rien

Sur deux heures dix, la formule est un peu maigre pour maintenir la curiosité somnolente des spectateurs. Ce n’est pas que la réalisation de Scott déçoive, il nous ressert plus ou moins le style musclé de La chute du faucon noir et d’American Gangster. L’expérience lui permet même d’étoffer la tension d’un script pâtissant de faiblesses d’écriture, alors que le scénario est signé par William Monahan, l’auteur des Infiltrés. Ainsi l’intrusion d’une romance, absolument aberrante et quelque peu bécasse quand elle concerne un espion (Di Carpaccio) investi d’une mission aussi suicidaire, mine beaucoup les talents et les efforts de chacun.

Au final, Mensonges d’état s’appréhende passablement, sans passion et sans curiosité, faute d’une réflexion politique vraiment poussée ou d’une tension palpable pour nous scotcher à notre fauteuil. Vu le casting quatre étoiles et la réputation du cinéaste, l’impression prégnante d’avoir vu un film pour rien est quand même bien décevante.

Avec une exploitation express en France, on peut s’étonner de voir le pensum désabusé encore en prime time sur Arte un dimanche soir quinze ans plus tard…

Mensonge d'état de Ridley Scott (DVD, Blu-ray et VOD), avec Leonardo DiCapri

© 2008. Warner Bros. All Rights Reserved.

Box-office de Mensonges d’état

Mensonges d’état appartient aux échecs de Ridley Scott, en particulier lors d’une décennie 2000 riche où il mit en scène 9 longs métrages.

Après le triomphe de Gladiator (451M$ dans le monde) et d’Hannibal (350M$), le cinéaste britannique a poursuivi une carrière belliqueuse avec La chute du faucon noir (160M$), Kingdom of Heaven (218M$) ou American Gangster (267M$) qui n’ont pas su réitérer l’exploit de son péplum au plus haut du box-office. Inutile de s’appesantir sur le bide des Associés ou d’Une grande année qui se sont arrêté sous les 60M$ dans le monde !

Avec un budget de 70M$, les retrouvailles de Ridley Scott avec Russell Crowe et sa première rencontre avec Leonardo DiCaprio est un nouveau faux pas. La critique trouve le thriller géopolitique mou et le public boude cette énième proposition cinématographique post 11-septembre. Les Français lui accordent tout de même 883 000 tickets, soit 7M$ de recettes, mais plus de la moitié sont amassés lors de sa première semaine. La chute lui sera fatale dès la seconde semaine.

Seuls les Japonais (9.6M$) et les Espagnols (7.6M$) feront mieux dans le monde. Le Royaume-Uni s’en désintéresse totalement (4.4M$), tout comme l’Allemagne (5.5M$).

Aux USA, la production Warner démarre à 12M$ dans 2 710 cinémas et ouvre en 3e position, derrière Le chihuahua de Beverly Hills, toujours en tête, et Quarantine, remake américain paresseux de Rec, qui entre en 2e place avec 14.2M$ dans 2 461 salles. C’est une vraie déculottée pour DiCaprio.

En France, la star de Titanic ratait le million d’entrées pour la première fois depuis Simples secrets en 1998. Entre 1998 et 2023, année de sortie de Killers of the Flower Moon, il ne ratera plus jamais cette étape symbolique, démontrant que Mensonges d’état est décidément un accident douloureux dans une carrière irrégulière aux USA qui avait déjà dérapé dans son pays d’origine, avec l’échec très local de Blood Diamond (55M$ en 2006) et La plage (39M$, 2000).

Deux mois après Mensonges d’état, DiCaprio connaîtra de nouveau l’échec avec Les noces rebelles (Revolutionary Road) de Sam Mendes. Les retrouvailles avec Kate Winslet, 10 ans après Titanic, se solderont par 23M$ aux USA et à peine 79M$.

Frédéric Mignard

Les sorties de la semaine du 5 novembre 2008

Affiche de Mensonges d'état de Ridley Scott

© 2008. Warner Bros. All Rights Reserved.

Biographies +

Ridley Scott, Leonardo DiCaprio, Russell Crowe, Oscar Isaac, Simon McBurney, Golshifteh Farahani, Lubna Azabal, Michael Stuhlbarg, Mark Strong

x