L’inconnu dans la maison : la critique du film (1992)

Policier, Drame | 1h44min
Note de la rédaction :
4/10
4
L'inconnu dans la maison, l'affiche

Note des spectateurs :

Film démodé dès sa sortie, L’inconnu dans la maison a tout du téléfilm par son esthétique et son rythme anémique. Seuls les acteurs sont à sauver, ainsi qu’une intrigue policière correctement charpentée.

Synopsis : Un avocat devenu alcoolique après le suicide de sa femme, reprend du service pour défendre Manu, le petit ami de sa fille – qui par ailleurs ne respecte plus son père – soupçonné d’être l’assassin d’un dealer.

Le grand retour de Belmondo après 4 ans d’absence sur les écrans

Critique : Au début des années 90, le cinéma français est touché de plein fouet par une crise de la fréquentation qui a rebattu les cartes d’une industrie mise à mal. Même les anciennes valeurs sûres du marché vacillent et tombent de leur piédestal. L’inconnu dans la maison (1992) est assurément l’un des symboles de cette fin d’une époque, de par son concept, son esthétique et son résultat au box-office. Le film est une nouvelle adaptation d’un roman de Georges Simenon qui a déjà été transposé au cinéma en 1942 par Henri Decoin sous le titre Les inconnus dans la maison, avec Raimu.

Il s’agissait tout d’abord du grand retour de Jean-Paul Belmondo au cinéma après quatre ans d’absence passés sur les planches avec Kean, puis Cyrano de Bergerac, mis en scène par Robert Hossein. La star avait certes connu un cuisant échec avec Le solitaire (Deray, 1986), mais avait ensuite trouvé la rédemption avec Itinéraire d’un enfant gâté (Lelouch, 1988) qui a réuni plus de 3 millions de spectateurs autour d’un projet atypique et ambitieux. Mais durant les quatre années passées loin du grand écran, Belmondo s’est marqué physiquement et son aspect vieillissant ne correspond plus à son image dynamique. De plus, l’acteur revient dans le rôle d’un alcoolique qui passe le plus clair du film affalé sur des canapés.

Lautner en bout de course

Pour diriger ce retour à l’écran, Belmondo retrouve pour la cinquième et dernière fois Georges Lautner. Ce dernier est d’ailleurs en bien mauvaise passe puisqu’il n’a pas tourné un succès depuis La maison assassinée en 1987. Il vient surtout d’enchaîner des navets indéfendables comme L’invité surprise (1989), Présumé dangereux (1990), Triplex (1991) et Room service (1992). Tous furent de sanglants échecs au box-office.

L’inconnu dans la maison apparaît donc comme une tentative de renouer avec le public, tout en servant au mieux l’œuvre de Simenon. Pour Belmondo, il s’agit également de se glisser dans les pas de Raimu, acteur qu’il admire plus que tout autre. Malheureusement, le long-métrage, sans être un navet intégral, ne se hisse jamais au niveau d’un film de cinéma et, par son esthétique même paraît démodé dès sa sortie.

Une esthétique de téléfilm pour troisième âge

Sans vouloir être désobligeant, force est d’admettre que le film sent la naphtaline à tous les niveaux. Tout d’abord, la réalisation de Georges Lautner ressemble à s’y méprendre à celle d’un vague téléfilm, sans aucune inspiration. Dans ce contexte, les quelques mouvements de caméra qui interviennent durant les scènes finales du procès semblent incongrus, tant l’ensemble du long-métrage paraît désespérément statique. Les décors sont pauvres – et ceci malgré un budget assez cossu – et les éclairages ne présentent que peu d’intérêt.

A l’écran, si l’on excepte quelques jeunes gens, L’inconnu dans la maison ressemble parfois à une amicale des vieux de la vieille. Les fidèles de Lautner et autres comédiens reviennent faire un petit tour, mais tous ont vieilli : Hubert Deschamps, Mario David, Georges Géret, Odette Laure, Geneviève Page, Renée Faure… Ils semblent tous issus d’un cinéma d’autrefois et même si leurs prestations sont correctes, ils ne peuvent animer une intrigue déjà passablement ennuyeuse. En témoigne la scène de boîte de nuit qui symbolise à elle seule le décalage entre la réalité vécue par la jeunesse du début des années 90 et la vision d’un Lautner vieillissant.

Belmondo parvient à s’imposer, malgré l’anémie générale

Au milieu de ce petit naufrage esthétique, l’histoire de Simenon parvient tout de même à surnager, avec sa condamnation implicite d’une certaine jeunesse notariale. On apprécie également le portrait de cet homme au bout du rouleau, incarné avec justesse par Belmondo. Le fameux inconnu du titre, c’est bien sûr lui-même, cet ancien avocat qui a oublié de vivre après le décès tragique de sa femme. Ce personnage porte finalement le film à bout de bras et permet au spectateur de suivre le spectacle jusqu’au bout. Durant les séquences de procès, Belmondo retrouve de sa superbe et se livre à une belle prestation qui sauve tant bien que mal les meubles.

Pas suffisamment toutefois pour faire de L’inconnu dans la maison une œuvre vaillante et marquante. Les critiques de l’époque se sont donc acharnés sur le métrage et, honnêtement, on peut comprendre pourquoi. Quand on pense que la même année, les Américains nous proposaient des thrillers aussi brillants que Basic Instinct (Verhoeven), on ne peut que saisir l’ampleur du décalage.

Des résultats au box-office très décevants

Le résultat au box-office fut bien évidemment à la hauteur de la déception. Avec 413 794 entrées sur tout le territoire français, L’inconnu dans la maison a été une cruelle déception pour l’époque – même si Belmondo allait connaître des déboires plus sévères encore par la suite. Le long-métrage acte donc la mort d’un certain cinéma français qui triomphait dans les années 70 et jusque vers 1987. Alain Delon allait d’ailleurs subir le même déboire sur plusieurs de ses films.

Pour Georges Lautner, cette adaptation assez faible de Simenon allait être son dernier film de cinéma. Il allait tourner ensuite des téléfilms et quelques épisodes de séries télévisées, avant de prendre une retraite bien méritée en 2000.

Critique du film : Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 28 octobre 1992

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L'inconnu dans la maison, l'affiche

© 1992 StudioCanal – Annabel Productions / Affiche : Michel Landi © ADAGP Paris, 2020. Tous droits réservés.

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