Petite série B sans prétention, L’emprise du démon nous plonge dans la communauté juive orthodoxe américaine pour une séance de frousse plutôt bien troussée. Agréable, à défaut d’être indispensable.  

Synopsis : Alors qu’ils attendent leur premier enfant, Claire et Arthur décident de renouer les liens familiaux. Le jeune couple s’installe dans la vétuste entreprise de pompes funèbres tenue par Saul, le père d’Arthur. Mais l’arrivée d’un mystérieux cadavre va les faire basculer dans l’horreur : la dépouille contient une entité surnaturelle, Abyzou, qui une fois libérée, veut posséder l’enfant à venir du couple. Face à ce démon, personne n’est à l’abri…

L’emprise du démon investit la communauté juive new-yorkaise

Critique : Alors que les films sur les démons pullulent sur nos écrans depuis le triomphe des productions de James Wan (Conjuring) ou encore de Jason Blum, les auteurs cherchent de plus en plus à diversifier leurs sources d’inspiration en évoquant d’autres cultures. Ainsi, on a vu fleurir des œuvres mettant en scène des entités démoniaques issues de la culture musulmane comme les djinns, et désormais, c’est la tradition juive qui semble en odeur de sainteté auprès des investisseurs.

© 2022 Metropolitan FilmExport. Tous droits réservés.

Assez récemment, la communauté juive américaine a été le théâtre de quelques films d’horreur dont le plus remarquable a été The Vigil (Thomas, 2019). Dans L’emprise du démon (2022), le jeune réalisateur Oliver Park s’intéresse à la figure d’Abyzou qui est un démon féminin issu de la culture religieuse juive. Cette entité cherche notamment à s’emparer des âmes des enfants innocents dont elle se nourrit. Ainsi, le long-métrage commence par une petite scène introductive qui pose les bases de l’intrigue horrifique, avec la préfiguration de ce qui attend les protagonistes principaux.

Acide hassidique!

Aussitôt après le générique, le spectateur est plongé à la suite du couple formé par Nick Blood et Emily Wiseman, au cœur de la communauté juive orthodoxe de New York. Le fils cherche notamment à se réconcilier avec son père, très bon Allan Corduner, qui tient la morgue juive locale. Outre la description d’un milieu relativement peu connu, L’emprise du démon fait également songer à l’effrayant The Jane Doe Identity (Øvredal, 2017) par son décor angoissant et son macchabée porteur d’une terrible malédiction.

Auréolé de plusieurs prix pour son court-métrage Vicious (2015), le cinéaste Oliver Park prouve en passant au long-métrage qu’il est capable de trousser une très bonne ambiance, à la fois glauque et sérieuse. On peut sans doute lui reprocher un usage un peu trop intensif de jump scares, mais il signe tout de même plusieurs scènes vraiment effrayantes, tout en nous réservant une belle surprise par l’esthétique réussie du démon Abyzou qui ressemble beaucoup à certaines créations de Guillermo Del Toro.

L’emprise du démon en blu-ray en mai 2023 chez Metropolitan FilmExport. Tous droits réservés.

Même si le réalisateur succombe de temps à autre à des facilités narratives, on peut également saluer sa volonté de raconter une histoire d’adultes où tout trait humoristique a été banni. Mieux, le final s’avère absolument implacable de noirceur, ce qui contredit les règles actuelles des films hollywoodiens. Certes produit par la boite américaine Millenium spécialisée dans la grosse série B décérébrée et tourné en Bulgarie comme l’ensemble des produits maison, L’emprise du démon n’en conserve pas moins une forte identité britannique. Avec un cinéaste et des acteurs d’origine anglaise, le long-métrage est ainsi doté d’un ADN plus européen qu’américain, ce qui n’est pas pour nous déplaire.

Peu de sang, mais une bonne ambiance mortifère

Pourtant, L’emprise du démon n’est pas un film exempt de défauts. Tout d’abord, on signalera que la plupart des meurtres se déroulent hors champ et que le sang se fait rare dans cette production qui privilégie l’atmosphère aux effusions graphiques. Ensuite, on peut regretter l’absence de charisme du couple de futurs parents. Visiblement trop habitué à la télévision, Nick Blood semble désespérément en recherche de légitimité sur grand écran. Face à lui, la débutante Emily Wiseman ne fait guère mieux. Heureusement, la plupart des rôles secondaires sont tenus par des acteurs chevronnés. On apprécie notamment les prestations d’Allan Corduner et surtout de Paul Kaye, tous deux en juifs orthodoxes aux dogmes chevillés au corps.

Manquant certainement d’originalité dans son développement scénaristique, L’emprise du démon constitue toutefois un divertissement recommandable et qui propose de plonger le spectateur dans un univers plutôt méconnu du plus grand nombre. Dotée d’une bande son efficace écrite par le grand Christopher Young (Hellraiser, le pacte), cette plongée dans l’univers démoniaque de l’Ancien Testament se laisse regarder avec plaisir sans jamais ennuyer.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 11 janvier 2023

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Oliver Park, Nick Blood, Paul Kaye, Allan Corduner, Emily Wiseman