Remake de L’homme qui aimait les femmes de François Truffaut, L’homme à femmes est une comédie estivale de Blake Edwards, avec Burt Reynolds dans le rôle jadis tenu par Charles Denner, et les comédiennes culte Kim Basinger et Julie Andrews.
Synopsis : Plusieurs dizaines de femmes se retrouvent autour de la tombe de David Fowler, un infidèle qui les aima tant. Car David aimait les femmes, toutes les femmes, dans leur inépuisable diversité. Et c’est pour s’être lancé à la poursuite de jambes sublimes que David rencontra la mort.
Les films de Blake Edwards
Le film : Imperturbable, le vétéran Blake Edwards, dont la carrière commença comme acteur dans les années 40, n’a eu de cesse de tourner dans les années 80, alternant succès et bides caractérisés. Ainsi, après le hit de Elle avec Dudley Moore, le cinéaste enchaîne avec un bide ( S.O.B.), puis avec le triomphe de Victor Victoria (du moins en France). Ce dernier sera suivi par deux épisodes mineurs de la Panthère Rose.
En 1983, pour la saison des Oscars, Blake Edwards propose le remake du classique de François Truffaut, L’homme qui aimait les femmes (1976). Sa comédie de mœurs est ambitieuse, avec un casting féminin impressionnant, et surtout assez personnel pour un cinéaste lui-même amoureux de la gente féminine dans toute sa diversité, tant elle ne cessera de lui inspirer la plupart de ses longs.
Malheureusement, malgré la présence de sa muse et épouse Julie Andrews, de la toute fraiche James Bond girl Kim Basinger (elle était à l’affiche de Jamais plus jamais) et du playboy Burt Reynolds qui remplace Warren Beatty un temps envisagé, la sauce ne prend pas et l’échec est réel (seulement 11M$ aux USA).
L’homme à femmes était-il misogyne ?
Les critiques américaines reprochent à son personnage son égocentrisme et misogynie, ce qu’il est, évidemment. L’acteur de film d’action, méga star aux USA avec les succès de Cours après moi shérif, La fureur du danger, Tu fais pas le poids, Shérif, L’équipée du Cannonball ou encore La cage aux poules, subit son troisième échec consécutif aux USA, puisqu’en 1983, Smokey and the Bandit part 3 (nouvel épisode du Shérif) et Stroker Ace sont des bides totaux. Il vit mal cet échec dans un genre a priori plus mature, plus urbain, qui lui sied d’ailleurs plutôt bien, malgré les limites réelles de la comédie nombriliste qui peine à s’intéresser aux personnages féminins qui n’ont aucun intérêt. Cette faiblesse de point de vue se retrouve y compris dans le personnage de la thérapiste, jouée par Julie Andrews. Plus mature que le reste des actrices, elle n’est clairement pas à sa place face à Burt Reynolds qui a surtout besoin de faire-valoir féminins. Julie Andrews aurait été plus à sa place dans le même film traité par Woody Allen, seul cinéaste américain vraiment capable de s’approprier le Truffaut.
Burt Reynolds a les balls
En France, L’homme à femmes, comme tout bon remake d’un classique français, attire l’attention médiatique, mais ne trouve pas les faveurs du public qui n’a jamais accroché aux pitreries bouseuses de Burt Reynolds. Avec 71 975 spectateurs, c’est clairement un four pour un cinéaste double millionnaire avec Victor Victoria, sorti un an plus tôt.
Malgré une sortie estivale favorable aux marivaudages, L’homme à femmes pâtit de la comparaison avec son illustre inspirateur qui, en 1977, s’était déjà arrêté à la porte du million. Par ailleurs, hasard des calendriers, une semaine plus tôt, le 4 juillet, Burt Reynolds était déjà au sommet de l’affiche avec Cannon Ball 2 qui, lui, allait torpiller le box-office dans un genre de saison. Mais les 826 272 spectateurs qui l’ont acclamé était davantage venu voir un film d’action collectif que Burt Reynolds qui dispose d’un encart réduit sur le visuel promotionnel.
A Paris, la comédie de Blake Edwards tiendra 8 semaines à l’affiche, avec un total de 42 020 spectateurs, doublant plus ou moins la mise de départ (23 863 spectateurs dans 16 cinémas, essentiellement des écrans Paramount). Le film entre alors en 8e place quand Cannon Ball 2 était encore en 2e place. Burt Reynolds, en tant que tête d’affiche, ne retrouvera plus le succès par la suite, considéré comme ringard par un public francophone qui boudera son duo avec Clint Eastwood (le vintage Hauts les flingues) et ses productions de justicier (Stick le justicier de Miami, Banco, Malone)… L’acteur était désormais, aux yeux des Français, mort comme sa carrière, même si Burt Reynolds ne nous quittera vraiment qu’en 2018, à l’âge de 82 ans.
Les sorties de la semaine du 11 juillet 1984
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