Les Banshees d’Inisherin : la critique du film (2022)

Drame | 1h54min
Note de la rédaction :
7,5/10
7,5
Les Banshees d'Inisherin, affiche

  • Réalisateur : Martin McDonagh
  • Acteurs : Colin Farrell, Brendan Gleeson, Barry Keoghan, Kerry Condon
  • Date de sortie: 28 Déc 2022
  • Nationalité : Irlandais, Britannique, Américain
  • Titre original : The Banshees of Inisherin
  • Titres alternatifs : Almas en pena de Inisherin (Espagne) / Os Espíritos de Inisherin (Portugal) / Duchy Inisherin (Pologne) / Los espíritus de la isla (Mexique) / Gli spiriti dell'isola (Italie) / Os Banshees de Inisherin (Brésil)
  • Année de production : 2022
  • Scénariste : Martin McDonagh
  • Directeur de la photographie : Ben Davis
  • Compositeur : Carter Burwell
  • Société(s) de production : Searchlight Pictures, TSG Entertainment, Blueprint Pictures et Film4
  • Distributeur : Walt Disney Studios Motion Pictures
  • Éditeur(s) vidéo : -
  • Date de sortie vidéo : -
  • Box-office France / Paris-périphérie : -
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.39 : 1 / Couleurs / Son : Dolby Digital
  • Festivals et récompenses : Mostra de Venise 2022 : Prix du meilleur scénario ; Coupe Volpi de la meilleure interprétation masculine pour Colin Farrell / Nominations aux Golden Globes 2023 : Meilleur film musical ou de comédie, Meilleure réalisation, Meilleur scénario, Meilleur acteur dans un film musical ou une comédie pour Colin Farrell, Meilleur acteur dans un second rôle pour Brendan Gleeson, Meilleur acteur dans un second rôle pour Barry Keoghan, Meilleure actrice dans un second rôle pour Kerry Condon, Meilleure musique de film
  • Illustrateur / Création graphique :
  • Crédits : 20th Century Studios.
Note des spectateurs :

Film qui mélange habilement humour et drame intimiste, Les Banshees d’Inisherin confirme la place importante du cinéaste Martin McDonagh dans le cinéma mondial en imposant sa petite musique personnelle, cette fois très sombre et désespérée.

Synopsis : Sur Inisherin – une île isolée au large de la côte ouest de l’Irlande – deux compères de toujours, Padraic et Colm, se retrouvent dans une impasse lorsque Colm décide du jour au lendemain de mettre fin à leur amitié. Abasourdi, Padraic n’accepte pas la situation et tente par tous les moyens de recoller les morceaux, avec le soutien de sa sœur Siobhan et de Dominic, un jeune insulaire un peu dérangé. Mais les efforts répétés de Padraic ne font que renforcer la détermination de son ancien ami et lorsque Colm finit par poser un ultimatum désespéré, les événements s’enveniment et vont avoir de terribles conséquences…

Retour aux affaires du trio de Bons baisers de Bruges

Critique : Après l’énorme succès rencontré par 3 Billboards : les panneaux de la vengeance en 2017, le scénariste et réalisateur britannique Martin McDonagh avait les coudées franches pour développer le projet de son choix. Pourtant, au lieu de poursuivre dans la voie d’un succès facile à Hollywood, l’auteur a fait le choix de revenir sur ses terres ancestrales irlandaises pour signer un drame intimiste sur fond de guerre civile. Afin de s’assurer un minimum de crédibilité auprès des investisseurs, McDonagh a réuni à nouveau le duo Colin Farrell et Brendan Gleeson qui a fait le succès de son tout premier long-métrage, l’excellent Bons baisers de Bruges (2008).

Avec son titre impossible, notamment pour les francophones, Les Banshees d’Inisherin (2022) nous invite à suivre la brusque dégradation d’une relation amicale au cœur d’une île isolée d’Irlande, tandis que le pays est en proie à la guerre civile entre catholiques et protestants. Un calendrier nous indique ainsi la date de 1923 qui marque donc la troisième année d’un conflit très grave pour le pays. D’ailleurs, le spectateur féru d’Histoire peut être tenté de voir dans la situation évoquée ici une métaphore du conflit fratricide que se livrent alors les Irlandais.

Une œuvre où plane l’ombre de la mort

Martin McDonagh, comme à son habitude, essaie de limiter les indices qui conduiraient à interpréter de manière ciblée son œuvre. Il préfère laisser le spectateur libre de comprendre le film comme il l’entend. Il faut dire que son intrigue est pour le moins étonnante : du jour au lendemain, un homme refuse de parler à celui qui était jusque-là son meilleur ami. Sans aucune raison apparente, la relation va petit à petit se dégrader et prendre une tournure dramatique.

Comme le titre l’indique, la mort plane sans cesse sur le long-métrage, puisque les Banshees sont des figures fantomatiques féminines annonciatrices de funestes présages. Elle prend ici la forme d’une vieille femme qui ressemble fort aux sorcières vues dans Macbeth de Shakespeare, clin d’œil évident. Toutefois, l’autre référence, plus cinématographique cette fois, vient bien du genre du western. Effectivement, l’affrontement progressif entre les deux hommes est filmé comme le serait un western à la John Ford. On peut également songer à L’homme tranquille (Ford, 1952) dans la façon de décrire l’Irlande.

Les Banshees d’Inisherin, film du microcosme et de l’isolement

Mais ce qui marque le plus au visionnage des Banshees vient de l’infinie tristesse qui finit par se dégager d’une œuvre à mi-chemin entre humour décalé et drame intime. Les personnages semblent tous perdus et portés petit à petit vers la mort. L’île apparaît ainsi progressivement comme une prison dont on ne peut s’échapper que six pieds sous terre. Alors qu’il est un homme simple et gentil, le personnage interprété avec talent par Colin Farrell est confronté tout à coup à un bouleversement total de son monde, fait d’habitudes et de farniente. Quand son meilleur ami incarné avec sérieux par Brendan Gleeson refuse désormais de lui parler, tout son univers est remis en cause. Cela va même avoir un impact sur l’ensemble de la communauté, décrite comme un microcosme plein de vie, mais aussi de ressentiments et de haine.

Non seulement la description du milieu est cinglante, mais les différents personnages se révèlent d’une cruauté assez étonnante, jusque dans l’acceptation de choses scandaleuses (l’inceste dont est victime le simplet joué par Barry Keoghan, alors que tout le monde est au courant). La noirceur s’infiltre peu à peu au long d’une projection dont l’atmosphère s’alourdit au fur et à mesure. La vision de l’humanité qui en ressort est particulièrement sombre et laisse donc le spectateur avec un étrange goût dans la bouche.

Des prix mérités à la Mostra de Venise

Le tout est magnifiquement écrit – ce qui justifie le Prix du scénario décerné au film à la Mostra de Venise – réalisé avec beaucoup de sobriété jusque dans une bande-son très intimiste et excellemment interprété.

Pas de doute, avec Les Banshees d’Inisherin, Martin McDonagh confirme qu’il fait bien partie des grands auteurs du début du siècle, même lorsqu’il aborde des sujets apparemment moins vendeurs.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 28 décembre 2022

Les Banshees d'Inisherin, affiche

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Martin McDonagh, Colin Farrell, Brendan Gleeson, Barry Keoghan, Kerry Condon

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Les Banshees d'Inisherin, affiche

Bande-annonce de Les Banshees d'Inisherin (VOstf)

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