Les lumières du faubourg : la critique du film (2006)

Drame, Film noir | 1h18min
Note de la rédaction :
7/10
7
Les lumières du faubourg, l'affiche

  • Réalisateur : Aki Kaurismäki
  • Acteurs : Kati Outinen, Janne Hyytiäinen, Maria Järvenhelmi, Maria Heiskanen, Ilkka Koivula, Juhani Niemelä
  • Date de sortie: 25 Oct 2006
  • Nationalité : Finlandais, Allemand, Français, Italien, Suédois
  • Titre original : Laitakaupungin valot
  • Titres alternatifs : Lights in the Dusk (titre international) / Ljus i skymningen (Suède) / Luces al atardecer (Espagne) / Luzes no Crepúsculo (Portugal) / Światła o zmierzchu (Pologne) / Le luci della sera (Italie) / Külvárosi fénye (Hongrie) / Lichter der Vorstadt (Allemagne) / Luzes na Escuridão (Brésil)
  • Année de production : 2006
  • Scénariste(s) : Aki Kaurismäki
  • Directeur de la photographie : Timo Salminen
  • Compositeur : Melrose
  • Société(s) de production : Sputnik, ZDF/Arte, Arte France Cinéma
  • Distributeur : Pyramide Distribution
  • Éditeur(s) vidéo : Pyramide Vidéo (DVD)
  • Date de sortie vidéo : 5 octobre 2007 (DVD)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 63 789 entrées / 23 985 entrées
  • Box-office nord-américain : 14 056 $
  • Budget : 1 380 000 €
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.85: 1 / Couleurs / Son : Dolby Digital
  • Festivals et récompenses : Festival de Cannes 2006 : en compétition / Jussi Awards 2007 : 6 nominations et trois prix décernés dont Meilleur film, Meilleure photographie et Meilleurs décors
  • Illustrateur / Création graphique : Création de Pyramide Distribution
  • Crédits : Sputnik - ZDF/Arte - Arte France Cinéma
  • Franchise : 3ème volet de la trilogie Finlande comprenant Au loin s'en vont les nuages et L'homme sans passé.
Note des spectateurs :

Bel hommage au film noir, Les lumières du faubourg s’appuie sur une superbe photographie pour faire ressentir les émotions de personnages taiseux dans une suite de plans fixes inspirés. Un bon Kaurismäki qui fut pourtant un gros échec en salles.

Synopsis : Koistinen est veilleur de nuit à Helsinki. Avec l’aide d’une femme aussi séduisante que calculatrice, un groupe de bandits exploite sa soif d’amour et sa naïveté en organisant un cambriolage dont il est rendu seul responsable.

Aki Kaurismäki au top de sa créativité

Critique : Grâce à L’homme sans passé (2002), le réalisateur finlandais Aki Kaurismäki a pu élargir considérablement son audience. Après vingt ans d’activité et des dizaines de longs-métrages qui ont fait le bonheur des cinéphiles exigeants, le réalisateur entrait enfin dans la cour des cinéastes célébrés à la fois par les critiques et le public. Ainsi, le long-métrage a été nominé à l’Oscar du meilleur film étranger et a reçu quatre récompenses au Festival de Cannes avec entre autres le Grand Prix et le prix d’interprétation pour Kati Outinen. Dans les salles, L’homme sans passé s’impose comme le plus gros succès de la carrière de Kaurismäki avec 597 858 amnésiques dans les salles françaises.

Les lumières du Faubourg

© 2006 Sputnik – ZDF/Arte – Arte France Cinéma. Tous droits réservés.

L’iconoclaste finlandais a donc les coudées franches pour son projet suivant. S’il tourne quelques courts qui viennent s’insérer dans des films omnibus comme Ten Minutes Older ou encore Visions of Europe, il ne revient véritablement derrière la caméra qu’avec Les lumières du faubourg (2006) qui entend rendre hommage au film noir américain des années 40, tout en conservant un style très personnel. Ainsi, ce polar statique est une fois de plus l’occasion pour le réalisateur de s’attacher au destin d’un marginal interprété avec retenue par Janne Hyytiäinen, déjà vu dans un court emploi au sein du métrage précédent.

Kaurismäki livre un film noir volontairement statique

Vigile qui semble rejeté de ses collègues, Seppo (Hyytiäinen, donc) est un homme taiseux qui vit dans un petit appartement sombre et glauque. Il ne paraît attaché à personne et n’est guère doué pour les relations sociales. Un jour, il est abordé par une beauté blonde (jouée par Maria Järvenhelmi) et une idylle semble dès lors possible. En réalité, l’homme est manipulé par celle qui incarne bien l’archétype de la femme fatale, elle-même instrumentalisée par des truands dont le chef est interprété avec charisme par Ilkka Koivula.

Sur un script qui appelle le thriller et le suspense, Aki Kaurismäki préfère au contraire explorer les temps morts de l’intrigue et les moments en suspension. Il filme toujours ses personnages en longs plans fixes et fait régulièrement entrer dans le cadre des éléments singuliers, parfois à la lisière de l’absurde. Cela provoque l’amusement, parfois le rire et régulièrement l’étonnement. L’apparente monotonie du jeu des acteurs – dirigés comme autrefois les modèles de Robert Bresson – laisse pourtant toujours transparaître leurs émotions profondes ou leur désarroi. Ainsi, le personnage incarné par Maria Heiskanen a beau ne jamais déclarer sa flamme au héros, on la sent éprise de cet homme simple qui la regarde à peine.

Une œuvre sombre qui peut décontenancer par sa froideur apparente

Les lumières du faubourg, dernier volet de la trilogie Finlande initiée par Au loin s’en vont les nuages et poursuivie par L’homme sans passé, développe une philosophie de la vie assez sombre et désabusée, faisant des relations humaines une affaire de manipulation. Toutefois, l’ultime plan annonce une promesse d’amour qui termine le film sur une note enfin positive. Sans doute trop noir dans son propos et pas assez drolatique dans son style, Les lumières du faubourg n’a pas obtenu les faveurs du public et les critiques sont restées plus tièdes qu’à l’accoutumée.

En réalité, le film noir est surtout remarquable par son usage de la couleur et par la photographie très travaillée de Timo Salminen, sublimé par le travail sur les décors du vétéran Olavi Tuomi, célèbre directeur de la photo finlandais qui est décédé juste après le tournage du long-métrage.

Les lumières du faubourg fut un cuisant échec à sa sortie

D’une indéniable qualité thématique et esthétique, Les lumières du faubourg est donc une réussite supplémentaire à mettre au crédit d’un réalisateur inspiré et fidèle à son style inimitable. Pourtant, sa sortie française à la fin du mois d’octobre 2006 n’a pas recueilli les fruits de sa présentation au Festival de Cannes d’où il est reparti bredouille.

Après avoir tutoyé les 600 000 entrées avec son œuvre précédente, déjà distribuée par l’indépendant Pyramide, Les lumières du faubourg a été un échec aussi cinglant qu’injuste. La chute a été considérable avec seulement 63 789 spectateurs sur toute la France, dont 23 985 dans la capitale. Autant dire que les salles ont été pour la plupart vides, l’auteur retrouvant un score proche de ses premiers films des années 80. Par la suite, Aki Kaurismäki a retrouvé les faveurs du grand public en tournant en France des films comme Le Havre (2011).

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 25 octobre 2006

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Les lumières du faubourg, l'affiche

© 2006 Sputnik – ZDF/Arte – Arte France Cinéma / Affiche : Pyramide Distribution. Tous droits réservés.

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Aki Kaurismäki, Kati Outinen, Janne Hyytiäinen, Maria Järvenhelmi, Maria Heiskanen, Ilkka Koivula

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